Ministre UMP sous Nicolas Sarkozy, maire et député Les Républicains, puis eurodéputé RN depuis 2019, Thierry Mariani est candidat aux élections régionales sous la bannière lepéniste. Les sondages le placent dans une position favorable, alors que son principal rival, le président LR sortant Renaud Muselier, a annoncé une alliance controversée avec La République en Marche dimanche 2 mai.
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Questions d'actu
NICE-PRESSE. C'est aujourd'hui l'anniversaire de Renaud Muselier, allez-vous lui souhaiter, alors qu'il vous a fait un beau cadeau dimanche dernier ?
Thierry Mariani : "Je lui ai envoyé une surprise, il la recevra dans la journée donc je ne vous en dit pas plus. Pour ce qui est de dimanche dernier, effectivement, c'est un peu un remake LR de Game of Thrones leur histoire ! Tous les jours, ils en perdent un, Falco qui s'en va, Estrosi qui pourrait le faire…

Je ne sais pas si c'est un cadeau mais en tout cas l'alliance LR-LREM est une clarification qui arrive plus vite que prévu et qui valide ce que nous disions depuis le début : Renaud Muselier est le candidat des macronistes.
La plaisanterie a assez duré, il faut maintenant que leur position soit claire. La droite lui accorde son investiture, la retire, la rend, des ministres sont annoncés sur la liste avant que ne soit dit l'inverse… Les Républicains tentent de nous mener en bateau.
À droite, qu'est-ce qui empêche encore les élus, et plus largement certains électeurs, de prendre le même chemin que vous et de rejoindre le Rassemblement national ?
"Pour les élus, ça reste difficile. Un maire LR qui nous rejoindrait pourrait voir sa commune mise de côté par sectarisme dans son intercommunalité. Les élus ont peur de finir tricards s'ils sortent du bois, ce qui ne les empêchent pas de nous soutenir en secret à l'occasion de différentes échéances.
« Tu peux faire un accord avec EnMarche, mais cela ne doit pas trop se voir, donc pas de Ministre ni parlementaire »
— Thierry MARIANI (@ThierryMARIANI) May 5, 2021
Voilà en fait l’accord pour rendre l’investiture LR à #Muselier !
Décidément ils nous prennent vraiment pour des imbéciles ! #PACA
Aux électeurs qui ont des convictions de droite, je leur dit que voter pour Renaud Muselier, c'est accorder son bulletin au gouvernement et à Emmanuel Macron
Thierry Mariani
Ce parti est prêt à toutes les compromissions pour se maintenir au pouvoir. Je me suis engagé à droite avec les mêmes idées que des Pasqua, des Séguin… Ce courant de pensée, cette vraie droite courageuse qui ne cède rien est aujourd'hui incarnée par le rassemblement initié par Marine Le Pen. Le RN d'aujourd'hui n'a rien à voir avec le FN d'il y a dix ans, et heureusement !
La diabolisation ne fonctionne plus. J'ai entendu d'autres candidats nous traiter d' "ennemis de la République", le patron des LR m'a comparé à un chien… Tout cela est grotesque, ils perdent leur sang froid, ce qui n'est pas mon cas. (Il sourit) « Pourquoi voulez-vous qu'à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? » disait le général de Gaulle. Je suis un peu plus jeune mais je pourrais vous dire exactement la même chose !
"Avec les Républicains, on a promis le Karcher, mais on n’a pas branché le tuyau…"
Thierry Mariani à propos de la sécurité
On ne voit pas bien ce que certains élus, comme Éric Ciotti, Nadine Morano ou Valérie Boyer, parfois Lionnel Luca, ont de bien différent des positions du RN, leur tendez-vous la main ?
"Les accords d'appareils ne servent à rien, il faut plutôt fédérer, réunir les énergies. Ce qui est important, c'est le courage et les convictions. En 2022, Marine Le Pen réunira un gouvernement d'union nationale dans lequel ces élus pourraient sans doute avoir toute leur place.
Nous partageons des propositions, des valeurs communes. Mais contrairement à la droite au pouvoir, les mesures de fermeté que nous promettons seront appliquées. Avec les Républicains, on a promis le Karcher, mais on n’a pas branché le tuyau…"
Vous présentez aujourd'hui à Nice votre tête de liste dans les Alpes-Maritimes, une ancienne LR pour affronter, notamment, Christian Estrosi. Quel message faut-il y voir ?
"C'est un signe d'ouverture, et de compétence. Alexandra Masson-Bettati vient des Républicains effectivement, mais elle a surtout exercé un certain nombre de responsabilités importantes avec beaucoup de rigueur. Elle, mais aussi les élus de la Droite populaire, font partie de ce large rassemblement que nous portons."
Que feriez-vous immédiatement après votre entrée en fonction si vous gagnez dans deux mois ?
"J'agirai immédiatement, avec fermeté, pour la sécurité. Symboliquement, on a vu que la majorité sortante a présenté un plan sur le sujet lors des dernières séances avant la fin du mandat, cela montre bien que le travail n'a pas été fait.
Le message que nous allons adresser sera radicalement différent. Ils ont embauché 77 collaborateurs dans leur cabinet, et seulement 75 agents pour la sécurité dans les transports. Assez de marketing : nous baisserons le budget de communication de 25%."

