Les chaleurs estivales demeurent meurtrières, mais l'été 2024, plus clément que les deux précédents, a causé moins de décès, selon un bilan dévoilé mardi par les autorités sanitaires.
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Sur l’ensemble de la période allant du 1er juin au 15 septembre 2024, plus de 3.700 décès ont été attribués à la chaleur, y compris en dehors des épisodes de canicule, rapporte Santé publique France. Cela représente plus de 2 % des décès enregistrés durant cet été.
"Depuis 2015, dans la continuité liée au changement climatique, nous avons maintenant des étés très chauds, marqués par des canicules, avec des expositions à la chaleur sur tout le territoire", explique à l’AFP Guillaume Boulanger, chercheur et coordinateur de cette étude.
Bien que marqué par des précipitations abondantes et des inondations récurrentes, l’été 2024 se classe comme le huitième plus chaud jamais enregistré en France depuis le début des relevés en 1900, dans un contexte d’accélération mondiale des canicules sous l’effet du réchauffement climatique.
Sur le plan géographique, "si la façade atlantique et l’Île-de-France ont été en partie épargnées, le quart sud-est du pays a été à nouveau très exposé à des phénomènes de chaleur", observe M. Boulanger.
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L’épisode caniculaire principal, qui s’est étendu du 28 juillet au 14 août avec deux pics successifs d’intensité, a touché 40 % de la population, impactant la Corse ainsi que 43 départements du sud-est métropolitain. Un premier épisode avait déjà frappé les Pyrénées-Orientales du 23 au 25 juillet.
Les Alpes-Maritimes et les Pyrénées-Orientales figurent parmi les départements les plus durement éprouvés, ayant enregistré respectivement 14 et 13 jours consécutifs de canicule, définis par des températures élevées aussi bien de jour que de nuit.
Les deux étés précédents, plus chauds encore, avaient été encore plus meurtriers : 5.167 décès liés à la chaleur avaient été recensés en 2023, marquée par des épisodes de canicule plus tardifs que la normale, et 10.420 en 2022, où le Covid avait pu accroître la vulnérabilité de certaines populations.
Les personnes âgées de 75 ans et plus, dont "le système de régulation de transpiration est moins fonctionnel", représentent les trois quarts des décès attribués à la chaleur en 2024.
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Elles constituent la population la plus à risque, aux côtés des personnes atteintes de maladies chroniques (cardiaques, respiratoires) et des jeunes enfants, chez qui "la régulation de transpiration n’est pas encore mature", précise M. Boulanger.
D’autres facteurs accroissent la vulnérabilité : certaines personnes "vivant sous les toits ou isolées" subissent également une exposition sociale à la chaleur, souligne-t-il.
Décès au travail sous-évalués ?
Certains métiers exposent particulièrement au risque thermique, notamment dans l’agriculture et le secteur du BTP. Durant l’été 2024, sept accidents du travail mortels potentiellement liés à la chaleur ont été répertoriés, impliquant des hommes âgés de 39 à 71 ans.
Un chiffre probablement "largement sous-estimé", estime le chercheur, rappelant que "certaines victimes succombent un ou deux jours après une exposition très forte à la chaleur", ce qui complique leur recensement.
Pression sanitaire en hausse
Au-delà des décès, la chaleur impacte directement la santé. L’été 2024 a entraîné environ "17.000 passages aux urgences et des consultations SOS Médecins pour hyperthermies, coups de chaleur, déshydratation ou hyponatrémie (déficit en sodium)", détaille M. Boulanger.
Pendant les jours de canicule, "ces recours aux soins sont multipliés par trois ou quatre", mais "80 % des consultations ont lieu en dehors de ces épisodes", précise-t-il.
"Cela signifie que l’exposition à la chaleur et ses effets sur la santé perdurent tout au long de l’été. Il est donc impératif de renforcer les mesures de prévention et d’adaptation au changement climatique pour protéger la population", insiste le chercheur.
Les recommandations sanitaires restent inchangées : rester chez soi, fermer stores et rideaux, aérer la nuit, privilégier l’ombre, s’hydrater, se rafraîchir, éviter l’activité physique et fréquenter des lieux frais.
À l’échelle collective, Santé publique France souligne l’importance de l’isolation des logements, de la végétalisation et de la réduction des surfaces artificielles. "À Paris, ville très artificialisée, on observe des écarts de température de 6 à 7 degrés la nuit entre le centre et la petite ou la grande couronne", illustre M. Boulanger.
Sur les huit derniers étés, la chaleur a causé 9.700 décès en période de canicule et 34.000 sur l’ensemble de ces saisons estivales.
L’été 2003 reste une référence tragique : cette canicule exceptionnelle avait provoqué 15.000 morts, un électrochoc qui avait conduit à la mise en place d’un système d’alerte et de prévention
(Avec AFP)