Une réforme du règlement intérieur des contrats de locations des HLM niçois change radicalement la donne. Ces derniers jours, un jeune homme de 19 ans a été condamné à 20 mois de prison : dans la foulée, sa mère, qui figurait sur le bail, a été notifiée de son expulsion. L'information a fait le tour des médias nationaux.
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"C'est injuste, illégitime et arbitraire". À gauche, on ne décolère pas, après le grand raout médiatique de ces derniers jours.
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"En expulsant une mère dont le fils a été condamné par la justice (pour trafic de stups, mais il est également l'auteur d'incivilités et de dégradations dans les bâtiments, NDLR), Côte d'Azur Habitat créé une double peine, estime David Nakache, militant humaniste niçois, sur son blog ce mardi 7 septembre. Le bailleur social se substitue désormais à la justice pour imposer une sanction sociale à des personnes n'ayant commis aucun délit."
Pour l'ancien colistier du mouvement Viva ! aux municipales 2020, "la surmédiatisation de cette expulsion inique relève d'une stratégie de communication ayant pour but de masquer une double réalité : la volonté de la Ville de Nice de ne pas créer suffisamment de logements sociaux (…) et son incapacité à garantir la sécurité des habitants de quartiers délaissés".
Même son de cloche du côté du socialiste et ex-élu Patrick Allemand, par voie de communiqué cette fois, pour qui "cette décision très politique masque l'ensemble des carences de la politique menée par Christian Estrosi dans les cités de Nice."
D'après l'ancien vice-président de la Région, les millions investis pour requalifier certaines zones n'auraient pas apporté grand chose : "ces opérations de lifting, très coûteuses, n'ont pas démontré leur efficacité" tacle-t-il, estimant qu'il y aurait "un manque de moyens investis dans la prévention, le sport, la culture et l'animation économique".
"Principe de responsabilité"
À l'occasion d'un entretien accordé à Nice-Presse en avril dernier, le premier adjoint chargé du Logement Anthony Borré avait déjà été interrogé sur ce type de procédure.
"Je crois au principe de responsabilité, j’assume l’idée selon laquelle les parents sont responsables de l’éducation et de la surveillance de leurs enfants mineurs, quel que soit leur âge. Perdre de vue ce principe, c’est perdre de vue sa qualité de parent" avait répondu l'élu à ces critiques.
Tout en nuançant : "Mais nous sommes des élus qui ont envie de comprendre et de dialoguer. Sur chaque dossier, je sais qu’il y a des hommes et des femmes dans des situations familiales diverses. Il est plus difficile d’être élevé dans un quartier classé politique de la ville qu’ailleurs."
"Moi-même, j’ai vécu en Seine-Saint-Denis dans une cité, je sais que ce n’est pas toujours simple de vivre à l’Ariane ou aux Moulins. Je veux donc dire que nous prêtons attention à chaque situation."
Avant toute sanction, les locataires fauteurs de troubles sont convoqués par le Conseil des droits et des devoirs de Côte d'Azur Habitat, le principal bailleur social des Alpes-Maritimes. Nice-Presse avait pu assister à l'un d'eux en mai 2021.
Christian Estrosi : "Ça ne va pas s'arrêter là"
Invité sur France 2, le maire a assuré que cette famille « pourrissait la vie des locataires d'un immeuble ».
Selon lui, « les responsables de cette famille ont reçu je ne sais combien d'injonctions depuis 2018 parce qu'il y a un ou plusieurs individus dans cette famille qui trafiquent les drogues, causent des nuisances sonores, dégradent les boîtes aux lettres, les halls d'immeubles, qui vont briser les vitrines du siège du bailleur social. »
Dans ce contexte, le maire considère que « le chef de famille aurait pu réagir » avant d'en arriver à l'expulsion. « Nous avons enfin obtenu une décision de justice qui fera jurisprudence », s'est félicité l'élu. Et d'ajouter : « Je vous prie de croire que ça ne va pas s'arrêter là. »