Universités fermées, vie sociale réduite à peau de chagrin, difficultés à trouver un job de complément… Pas simple de s'en sortir pour une bonne partie des 45.000 étudiants niçois.
Pour leur venir en aide, la Ville a adopté vendredi une série de mesures constituant un plan d'action solidaire dont le but est de venir en aide aux étudiants sur le plan matériel et psychologique.
Ces mesures, plus qu'un coup de pouce momentané, "ont vocation à perdurer et à s’inscrire dans le temps", a indiqué Graig Monetti, l’adjoint au maire en charge de la jeunesse.
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Soutien économique…
Consciente du gros effort financier nécessaire pour se loger en ville, la municipalité compte livrer 475 appartements et chambres adaptés aux étudiants et souhaite développer les collocations et le logement intergénérationnel.
Nice reste la ville la plus chère pour les jeunes en province d'après l’UNEF, avec un budget mensuel de 600€ à prévoir.
À cela s'ajoute la création de restaurants solidaires (l'un d'eux a ouvert ses portes rue Alsace-Lorraine, issu d'un partenairiat entre la Ville et la FACE 06) et le développement d'épiceries destinées aux plus fragiles.
[ OUVERTURE D'UN RESTAURANT SOLIDAIRE A NICE ]
Retrouvez l'interview d'@BaudouxAmaury, président de la FACE 06, sur @F3cotedazur, ce jeudi 14 janvier. pic.twitter.com/RhwMcinJRk
— FACE 06 (@FACE_06) January 15, 2021
Confirmant un engagement de campagne de Christian Estrosi, la mise en place de la gratuité des transports en commun les week-ends pour les 18-25 ans a été confirmée, dès la fin des restrictions sanitaires.
"C'est extrêmement compliqué de tenir financièrement"
Marine, 22 ans, est étudiante en première année de master en sciences politique à l'Université Côte d'Azur, et travaille parallèlement en tant qu'extra dans une boutique de vêtement. Durant les deux premiers confinements, elle n'a pas pu travailler, et n'a pas touché de chômage partiel : "Ça a été extrêmement compliqué pour moi de tenir financièrement".
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Les jeunes qui travaillent à côté de leurs études sont souvent dans des domaines jugés non-essentiels comme la restauration ou le prêt-à-porter. Ils sont donc très vulnérables financièrement durant cette crise".
"Avec la peur d'un troisième reconfinement et de ne plus pouvoir travailler, j'ai augmenté mon nombre d'heures de taf. Mes cours en pâtissent, mais je n'ai pas le choix".
À ce sujet, la sénatrice LR et conseillère municipale de Nice Dominique Estrosi-Sassone plaide dans nos colonnes pour l'instauration d'un "revenu minimum", capable d'éviter, notamment, aux jeunes de voir leur job de complément nuire à leur cursus.
…mais aussi psychologique
Contraints de suivre les cours depuis leur écran d'ordinateur, les étudiants souffrent depuis des semaines du manque d'interactions sociales. Pablo, 20 ans, étudiant en 3ème année de SVT à l'Université Côte d'Azur, le vit plutôt mal. Seul dans son appartement depuis le début du premier confinement avec la quasi-totalité de ses cours en distanciel, il a du mal à s'accrocher.
"C'est vraiment dur de tenir pour finir l'année"
"Honnêtement c'est assez compliqué. Le fait d'avoir une vie sociale très réduite n'aide pas à relâcher la pression. Ma motivation est de plus en plus réduite, c'est vraiment dur de finir l'année".
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Pour lutter contre l'isolement et le décrochage scolaire, la Ville envisage le recrutement de 1.000 tuteurs pour accompagner ceux qui en ont le plus besoin.
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Démarche saluée par Mathilde, 21 ans, étudiante en master d'histoire des sociétés contemporaines, qui se dit très contente que "l'importance des tuteurs soit prise en considération" avant de souligner qu'"on s'en sort par le collectif".
Une ligne téléphonique d'écoute dédiée qui permettra de dialoguer avec des psychologues sera également mise à disposition. "Il n'y a ni honte ni gêne à parler de son mal être", a affirmé l'adjoint en charge Graig Monetti, qui espère que les jeunes concernés n'hésiteront pas à composer le numéro.
Malgré les efforts de la mairie, Pablo doute évidemment qu'elle réussisse tout de suite à régler ce problème "dont les causes sont multiples". Pour lui, la seule solution vraiment efficace serait "la réouverture, même partielle, des universités pour pouvoir au moins se raccrocher à ses études en ces temps difficiles".
Même chose pour Marine, qui regrette que ces initiatives "arrivent un peu tard. Il y a six mois, on stigmatisait les jeunes parce qu'il était prétendu que nous étions ceux qui propageaient le plus le virus."
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"Les villes et le gouvernement doivent avoir foi en la jeunesse, et investir massivement dans les universités. Proposer des tuteurs, ça ne règlera pas toutes les causes du problème".
Mathilde, elle, rappelle que "les raisons du mal-être étudiant ne se résument pas toutes aux conséquences du Covid" et qu'"elles sont bien plus anciennes et bien plus profondes".
L'association étudiante, bien que saluant l'initiative, déplore dans un communiqué signé par son responsable Andrea Orabona "le manque de concertation de la mairie auprès des autres associations représentatives des étudiants". La Ville n'aurait en effet eu qu'un seul interlocuteur, la FACE 06 (Fédération des Associations et Corporations Étudiantes) dans la construction de ce projet. L'UNI propose notamment la mise en place d'un" ticket resto étudiant", à même de soutenir étudiants comme commerçants locaux.