Plusieurs faits particulièrement graves témoignent du malaise qui a régné dans certains établissements de Nice lundi, pendant ou autour de l'hommage rendu au professeur assassiné Samuel Paty. On fait le point sur ce que l'on sait, et sur ce qui reste à éclaircir.
Des égorgements mimés
D'après nos informations, confirmées par le rectorat, un élève de 5ème, 13 ans, dans un collège de Nice Nord a été sanctionné pour avoir mimé l'égorgement de son enseignant devant ses camarades de classe lundi 2 novembre, juste avant la minute de silence observée en hommage au professeur décapité à Conflans le 16 octobre dernier.
Le rectorat affirme avoir pris des mesures et nuance le témoignage d'une maman. Des parents se disent inquiets, certains camarades sont sous le choc.
EN DÉTAILS > EXCLUSIF. Nice : à 13 ans, il mime un égorgement dans sa classe juste avant l'hommage à Samuel Paty
Mystère autour des signalements pour "comportements suspects"
Hier soir, sur l'antenne de notre partenaire Azur TV, un professeur de ce même établissement niçois rapportait qu'"entre une quinzaine et une vingtaine" d'élèves ont été signalés à l'Éducation nationale pour des propos suspects tenus pendant l'hommage.
Certains "ont eu des propos (problématiques). Mais pas un ou deux : une quinzaine, une vingtaine" a-t-il rapporté. Fait très inquiétant, certains auraient clairement revendiqué "être d'accord avec l'assassinat de monsieur Paty." "D'autres sont moins violents, mais estiment que (l'attentat) n'a pas d'intérêt, qui disent 'je m'en fous'."
EN DÉTAILS > Attentat : à Nice, des collégiens "d'accord avec l'assassinat de Samuel Paty"
Le rectorat a démenti le professeur, qui se serait "mal exprimé" pour désigner "une généralité". Le flou persiste, ont notamment souligné nos confrères d'Azur TV ce soir.
L'hommage national moqué, des minutes de silence empêchées
Toujours d'après nos informations, au moins deux lycées ont vu leur temps d'hommage perturbé par des élèves qui ont fait notamment "des cris d'animaux" pour empêcher la minute de silence.
"On était à deux doigts de se pisser dessus de rire" pendant ce moment silencieux, se vante une élève sur les réseaux sociaux. "Ça faisait des bruits d'animaux dans la classe ; l'hommage a duré trente secondes".
L'Académie affirme "ne pas avoir connaissance de cela". Le représentant des parents d'élèves du lycée du Parc Impérial Éric Fouzari a eu vent "d'un incident" et reste "très vigilant" pour savoir s'il y en a eu d'autres.
EN DÉTAILS > "Cris d'animaux, rires": À Nice, l'hommage à Samuel Paty piétiné dans au moins deux lycées, d'après des élèves
Les réactions politiques
Reçu ce soir sur le plateau du Grand direct d'Azur TV, le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti a demandé à ce que "toute la lumière soit faite sur ces évènements", tout en regrettant "la faiblesse de certaines sanctions prises", lui qui préconise "la suspension des allocations familiales pour les parents des élèves concernés".
"Derrière ces comportements, il y a, très vraisemblablement (…) un environnement familial qui a permis ou suscité ces comportements. Il faut qu'il y ait des enquêtes judiciaires."
"Cette minute de silence se tenait à peine 4 jours après la terrible attaque dans la basilique Notre-Dame de Nice. Une attaque qui n'a manifestement pas réveillé la compassion de ces élèves pour les victimes du terrorisme islamiste !" regrette de son côté ce soir Philippe Vardon, conseiller régional et municipal RN, regrettant "que le rectorat tente de minimiser les choses".
"Souvenons-nous de tout ce qui a conduit au meurtre de Samuel Paty"
"Qu'il s'agisse d'un manque de respect ou d'une réelle radicalisation, tous ces comportements doivent être durement sanctionnés ! L'action doit se situer au niveau de l'Education nationale mais aussi de la justice (…) Nous ne pouvons plus nous permettre des demi-mesures et des atermoiements (…) Souvenons-nous de tout ce qui a conduit au meurtre de Samuel Paty."
"J'attends une réaction ferme du Recteur et du Procureur. Nous sommes nombreux à attendre de ce dernier qu'il s'intéresse davantage à ce genre d'attitudes inquiétantes qu'aux Niçois en colère"