Nice déploie depuis des années une kyrielle d'outils contre la délinquance et les risques majeurs. Caméras, capteurs, drones… Ce qui fonctionne, ce qui coince encore : on fait le point en ce début d'année 2025.
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Saviez-vous qu'un petit capteur de franchissement serait en capacité d'immédiatement prévenir la police municipale si un individu s'approchait trop près du monument aux morts de Rauba Capeù ? Depuis une quinzaine d'années, Nice se mue en "Smart city" où des outils numériques de pointe sont désormais installés à peu près partout.
4000 m² de high tech au service de la sécurité
On parle souvent des caméras, dont le déploiement fut exponentiel depuis l'élection de Christian Estrosi à la mairie en 2008. On en compte 5000 à tous les coins de rues, et même dans les bus et tramways, où les objectifs sont gérés par les équipes du réseau Lignes d'Azur.
En décembre prochain, tous seront reliés à un "centre d'hypervision" logé dans le futur super commissariat aménagé au coeur de l'ancien hôpital Saint-Roch, regroupant par là même l'ensemble des forces de l'ordre. L'actuel CSU, le centre de supervision urbain, s'étend sur 600 mètres carrés. Le prochain, aux capacités augmentées, atteindra les 4000 m². Madrid, qui fait figure de modèle en la matière, s'est équipée depuis 2005.
Des outils high tech qui permettent notamment de lutter contre la délinquance, donc. "Nous avons plusieurs types de caméras. À dômes, pour des patrouilles virtuelles, et fixes, pour protéger des points définis, comme tel ou tel bâtiment sensible" décrypte auprès de Nice-Presse Véronique Borré, directrice générale adjointe chargée de la sécurité à la mairie.
Anticiper les ravages éventuels des intempéries
Face à bien d'autres aléas, ces équipements font déjà leurs preuves. "Nous avons équipés les ponts, pour prévenir des risques de suicides, ou pour évacuer des populations errantes pendant les intempéries. Notre organisation permet aujourd'hui de nous organiser bien en amont des situations de crise". Le niveau des fleuves est scruté, les routes à couper et les véhicules à faire déplacer sont identifiés avant même la survenance d'une catastrophe.
"En lien avec les autorités, si le Magnan s'était rendu réellement dangereux cet automne, nous aurions pu avertir par leurs smartphones les seuls résidents concernés, pour qu'ils se déplacent sans courir de risque".
Les capteurs suivent de près la qualité de l'air, les nuisances sonores - même si la verbalisation n'est pas encore possible… - ou encore les thromboses dans la circulation automobile.
"Wall-e", le surnom affectueux donné à une grosse caméra de détection des incendies, a permis de mobiliser 16 fois la police municipale, primo-intervenante, pour circonscrire des départs de feux. D'une portée de dix kilomètres, elle détecte une chaleur suspecte et/ou de la fumée dans plusieurs communes de la métropole.
La portée de ces innovations est régulièrement freinée par certaines lois archaïques. L'an passé, la CNIL, la commission de régulation, a interdit à la commune de poursuivre la verbalisation des scooters et des motos qui empruntent dangereusement les voies cyclables, tel que vous le révélait Nice-Presse.
"Nos caméras pourraient aussi trouver automatiquement en quelques instants sur la voie publique un individu recherché par la police, ou même un enfant perdu. Cela ferait aussi gagner du temps à la police pour éconduire les bannis de stade les soirs de matchs ! Mais ce n'est pas autorisé" regrette Véronique Borré.
Un nouvel outil pour protéger les enfants
La commune avance sur une autre étape. Voici dix ans que les écoles sont équipées de boutons d'alerte (tout comme les salles de spectacle, les centres commerciaux…). Durant plusieurs mois, un nouveau système basé sur les smartphones a été expérimenté. Il s'agissait là de pouvoir interagir avec les équipes pédagogiques en cas d'incident : donner des consignes de confinement lors d'une intrusion, prévenir les classes de ne pas revenir tout de suite dans l'établissement…
Pour une fois, la CNIL a consenti à ouvrir un dialogue avec la collectivité à ce sujet, sur la base d'une première étude d'impact.
Cette application était utilisée dans les 200 bureaux de vote lors des élections législatives de juin 2024. Ce qui fut bien utile alors qu'une personne y a fait un malaise cardiaque, et qu'un bénévole était victime d'une agression.
Un point de blocage sur lequel le gouvernement pourrait être bien inspiré de légiférer : l'utilisation des drones. "Un appareil de ce type, que nous possédons, arriverait sur les lieux d'une urgence avant l'ambulance. Il serait possible d'apporter aux témoins un défibrillateur, par exemple…". Pour l'heure, cela reste interdit.
Reste que le développement de cette batterie d'outils n'est sans doute pas étranger aux bons résultats obtenus par la capitale de la Côte d'Azur contre la criminalité. Selon le dernière classement établi par le journal conservateur Valeurs Actuelles, Nice s'impose comme la grande commune la plus sûre de France.