Eric Ciotti lance une opération de tractage partout en ville, officiellement pour y promouvoir une pétition contre les impôts, officieusement pour organiser le top départ de sa campagne municipale.
On est toujours l'andouille d'un autre, comme dirait le proverbe. Lequel est appliqué sans pitié aucune autant par Christian Estrosi que par Eric Ciotti. Le premier accuse le second, qui eut longtemps la haute main sur le Conseil départemental, d'une gestion cauchemardesque des pompiers, clientéliste des subventions culturelles, et désinvolte des personnes âgées. Le second, sulfateuse en main, n'en pense pas moins.
La bonne moitié de Niçois propriétaires reçoit ces jours-ci son avis de taxe foncière avec la surprise, pour celles et ceux qui ne lisent pas les journaux, de découvrir une évolution de la TF, qui grimpe de 19% (de 29,62% en 2023 à 35,3% cette année). La plus importante augmentation du pays, certes, mais pour une commune qui était saluée jusqu'alors pour sa modération fiscale.
Le moment idoine pour soulever le contribuable, estime Eric Ciotti. Accompagné des parlementaires UDR Bernard Chaix (député des quartiers nord), Christelle d'Intorni (de l'ouest) et d'élus départementaux, comme les vice-présidents du CD06 Auguste Vérola et Gaëlle Frontoni, le meilleur-ennemi du maire de Nice conviait lundi 16 septembre les journalistes pour "le lancement d'une initiative". Non pas l'annonce de sa candidature pour l'Hôtel de Ville - "pour ça il vous faudra encore un peu de patience" plaisante-t-il - mais celle… d'une pétition, pour réclamer la baisse de l'impôt foncier en 2025.
Chaque année amène son lot d’augmentations et de nouvelles taxes à #Nice06.
— Eric Ciotti (@eciotti) September 16, 2024
Ce n’est plus soutenable pour le pouvoir d’achat des Niçois et des Niçoises.
Signez la pétition ⤵️
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"Je veux mobiliser les habitants" justifie-t-il. Les paraphes seront recueillis sur la plateforme MesOpinions et sous format papier : autant dire qu'un tel dispositif a des chances très improbables de réussir. D'abord, puisqu'il pourrait être falsifié avec une grande facilité, c'est même une tradition politique. Ensuite, parce qu'on n'imagine pas la cinquième ville de France moduler sa fiscalité sur la base de pétitions. Mais l'objectif réel est ailleurs.
"Services publics dégradés, équipements lamentables"
Eric Ciotti estime que "les Niçois sont intoxiqués. On leur présente les choses n'importe comment, elles sont noyées au milieu d'un tas de diversions… La communication municipale fait le reste". Et de dénoncer "les achats de publicités à 40.000 euros la page" dans Nice-Matin. En réalité autour de 6000 euros un jour de semaine et 7500 euros le samedi, le triple en édition départementale, nous indiquent des sources internes à la communication et la direction du journal. Qu'importe la douloureuse, "nous demanderons des comptes, quitte à faire des recours en justice pour les obtenir".
Histoire de financer ce recul des impôts, le camp Ciotti dénonce les grands travaux - tous proches de leur inauguration, donc en fait inarrêtables… - et leurs surcoûts, liés "à un manque flagrant de compétence, un défaut évident de management" du côté de la Métropole. Avec un brin de populisme, pas toujours fautif par ailleurs, le député a encore dénoncé "les salaires de collaborateurs disproportionnés, les oeuvres d'art achetées à prix d'or auprès d'artistes choisis, les grands événements champagne et paillettes, les voitures de fonction…" Sans oublier de tacler, selon lui, "l'état lamentable des équipements publics - les écoles, les gymnases…- et la hausse de tous les services publics locaux".
À quand un projet ?
D'évidence, cette pétition ne changera rien, mais elle aura le mérite d'occuper le terrain et de présenter un député mobilisé pour Nice, alors que certains lui reprochent son omniprésence sur les plateaux TV parisiens.
Recueillir des centaines voire des milliers de signatures permettra de compter ses ouailles, de s'implanter davantage dans les quartiers, et peut-être d'enrôler des militants. Un courrier doit d'ailleurs être envoyé "à chacun des riverains dans les jours à venir". Au vu du prix de l'idée, la campagne électorale est bel et bien lancée. Avec pour lui une urgence, appuyée par beaucoup de Niçois selon la dernière consultation de Nice-Presse : sortir de la critique rituelle pour entrer dans les propositions concrètes. Grandes absentes, pour l'heure.
La Ville a réagi dans la foulée, avec ce message rédigé par l'ancien adjoint aux finances Philippe Pradal : "Après avoir augmenté les impôts du Département et avoir voté contre la suppression de la taxe d'habitation, le député lepéniste Eric Ciotti a le toupet de parler de pouvoir d'achat. Le supplétif de Marine Le Pen est aux aguets, et il en est réduit à mentir pour exister."
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