Le président de la République a fait, lundi 10 janvier, de Nice sa ville-exemple en matière de sécuritaire. Sans toutefois donner satisfaction à Christian Estrosi sur plusieurs sujets pourtant majeurs. Pour l'instant.
Promis, juré, le chef de l'État n'était pas, hier, en campagne électorale chez nous. D'après les éléments de langage de l'Elysée, tout en nuances, Emmanuel Macron ne venait pas livrer un programme sur la sécurité publique, il s'inscrivait plutôt dans "une continuité" de ce qui a été entrepris depuis 2017.
Politique du chiffre concernant le démantèlement des points de deals, nouveaux effectifs déployés sur le terrain, gros investissements dans le matériel… Depuis Nice, le président a estimé que ses gouvernements ont été "au rendez-vous" de cette insécurité qui monte, avec, dans les Alpes-Maritimes, "moins d'actes, mais plus de violence".

Cette séance de discours-débats n'était pas organisée dans un lieu innocent, puisqu'elle a pris place dans le hall de l'hôpital Saint-Roch, promis à devenir, d'ici 2025, un "super-commissariat".
Réunissant polices municipale et nationale dans un écrin de haute technologie, ce projet porté par Christian Estrosi depuis plus de dix ans est tellement pris au sérieux par l'État qu'il en financera la majeure partie. Et que le président en fait aujourd'hui l'exemple de sa politique de "sécurité globale". Ce type de mastodonte est amené à être transposé dans les autres métropoles, "à chaque fois que ce sera possible", anticipe la présidence. Une sacrée reconnaissance pour le maire de Nice.
Suffira-t-elle à lui faire oublier que sur certains dossiers clés, c'est le silence d'Emmanuel Macron qui fut le plus évocateur ?

Interrogé par une policière niçoise sur les nouvelles compétences que le gouvernement compte donner aux municipaux, le président a seulement répondu que des financements pour la vidéoprotection vont être débloqués. Pas extrêmement utile pour notre cité, qui compte déjà près de 4.000 caméras.
Du reste, Emmanuel Macron se dit en attente "de la position de l'Association des maires de France". Son chef David Lisnard va-t-il endosser ce combat pour l'extension des pouvoirs municipaux, ardemment porté par Christian Estrosi, avec qui les relations sont pour le moins tendues ?
En tout cas, pour l'instant, l'Élysée ne compte pas faire de nouvelles propositions en ce sens, a appris Nice-Presse lundi.
Autre grande absente : la reconnaissance faciale, réclamée, elle aussi de longue date par le maire azuréen. Dans son discours, Emmanuel Macron a uniquement vanté les bienfaits "de l'intelligence artificielle". Explication de texte : pour l'instant, le chef de l'État estime que la reconnaissance faciale se discute, mais qu'elle pose un débat au niveau des libertés publiques. Sans écarter le sujet.
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Malgré ces deux positions attentistes qui pourraient frustrer quelque peu Christian Estrosi pour l'instant, le presque-candidat à la présidentielle a pu faire plusieurs annonces d'importance, telles que la création d'une "force d'action dans les quartiers", la généralisation de l'amende forfaitaire pour les délinquants condamnés à de courtes peines ou encore le "doublement des effectifs policiers sur le terrain d'ici 2030", notamment grâce à une réorganisation des services.
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