Sécurité
Vous préconisez un renforcement des polices municipales dans les communes du Sud-Est, comment la Région pourrait-elle les soutenir ?
"Il faut plus d'agents, développer la vidéosurveillance, acheter de nouveaux véhicules d'intervention… Nous proposerons un "Plan Bouclier". Le premier échelon pour renforcer la sécurité, c'est celui des communes. Pour chaque euro qu'elles dépenseront pour renforcer leurs polices municipales, la Région participera à hauteur d'une somme équivalente. Avec des plafonds, évidemment".
Vous comptez également renforcer la sécurité dans les transports en Paca, comment ?
"Nous allons créer une véritable police des transports. Si nous avions proportionnellement autant d'agents dans notre région qu'en l'Île-de-France, nous en aurions 500. Aujourd'hui, on n'en compte qu'une centaine. Nous allons réunir une commission spéciale qui sera chargée de la mise en application du "Plan Bouclier" elle veillera notamment à ce que soient recrutées les 400 personnes qui nous manquent, au cours du mandat, à raison d'environ 70 embauches chaque année.
Cette proposition coûterait 3.3 millions à la Région, soit moins que la communication de Renaud Muselier. Et le partenariat avec la SNCF réduit les coûts."
Et dans les lycées ?
"La Région a envoyé des médiateurs qui sont devenus, trop souvent, des 'grands frères' choisis par certaines associations. Nous, nous recruterons de vrais agents de sécurité, qui ne serons pas envoyés partout. Il y aura trois lycées référents dans chaque département."
Économie
Vous n'avez pas l'air de juger convaincant le bilan économique de l'exécutif sortant, que feriez-vous différemment ?
"La part du développement économique dans le budget régional est de 40 millions d'euros soit à peine 1% du budget. Ça n'a strictement rien d'exceptionnel"
Thierry Mariani
"Nous agirons bien davantage, en particulier, évidemment, pour le secteur de l'hôtellerie et de la restauration.
Sitôt arrivés, nous ferons un état des lieux complet des budgets, de la gestion… Les électeurs doivent tout savoir de l'utilisation des deniers publics. Nous voulons savoir si de mauvaises surprises nous attendent.
Une fois que tout sera tiré au clair, nous pourrons mettre en application tout le programme.
"Nous rendrons compte de tout : nous organiserons une sorte 'd'État de l'Union' régional pour faire un point chaque année sur l'application de toutes nos promesses de campagne, tous les objectifs fixés".
Thierry Mariani
Vous comptez créer un "CRT Montagnes", nous avait expliqué Philippe Vardon…
"Les Alpes ne sont pas assez soutenues. Nous créerons un Comité régional du tourisme dédié, nos montagnes sont capitales pour la Provence-Alpes-Côte-d'Azur, elles sont pourtant mises de côté."

Culture
À quoi faut-il s'attendre quant au budget de la culture ?
"Il sera sanctuarisé. C'est un monde que je connais, pour avoir dirigé les Chorégies d'Orange, avoir travaillé sur le sujet en tant qu'élu…"
Vous soulignez que le patrimoine régional serait l'une de vos priorités, comment comptez-vous le défendre ?
"Je suis très attaché au spectacle vivant et à notre patrimoine d'une manière plus générale. Nous allons trouver un moyen d'intégrer les communes aux contrats territoriaux (CRET), afin qu'elles reçoivent un soutien plus important pour sauvegarder notre patrimoine".
Propos recueillis par Clément Avarguès le 5 mai 2021