Pour Christelle d'Intorni, la municipalité se contenterait de "communication" pour ramener le calme dans la cité des Moulins. La Ville défend "de nombreux investissements, et un déploiement des forces de l'ordre comme jamais auparavant".
Exclusif - Nice encerclée par les "territoires perdus"? C'est le portrait que dresse la députée de la cinquième circonscription, dans un courrier adressé à Christian Estrosi mi-avril, que nous avons pu consulter ce dimanche 7 mai.
Pour l'élue Les Républicains, L'Ariane et Les Liserons à l'Est, Las Planas et Le Rouret au Nord, mais aussi Les Moulins à l'Ouest, constituent aujourd'hui "des zones de non-droit où la République recule dans notre ville". "Nier la réalité sécuritaire de Nice est une faute" lance-t-elle à l'endroit de la municipalité.
Jusqu'ici rien de nouveau sous le soleil, puisqu'il s'agit d'une analyse déjà formulée par l'ancienne maire de Rimplas. Le 23 janvier dernier, elle avait notamment accusé la sous-préfète des Alpes-Maritimes d'avoir rebroussé chemin face aux dealers de la Plaine du Var.

C'est plus précisément au plan présenté par la mairie pour apaiser la cité des Moulins que la députée s'en prend : "Soyons lucides, l’État n’est pas le seul responsable de l’explosion de l’insécurité et de la délinquance qui y a cours depuis 15 ans. Cette situation inextricable à laquelle sont confrontés les habitants des Moulins, c’est aussi l'échec et la responsabilité (de Christian Estrosi)".
D'après elle, l'exécutif communal se contente "de communication": "en 2012 déjà, vous annonciez le déploiement d'agents de sécurité privés" (qui n'étaient pas habilités à dresser des PV, contrairement à aujourd'hui, NDLR) ; "en 2018, 2020 et 2021, vous évoquiez la plus grande fermeté et des renforts" ; "Monsieur le Maire, vos propos n’ont jamais été suivis d’effets…" Et d'accuser l'ancien député de l'Ouest du pays niçois de ne pas en avoir fait assez à l'Assemblée nationale contre le narcotrafic.
"Il est temps de revenir à l’essentiel, à du concret, à l’action pour faire enfin évoluer les choses. (…) Vos administrés vivent dans la peur, l’angoisse et la terreur depuis trop longtemps".
Pour conclure, cette proche d'Eric Ciotti invite la majorité présidentielle à "se saisir des (ses) propositions de lois en la matière", notamment celle visant à intensifier les sanctions à l'égard des consommateurs de drogues, développée dans nos colonnes.
"Nous n'avons pas commis d'erreur"
"Le quartier des Moulins n'a pas été abandonné ces dernières années, au contraire". Le 28 avril dernier, nous recevions longuement dans notre émission vidéo Monique Bailet, l'adjointe au maire chargée du territoire Nice-Ouest. Qui avait tenu à rappeler les "300 millions d'euros qui ont été injectés dans le quartier. Nous n'avons pas commis d'erreur dans son développement".
"Certes, il est gangrené par le trafic, qui s'est amplifié ces derniers mois" ce qui s'explique notamment par "la crise des migrants mineurs, mais aussi par une carence de l'Education nationale et des parents, puisqu'on voit régulièrement dans les rues des enfants qui devraient être à l'école plutôt qu'à travailler avec les dealers".
"80% des habitants ne souhaitent qu'une vie paisible. Il y a des avancées. Depuis la mi-avril, il y a un déploiement des forces de l'ordre comme on ne l'avait jamais vu, avec chaque semaine des interpellations. Tout n'est pas réglé mais le calme est en train de revenir".
L'un des enjeux sera de sortir des réseaux "les 12-14 ans qui font déjà les guetteurs pour les trafiquants", comme à Marseille.
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Rappelons qu'après une nouvelle fusillade le 5 mai, la préfecture a annoncé le déploiement de drones au-dessus de la cité, "dès la semaine prochaine".