- Vous lisez un épisode de “Saint-Roch, la reconquête de l’Est”, l’un des dossiers de Nos Quartiers, le magazine qui parle de vous.
Saint-Rochois dans l'âme et dans le coeur, Gérard Parodi, 69 ans, a assisté aux premières loges à l'évolution de son quartier.
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Installé sur la terrasse de Ma Cave en cette matinée ensoleillée avec son café serré, impossible de passer inaperçu aux côtés de Gérard Parodi. "Ciao bello, comment vas-tu ?" lance-t-il à un passant. Et ça, toutes les cinq minutes. "Salut grand, ça va ?", "Oh Francky !"
Il faut dire que le jeune retraité a tout connu dans ce quartier de Saint-Roch, son chez lui, là où il est né, là où il a grandi, là où il s'est construit et là où il prend désormais du bon temps, après une riche carrière de commerçant.
"J'ai tenu pendant 43 ans l'actuel magasin Assistance Moto Service qui appartenait déjà à mon père, rappelle-t-il. Et puis j'ai fini par prendre ma retraite il y a quatre ans." Si la question de faire ses valises et de changer d'air lui a parfois traversé l'esprit durant sa vie, Gérard Parodi a toujours eu cette même réponse.
Oeuvrer pour préserver l'héritage de Saint -Roch
"Pour aller où, dans quel autre quartier de Nice ? Alors oui, on a tendance à dire que c'était mieux avant. C'est sûr que petit, c'était plus calme, il y avait de la tranquillité, des terrains vagues, même si je suis trop jeune pour avoir connu les champs d'orangers, sourit-il.
L'arrivée du tram a permis aux habitants de se déplacer plus facilement. Et puis à Saint-Roch, vous avez quand même cet héritage qui est préservé. Même si cela se perd, il m'arrive encore de parler niçois quand je croise des anciens. J'ai des amis qui sont partis pour des raisons professionnelles pendant 10, 15 ans, et qui ont tous fini par revenir !"
"J'ai des amis qui sont partis pour des raisons professionnelles pendant 10, 15 ans, et qui ont tous fini par revenir"
À l'origine de l'association des commerçants Apil Saint-Roch, "sur un coup de tête avec le pharmacien, l'opticien ou encore Philippe Desjardins, qui avait un magasin de vêtements", le Niçois a oeuvré à la vie culturelle du quartier, plus difficile à mener aujourd'hui, pendant de nombreuses années.
"Sous l'impulsion notamment du groupe Nux Vomica, originaire du quartier et qui a créé le Hangar Saint-Roch, puis le carnaval indépendant. Louis Pastorelli, le père du groupe, a aussi permis d'organiser la fête de la musique et s'est produit dans les anciens abattoirs."
Accepter l'évolution du quartier
Une mise en lumière du quartier, qui s'est accentuée au cours des vingt dernières années, avec l'essor du pôle étudiant Saint-Jean-d'Angély, qui a dynamisé les lieux, avec la présence de nombreux jeunes.
"De nouvelles infrastructures ont été déployées, comme le cinéma ou la vieille caserne qui a été rénovée pour accueillir la Maison des Sciences de l'Homme." Une nouvelle population, qui a densifié encore davantage la circulation, l'un des points noirs du quartier selon lui.
"Mes deux enfants ont grandi ici, ils n'ont jamais eu de problèmes. Saint-Roch n'est pas un coupe-gorge. Mais le soir, sur la place, c'est autre chose…"
"Saint-Roch est surpeuplé, les gens ne savent plus où se garer et quand on sait que maintenant, il y a parfois trois véhicules par foyer, cela créé des nuisances, comme dans ma rue, à Roquebilliere, où de 16h30 à 19h30, ce sont des files de voitures permanentes."
Ce qui engendre également des problèmes de stationnement. "Au début, j'étais comme tout le monde, je ne voulais pas payer, dans l'un des derniers coins de Nice sans parcmètre. Mais avec le temps, j'ai changé d'avis. Cela permet d'éviter les voitures épaves, ce qui libère des places, comme dans le nouveau parking Vauban."
Trouver des solutions face à l'incivisme
Face aux problèmes d'insécurité souvent pointés du doigt par certains riverains, le père de famille se montre plutôt nuancé. "Mes deux enfants ont grandi ici, ils n'ont jamais eu de problèmes. Saint-Roch n'est pas un coupe-gorge. Il n'y a pas plus d'insécurité que dans d'autres quartiers de la ville, affirme-t-il.
Pour les riverains de la place, c'est autre chose. Un soir, en sortant du restaurant Le Bouchon avec ma femme, qui est bien à 200 mètres, aux alentours de 22 heures, nous avons entendu des hurlements. C'est comme ça tous les soirs. Et si tu descends pour leur dire d'arrêter…"
"La journée, vous avez tous ces petits vieux, qui échangent en niçois sur les bancs à l'ombre avant le déjeuner."
Pour y remédier, le retraité préconise des rondes de police plus régulières, même s'il a conscience "qu'une fois partis, les nuisances recommencent dans la foulée."
"Des barrières ont été installées autour de la place pour éviter que les scooters ne traversent trop vite. J'ai été le premier à le faire plus jeune, mais au ralenti et en longeant discrètement le mur de l'église…"
Un lieu de vie pourtant prisé par les résidents la journée, autour de l'incontournable marché et ses nombreuses petites mains, comme Nicolas Nassi, Thierry Bayard, ou encore Souhaïla Daoui et Claude Nassi.
"La journée, vous avez tous ces petits vieux, qui échangent en niçois sur les bancs à l'ombre avant le déjeuner, image la figure du quartier. C'est ça Saint-Roch, beaucoup de vie."