"Ils font Nice" : chaque semaine, nos figures locales mises en vedette dans Nice-Presse
Journaliste, critique gastronomique et littéraire, Jacques Gantié a pu animer son propre guide des bonnes tables des années durant. Aujourd'hui, il alimente son blog "Table Libre" et nous fait découvrir de véritables pépites, "allant du bistro aux palaces"…
Comment avez-vous débuté ?
J'ai toujours voulu devenir reporter. J'ai eu la chance de faire le CFJ, le centre de formation des journalistes, en 1968. J'ai pu vivre les événements comme un étudiant mais aussi comme un futur journaliste. J'ai ensuite été désigné pour participer à la création du quotidien national Le Soleil, à Dakar. J'y suis resté deux ans.
Quand je suis revenu, j'avais une lettre de recommandation pour deux journaux : France Soir et Nice-Matin. J'ai choisi le second. J'y ai fait toute ma carrière… Dans ce journal, j'ai créé les chroniques sur la gastronomie et la littérature. J'ai également été grand reporter, puis éditorialiste.
Vous avez également créé votre célèbre guide…
Je me suis dit "il y a quelque chose à faire dans la gastronomie". J'ai donc lancé le "Guide Gantié". On couvrait du Vaucluse jusqu'à l'Italie, Piémont-Ligurie. J'avais un correspondant à Turin et à Gènes. Nous étions quatre-cinq environ, jusqu'en 2016.
Nice-Matin m'a appelé pour reprendre la chronique gastronomique que j'avais créé à l'origine. J'y suis resté sept ans, avant de créer mon blog"Table libre", en 2017.
Ici, je m'intéresse aux petites, moyennes et grandes adresses. Par exemple, hier j'étais à Monaco pour le retour du Café de Paris. C'est un événement architectural, et culturel.
Je traite aussi des adresses de la nouvelle génération : je crois beaucoup à la bistronomie. Il y a des jeunes en cuisine qui sont formidables, à Nice, Cannes ou Marseille… Je m'intéresse majoritairement aux restaurants, mais aussi aux hôtels. Le guide, je le réalise à ma façon. Disons que je vais du bistro, aux palaces.
Vos adresses coup de cœur ?
J'aime beaucoup Les Agitateurs. Il y une créativité et une proximité à des prix tout à fait corrects. Ils vont d'ailleurs bientôt ouvrir un deuxième restaurant dans le Vieux-Nice. Il s'appelle Pirouette.
Dante c'est également très bien ! C'est vraiment le bon restaurant de quartier avec un vrai cuisinier. Au-dessus de Nice, Col de la Couillole, on retrouve Quintessence. Ils ont apporté une gastronomie là où on ne l'attendait pas : c'est-à-dire dans un haut-pays un peu éloigné. C'est très courageux. L'auberge de Valdeblore est superbe aussi !
On a une région de fous… Quand je suis arrivé en 1972, je me disais "c'est une ville de vieux". Mais aujourd'hui, ce n'est plus vrai. Je trouve que Nice a changé d'image, elle bascule dans la nouvelle époque. Au niveau des tables, ça s'est très bien développé aussi !
Un souvenir marquant ?
En Catalogne ! Je suis allé au restaurant El Bulli, aujourd'hui fermé. Il était tenu par Ferran Adrià, un grand chef. C'était dans le pays de Salvador Dalì, pas loin de Rosas. Je suis arrivé un jour d'orage, on aurait dit l'Irlande. J'ai passé deux jours de suite ici. Le premier soir, j'ai dîné avec vingt-quatre plats, il y avait une créativité extraordinaire !
Le deuxième soir, c'était dans la cuisine. J'ai à nouveau goûté vingt-quatre plats différents. Sept ou huit d'entre eux m'ont vraiment marqué. C'était formidable…
Et pour la suite ?
Je suis un journaliste de l'écrit… Je vais continuer à proposer ma patte, sur ce blog intimiste.