Pour sa nouvelle "cause collection", cette marque de vêtements engagée veut "ouvrir le débat sur les bavures dans les forces de l'ordre". Ses deux fondateurs niçois ont choisi Nice-Presse pour expliquer leurs intentions.
L'initiative fera forcément parler, dans une ville où un policier était mis en examen le mois dernier après avoir abattu un délinquant. Un fait-divers qui avait vu Nice se tendre, droite et extrême droite se mobiliser.
Pourtant, Thomas et Walid, les deux créateurs, ne comptent pas surfer sur l'affaire pour leur marketing. "Ce que nous voulons avec notre nouvelle collection, c'est ouvrir un débat, faire dialoguer les gens. Pas marteler un point de vue ou juger la police" expliquent-ils tous les deux lundi 24 octobre.
Jaccuse, on vous en parlait dans cet article à l'occasion de son lancement, en 2020. L'idée, c'est de proposer aux jeunes (mais pas que) des vêtements de qualité, dans les tendances du moment, avec un vrai engagement.
"On ne tape pas sur la police, mais sur les violences policières"
Walid, co-fondateur de Jaccuse
Une partie des bénéfices de chaque vente est reversée à une association. Chaque collection met la focale sur un sujet de société. La première, orange, dénonçait les violences faites aux femmes. La niçoise Simone Veil les a inspirés. La deuxième, beige, le harcèlement scolaire. Pour la troisième, cap sur "j'accuse avec chic, des arrestations chocs". Bleue, évidemment.

"Peur du flic"
"On parle à des jeunes qui, pour beaucoup, ont grandi avec la peur du flic" entame Thomas. En nuançant tout de suite : "avec des torts de tous les côtés : les parents qui sont parfois démissionnaires, les policiers qui se font emmerder à longueur de journées…"
"Le sigle ACAB (tous les flics sont des bâtards, ndlr), c'est absurde. Qui dans sa vie n'a pas vu à quel point leur travail est capital pour tout le monde?"
Thomas, co-fondateur de Jaccuse
"Certains en font un tabou, mais les violences policières, c'est un débat comme un autre. Communiquer là-dessus, c'est déjà commencer à trouver des solutions" avance-t-il.
Même topo du côté de Walid : "Un fossé s'est creusé entre la police et une partie de la population, surtout les minorités, avec souvent un manque de confiance. Mais notre idée n'est pas de dire que c'est forcément de sa faute".
Les deux rejettent le terme de "violences systémiques" et tout comparatif avec les forces de l'ordre américaines. "Les bavures, c'est une minorité de flics, souvent dénoncées par leurs collègues eux-mêmes".
Streetwear de luxe

Ça, c'est pour le message. Côté vêtement, Jaccuse a fait un bout de chemin.
Les nouveaux produits, toujours non genrés, "ont été affinés, sont plus chics. On a bien avancé sur la promesse du streetwear de luxe". La coupe est soignée, le slogan est brodé plutôt que floqué. Les tee-shirts sont à 50 euros, le hoodie à 120.
Les ventes se font toujours via le site internet, et la communication sur les réseaux sociaux : beaucoup Instagram, et de plus en plus sur TikTok, avec des influenceurs approchés par une agence de communication locale.
Dans les mois à venir, Jaccuse compte bien s'exporter, sans renier ses valeurs.
"On pense que les pays du monde n'ont pas la même histoire, mais les mêmes problèmes". La marque niçoise entend débarquer prochainement en Australie.
Pratique
Jaccuse sur Instagram, Facebook et Twitter
Découvrir la collection Chic & Choc sur leur site