Nice, la belle endormie, longtemps sale, facho, peu sûre. L'était-elle vraiment ? Sûrement pas autant que les médias nationaux ont pu la dépeindre. Mais pendant des années, les jours heureux ont pu avoir l'air d'appartenir à un lointain passé.
"Splendeur perdue"
En témoigne ce reportage sans appel de France 3, diffusé en mai 1995 : "du marbre précieux, ou ce qu'il en reste, c'était le Palais de la Méditerranée. Le temple du jeu, le prestige niçois, aujourd'hui le palais des courants d'air. Une ruine, ou la splendeur perdue de Nice."
Avant de conclure, morose : "une ville nostalgique de son passé perdu, impatiente de retrouver ses fastes, autrement qu'en chanson (sur l'air de Nissa la Bella)". Il faudra attendre, puisque viendra le temps de l'extrême droite à l'hôtel de ville, et le retour de l'affairisme, matraqué par les journaux. Nice bétonnée et mal foutue, mal gérée par des élus souvent caricaturaux.

Et nous voilà, en juillet 2021, entrant au patrimoine mondial de l'UNESCO ! De partout les messages de félicitations ont afflué, aux côtés des images de la Nice d'aujourd'hui. Son patrimoine exceptionnel, son cadre de vie envié… désormais dans le monde entier. Un incroyable chemin a été collectivement parcouru. Manifestement ému, le maire le soulignait hier : il s'agit là d'un "évènement historique", qui ne doit rien au hasard.
« Depuis 2008, nous avons travaillé inlassablement pour rendre vie à tout ce que nous avions oublié : la beauté de nos façades, de nos immeubles, de nos lieux de culte si divers, de nos jardins, de nos paysages, de nos espaces publics » rappelait Christian Estrosi mardi aux journalistes. Pas peu fier d'un bilan qui aura permis de "pacifier les déplacements, de retrouver la lumière et les couleurs de nos façades, replanter les végétaux emblématiques, revivifier et édicter des règles d’urbanisme conformes à la tradition héritée du patrimoine turinois. En un mot, rendre à Nice son visage de beauté et de joie."
Nouveaux challenges
Après avoir été un phare dans la nuit pour beaucoup d'autres communes par ses nombreuses innovations pendant la crise du Covid-19, voici que notre cité apporte une nouvelle grisante dans un été marqué par la quatrième vague.
Mieux qu'une simple bonne nouvelle passagère, c'est un vent positif qui doit hisser notre territoire vers de nouveaux défis. Qui, dès lors, serait mieux placé que nous pour devenir la capitale européenne de la culture d'ici 2028 ? Un autre dessein historique, et hautement fédérateur. Que demander de plus dans une période si troublée ?
Par Clément Avarguès, directeur de la rédaction
DOSSIER SPÉCIAL
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