Interview - Ancien gradé de la gendarmerie, premier adjoint au maire de Nice il y a dix ans, spécialiste de la sécurité… Désormais responsable du Rassemblement national dans la capitale des Alpes-Maritimes, Benoît Kandel fait le point sur la réorganisation du parti dans le département, et sur ses toutes prochaines ambitions électorales.
Nice-Presse - Le RN s’est réorganisé, notamment dans les Alpes-Maritimes. Cela donne quoi, à Nice, où le parti était devenu vraiment discret ?
Benoît Kandel : Il y a un véritable élan depuis qu’Alexandra Masson a repris la présidence départementale. Les équipes sont réorganisées, on sent une dynamique. Il y a beaucoup de nouvelles adhésions au parti. Ces dernières semaines, hors période d’élection, nous sommes les seuls présents dans les rues, sur les marchés. On occupe le terrain : 5000 tracts ont été distribués, 500 affiches collées.
Eric Ciotti et ses proches ont obtenu les trois circonscriptions niçoises aux dernières législatives, et il serait la tête de liste soutenue par votre parti lors des municipales. Le RN est-il condamné à ne plus avoir qu’un rôle de second plan ici ?
Les circonscriptions et la tête de liste des municipales, on ne va pas se mentir, il s’agit de la corbeille de la mariée. Cela fait partie de l’alliance passée entre Eric Ciotti, Jordan Bardella et Marine Le Pen cet été. Mais le RN trouve son compte dans cet accord national. Nous avons fait gagner trois députés très compétents et motivés, à même de porter les combats de notre coalition.
Sa cote de popularité est bonne sans être exceptionnelle, sa pétition contre la taxe foncière a fait un flop, il n’est pas très présent à Nice… Eric Ciotti doit-il passer la seconde ?
Il a obtenu de beaux résultats pendant les législatives. C’est à Eric de choisir le bon moment pour se déclarer, c’est lui qui sent le mieux les choses.
Comptez-vous pousser des noms pour que le RN soit bien représenté sur sa future liste municipale ?
Eric Ciotti dispose de la notoriété et de l’expérience. Nous lui apportons des électeurs. Sa liste LR avait fait 7% aux européennes, c’est notre coalition RN-UDR qui crée une dynamique. Sa prochaine liste représentera cet équilibre. Mais c’est à lui de la composer. Je lui suggérerai des personnalités d’expérience, et de nouveaux noms. Le RN a une organisation de jeunesse très active, et nous attirons des profils intéressants de la société civile et du monde de l’entreprise.
Et le programme ?
On y travaille, par quartier et par thématiques. Il y a des études menées à Paris, tout notre travail de proximité et de terrain ici. La dette est monstrueuse et la pression fiscale a grimpé, c’est ça le bilan de Christian Estrosi. Ce que j’ai construit auprès de lui sur la sécurité a été détricoté. Il gaspille des millions d’euros dans un immense commissariat central, alors qu’il faut revenir à des postes de la police municipale dans chaque quartier, au plus près des habitants. La politique culturelle est lamentable. Le TNN a été démoli sans vraie solution de remplacement. Alors tout le monde est parti à Antibes.
Vous dressez un bilan apocalyptique du mandat alors que les sondages indiquent que les habitants seraient en majorité plutôt emballés par ces chantiers…
Ces sondages sont orientés, j’ai été dans son équipe, je sais comment le maire travaille. Il est bien plus impopulaire que ce qui est raconté. Même parmi ses agents, qui se rendent à nos évènements et dénoncent la pression et le management brutal d’un certain élu.
Vous souhaitez donc une rupture totale avec l’équipe actuelle, il n’y a aucun talent que vous aimeriez débaucher ?
Les élus compétents sont partis depuis longtemps. Quels talent voulez-vous récupérer ? Pierre-Paul Léonelli ? Non, je plaisante… Vous verrez que le groupe de Philippe Vardon, élu en 2020 avec l’étiquette RN, va revenir. Et parmi les écologistes, je trouve des qualités à Jean-Christophe Picard. C’est un profil intègre que j’apprécie. C’est à peu près tout. Cette ville a besoin de renouveau.
LE « CAS PHILIPPE VARDON«
À la rentrée, la patronne du parti au niveau départemental, Alexandra Masson, s’était exprimée par circonlocutions sur l’éventuel retour de Philippe Vardon dans les rangs frontistes. Benoit Kandel, qui le déteste et ne s’en cache pas, n’est pas du genre à éluder : « C’est Marine Le Pen qui ne veut même plus entendre parler du personnage. Alors le dossier est clos ». Quitte à le laisser organiser une candidature dissidente, alors que chaque voix risque de compter ?
- Débats, sondages, décryptages, portraits, interviews, reportages… Suivez en direct la campagne des élections municipales de 2026 avec Nice-Presse : découvrez notre page spéciale !



