❝ L’INVITÉ -- Alors que Nice est candidate pour devenir la capitale européenne de la culture, avec 100 millions d’euros d’investissements sur la table, Nice-Presse reçoit l’enseignant, auteur et comédien Jean-Luc Gagliolo, adjoint délégué à l’Education, à l’Identité Niçoise, au Livre et à la Lutte contre l’illettrisme auprès de Christian Estrosi.
NICE-PRESSE. Nice se lance donc dans la course pour devenir la capitale européenne de la culture d’ici 2028 : comment allez-vous participer à ce grand défi ?
Jean-Luc Gagliolo : “On est dans les starting-blocks, avec déjà un atout majeur : le plan Nice 100% culture à l’école. C’est un programme extrêmement ambitieux qui va concerner tous les enfants depuis la maternelle jusqu’au CM2.
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En l’espace de cinq ans, nous allons mettre en place cette initiative dans toutes les classes, toutes les écoles, pour environ 30.000 enfants. Nous avons demandé à l’inspection académique de nous proposer pour la première année 21 établissements qui seraient susceptibles de participer.
Musique, théâtre, chant, écriture, arts plastiques… La @VilledeNice met en place un plan ambitieux et de qualité en partenariat avec les Ministères de l’Education nationale et de la Culture. « Nice 100% Culture à l’Ecole » a été adopté à l’unanimité lors du #CMNice du 29 janvier pic.twitter.com/eRyXna5mSv
— Christian Estrosi (@cestrosi) February 8, 2021
La Ville de Nice propose et finance des projets dans lesquels les enseignants seront parties prenantes. Ils vont élaborer avec les artistes des projets qui concerneront l’ensemble des domaines artistiques : l’image, le patrimoine, la littérature, la musique…
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Le jury a retenu près de 80 dossiers. À présent, les enseignants vont choisir ceux avec qui ils ont envie de travailler.
À la rentrée, ce sont déjà près de 5.000 élèves qui vont d’ors et déjà bénéficier de ce dispositif. Chaque année, nous franchirons un cap jusqu’à pouvoir toucher la totalité des classes.”
Cette candidature sera-t-elle également l’occasion de défendre notre identité niçoise ?
“Bien sûr. Nous la mettons en valeur par le biais de tout ce qui est déjà mis en place : les fêtes traditionnelles, le soutien que nous apportons à la publication des œuvres en langue niçoise… Et nous allons poursuivre tout cela, en développant des projets liés à la promotion de nos traditions.”
Autre sujet d’actu : les élus croisent le fer autour de la loi Molac concernant la protection des langues régionales. Quels enjeux pour le nissart ?
“À ce sujet, il y a déjà un socle législatif avec la loi de 1951, celle de 2013 et la modification constitutionnelle de 2008. Mais cette loi, si elle entrait en application, faciliterait et normaliserait l’enseignement des langues régionales.
Aujourd’hui, pour bénéficier de ces cours, il faut que votre établissement scolaire en dispense déjà, et ce n’est pas toujours simple. Ce nouveau texte permettrait de donner à tous la possibilité d’y accéder.
Il y a un enjeu de moyens, autant pour l’Éducation nationale que pour les collectivités.”
Justement, où en est-on au niveau des nouvelles places pour l’enseignement du niçois ?
“En septembre dernier, nous avons ouvert une deuxième école bilingue, c’est l’une des premières dates clés en la matière pour la nouvelle mandature. Nous avions déjà l’école des Orangers à Nice-Est, à présent nous avons également en plein centre celle de Fouont Cauda. Nous commençons avec la première section de maternelle cette année. Les petits vont pouvoir suivre un vrai cursus, puisque chaque année nous ouvrirons un niveau supplémentaire, pour avoir une continuité pédagogique comme c’est le cas aux Orangers.”
Il n’y a pas énormément d’enfants inscrits dans ces classes, comment les motiver, eux et leurs parents, à s’inscrire ?
“On le sait, le fait d’apprendre plusieurs langues développe des aptitudes différentes et nouvelles : ça favorise le développement de l’enfant.
D’autre part, les natifs de la région peuvent vouloir contribuer à la transmission de ce qui les a construits eux-mêmes : la connaissance de notre patrimoine, de notre histoire, des danses et musiques traditionnelles ou encore de la langue.”
D’autres projets sont dans les cartons à ce sujet, en dehors des écoles ?
“En dehors du temps scolaire, nous allons proposer des activités de transmission des connaissances dans les centres de loisirs municipaux, les mercredis et pendant les vacances. Nous y travaillons déjà.
Nous allons poursuivre le développement des publications bilingues. Nous avons avancé sur un livret de recettes de plats niçois. À portée des petits, il sera totalement traduit. D’autres projets avancent bien, comme celui proposant des enregistrements d’histoires et de contes en français et en niçois. L’objectif est que notre langue soit entendue, vue et lue dès le plus jeune âge.”
La cuisine et le patrimoine sont également des piliers de notre culture…
“Au niveau de la cuisine, nous soutenons différentes associations et nous avons créé il y a deux ans déjà l’Atelier cuisine niçoise, installé dans l’ancien Sénat.
Concernant le patrimoine, il ne s’agit pas de ma délégation, mais la candidature de Nice à l’UNESCO a mobilisé des ressources énormes au niveau municipal.
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Nous avons obtenu il y a deux ans et demi le label “Ville d’art et d’histoire”: il nous donne une reconnaissance mais nous engage aussi dans une démarche de valorisation, de promotion et de perfectionnement de nos pratiques.
Un travail énorme a été mené sur les différents bâtiments de notre cité : le Sénat, Saint-François, les églises… Nous avons beaucoup oeuvré pour valoriser notre patrimoine et nous continuerons à le faire.”
Cette année encore, il a fallu s’adapter pour la Fête des Mai…
“Comme en 2020, effectivement. Ce que nous avions fait a été un succès. Cette année, nous proposons un site internet très riche (à retrouver par ici), grâce à une forte participation des associatifs niçois.
Il comporte une dimension historique avec des images d’archives, des documents, mais aussi des recettes de cuisine et des captations de concerts. Nous avons créé des jeux, des quiz… L’idée est d’intéresser ceux qui ne connaissent pas encore notre patrimoine.
Évidemment, il y moins de partage dans une édition virtuelle que lorsqu’on va manger un pan bagnat assis dans l’herbe, mais on fait découvrir aux jeunes les fêtes traditionnelles qui reviendront très bientôt.”