Deux collectifs niçois ont rendu hommage ces derniers jours à Emmanuelle Badibanga. Il y a trois ans, elle avait été retrouvée morte aux Seychelles, dans des circonstances mystérieuses.
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Des dates et des mots, pour ne pas oublier. Voici le sens du message passé par deux collectifs militants niçois ces derniers jours. En vous baladant à proximité du 109, vous avez peut-être remarqué ces collages disposés sur le toit du bâtiment et la fresque sur le mur de la rue Georges-Chapel.
Ils sont l'œuvre respectivement de "Collages féministes" et de la "Team Quoicoubeh!", et rendent hommage à Emmanuelle Badibanga, tel que repéré par Nice-Matin. En avril 2021, la jeune femme avait été retrouvée pendue dans une chambre du Club Med de l'île Sainte-Anne, aux Seychelles, lieu où elle séjournait avec son compagnon.
Son compagnon acquitté en 2022
Ce dernier, le street-artist niçois Thomas Debatisse connu sous le pseudonyme d'Otom, a été suspecté de son meurtre pendant un temps. Il a ainsi passé près de onze mois en détention sur ce territoire de l'océan Indien, entre juin 2021 et avril 2022. Ayant toujours clamé son innocence, il a finalement été acquitté par la cour suprême seychelloise.
Ses proches et sa famille n'ont jamais cru à la thèse du suicide, un point conforté par l'autopsie réalisée sur place, qui assurait qu'Emmanuelle Badibanga avait été tuée. Un constat contredit ensuite par l’examen médico-légal effectué dans la capitale maralpine. Une autopsie pratiquée plusieurs mois après les faits.
Trois ans après la mort de cette ancienne gérante d'un lieu dédié à l'événementiel, La Passerelle, au Port Lympia, les deux organisations ne voulaient pas qu'elle tombe dans l'oubli. Dans un premier temps, des membres du collectif des colleuses niçoises ont apposé les lettres composant le nom de la disparue, ainsi que ses années de vie : 1988-2021.
La suite, une rue à son nom ?
Un hommage, mais surtout une prise de position. "Nous déplorons que son nom ait disparu de la circulation et qu’aucun “femmage" (un hommage féminisé) n’ait été organisé en sa mémoire", a regretté l'association sur son compte Instagram. Cette dernière évoque "un féminicide, comme cela se passe un jour sur deux en France".
Sur l'une des façades du 109, ce sont des personnes de la "Team Quoicoubeh!" qui ont repris la même formule, mais en peinture. Le centre a été choisi pour représenter "toutes les cultures contemporaines de Nice dont Emmanuelle était la plus grande défenseuse", a détaillé l'organisme spécialiste des collages féministes.
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Il invite celles et ceux voulant honorer sa mémoire à venir se recueillir devant la fresque en y déposant des fleurs ou un mot. Les militantes, après avoir remercié La Ville et les services techniques du pôle culturel pour la préparation du mur où se situe le dessin coloré, espèrent que la voie sera un jour rebaptisée "rue Emmanuelle-Badibanga".