Comment la Corse a planté sa saison touristique 

La Corse vit un été difficile pour le secteur du tourisme : ses somptueux sites ont accueilli bien moins de visiteurs que les années précédentes. 

Pour se rendre compte de la faible fréquen­tation estivale, il suffit de se rendre dans les hôtels ou les restau­rants qui sonnent… creux. Bien que plus impor­tante qu'au printemps, la présence des voyageurs est clairement en perte de vitesse depuis deux ans maintenant en Corse.

Pour 2024, les premiers chiffres de la Chambre de commerce et d'industrie nous permettent de savoir que les aéroports d'Ajaccio, Bastia, Figari et Calvi ont reçu 645.000 voyageurs en juillet. C'est 10% de moins qu'en 2023 et 4% de moins qu'en 2019. Forcément, alors que l'économie de l'île de Beauté dépend à 40% de cette filière, la situation est préoccupante…

Des prix trop élevés par rapport à la concurrence

Comment expliquer cette baisse de l'attractivité pour une région n'ayant pourtant pas perdu ses magni­fiques paysages et ses belles plages ? 

Pour les profes­sionnels, il s'agit surtout d'une question de prix des trans­ports. L'aérien notamment est pointé du doigt, avec des billets prohi­bitifs pour les familles. Forcément, face aux tarifs proposés pour aller aux Baléares, en Sardaigne, en Grèce et dans d'autres desti­na­tions en bord de Méditerranée, il est difficile de lutter.

Les compa­gnies navales résistent un peu mieux, ne perdant qu'1% de la clientèle par rapport à juillet 2023. 734.000 passagers ont été compta­bi­lisés sur les bateaux le mois dernier, comme le rapporte Le Figaro. En août, le leader du secteur, Corsica Ferries, a tout de même connu une hausse de la fréquen­tation de 9%. 

Sur place aussi, le coût de la vie est assez élevé, +7% par rapport à la France métro­po­li­taine, d'après l'Insee. De fait, les dépenses liées aux loisirs se font également moins impor­tantes, impactant les restau­ra­teurs et autres sociétés proposant des activités sportives ou cultu­relles. D'autant plus que le pouvoir d'achat des visiteurs a forcément pâti de l'inflation durant deux ans.

Déjà une baisse de la fréquentation en 2023

Comme à Nice, les locations de meublés touris­tiques sur les plate­formes réservées aux parti­cu­liers sont un point noir en Corse. Des logements qui échappent donc à l'hébergement classique fourni par les hôtels et les campings. Ils ont explosé depuis 2019, progressant de 48% en cinq ans, précise Le Point, soit 14% du parc locatif. La filière hôtelière se voit ainsi grignotée.

Rappelons que l'année précé­dente avait déjà montré des signes de faiblesse, avec un repli de 8,1% de l'activité lors de la saison estivale, une baisse qui devrait se poursuivre en 2024. 

Néanmoins, afin de limiter la casse, l'agence de tourisme de l'île avait conclu un parte­nariat avec la compagnie aérienne Air Corsica. L'objectif, offrir une réduction de 30% sur le transport en avion aux voyageurs choisissant le forfait "vol+hébergement".

• À LIRE AUSSI… Dans les eaux corses, l'ex-île du crime pourrait vous ouvrir ses portes

Cependant, pour y avoir le droit, il faut passer par les offices de tourisme reconnus et surtout, ne pas opter pour les sites comme Airbnb, qui sont exclus. Une promotion qui n'a jusqu'ici pas forcément eu l'effet escompté.