Voici plusieurs semaines que Nice-Presse vous propose un dossier spécial d'une trentaine de reportages tous consacrés au quartier Saint-Roch. Après avoir échangé avec une kyrielle de riverains et de commerçants, nous avons relayé vos principaux retours auprès de Jean-Marc Giaume, l'adjoint au Maire chargé de ce territoire. Entretien.
- Découvrir le dossier complet : Saint-Roch, la reconquête de l’Est
Nice-Presse. On dit bien des choses de Saint-Roch : comment vous le définissez, vous, ce quartier ?
Jean-Marc Giaume : C'est le village des irréductibles niçois. Il vit quelques perturbations contre lesquelles nous travaillons. Mais c'est un quartier qui a gardé toute son identité. Il y a quelques années, la messe en niçois a rassemblé 400 personnes. Certaines sont venues sur la messe, toutes pour le plaisir d'être ensemble. Saint-Roch, ce sont des Niçois de vieille souche et de nouveaux arrivants qui s'intègrent, dans l'ensemble, plutôt bien.
À quoi ressemblera-t-il dans 10 ans ?
À une zone résidentielle. Les entrepôts et les bâtiments vétustes tombent, et les promoteurs les remplacent par des immeubles neufs. Ce ne sont pas des terrains qui sont bétonnés, ce sont des vieilleries qui sont largement requalifiées.
Quitte à voir l'urbanisation galoper ?
Il faut des logements pour les jeunes actifs, qui sont attirés dans ce quartier par son attractivité, et qui trouvent ici des biens abordables. Sans oublier les étudiants, qui auront accès d'ici deux ans à deux nouvelles résidences neuves. Ces nouvelles populations vont redynamiser, aussi, Saint-Roch.
Les infrastructures sont-elles suffisantes pour les enfants ?
Les écoles oui, il y a des classes qui restent libres. Le collège Jean-Giono doit être aggrandi. C'est une compétence du Conseil départemental mais nous comptons l'y aider. Le permis de construire sera examiné avec diligence. Et pour le plateau sportif qui est envisagé, si les associations y ont accès, nous financerons. Je ne suis pas dupe des jeux politiciens mais je le dis : si on aime Saint-Roch, il faut travailler ensemble, vite et bien, à chaque fois que cela sera possible.
Je précise que cet été et le suivant, l'école près de l'église sera rénovée. D'abord, ses façades intérieures, puis celles donnant sur la ville. Par ailleurs, nous poursuivons les nombreuses actions menées avec les enfants, les sorties et les ateliers autour de notre culture locale et du souvenir. La transmission est capitale et j'y tiens beaucoup.
Bien des riverains se plaignent du manque de stationnement, ou du fait que les nouvelles places seront payantes. De même, ils trouvent que les verbalisations sont parfois abusives, notamment autour du marché…
Les choses s'améliorent plutôt à ce niveau là. Nous luttons contre les voitures ventouses, il y en a de moins en moins. Le payant permet de voir des rotations s'opérer, il est donc plus simple de se garer. Les abonnements sont très accessibles aux riverains, et les étudiants ont une offre adaptée qui n'existait pas il y a quelques années. Nous rachetons le parking Laure-Ecard : d'ici à la fin de l'année, une heure sera gratuite.
On nous parle de beaucoup d'incivilités, notamment liées à la propreté. Ça s'améliore vraiment ?
Il y a l'action de la collectivité et le comportement des gens. Pour ce qui est de la Ville, je rends un hommage appuyé à l'action des agents de la Propreté qui se démènent alors que leur quotidien n'est pas simple. Les choses vont mieux autour de Vauban et Saint-Jean-d'Angely.
Et plus au Nord du quartier, il paraît que ce n'est pas le cas ?
Je suis chargé du territoire qui s'étend jusqu'à l'avenue Denis-Semeria. Là, ça va.
Le marché serait en déclin, d'après des habitants mais aussi l'élu du Département Bernard Chaix, qui appelle à le redynamiser. Qu'en pensez-vous ?
Je ne vais pas entrer dans des polémiques avec le Département. On agit pour ce qui est du marché. Les bâches et les bornes ont été remplacées. Ça a pris du temps mais vous savez, cela coûte cher. 120.000 euros en tout. Tout ne se règle pas d'un claquement de doigts. On a investi pour qu'il continue de donner envie, même si les habitudes de consommation ont changé. Bien sûr que nous pourrions attirer de nouvelles activités au marché. L'adjoint au Maire délégué aux commerces Franck Martin a été chargé d'une mission à ce sujet.
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Les mêmes disent que la sécurisation de la place serait un demi-échec, parce que les motos et scooters peuvent toujours y faire des rodéos. Les quelques barrières ajoutées n'y ont rien changé…
On ne peut pas toujours faire ce que l'on veut. L'architecte des bâtiments de France et les pompiers ont retoqué une partie de notre projet, pour des raisons esthétiques et pratiques. Pour ce qui est des nuisances, des ralentisseurs ont été placés dans les rues proches, les ASVP veillent, les patrouilles de la police municipale sont intensifiées, et les verbalisations sont dressées dès qu'il le faut. Je rappelle que le dernier qui a adopté une conduite dangereuse sur la place a terminé en garde à vue.
Deux chantiers ont été annoncés, l'ouverture d'une zone sportive végétalisée en face de la bibliothèque de l'Université, et la rénovation de l'église. Avec quels calendriers ?
Pour la zone sportive, le projet n'est pas encore tout à fait validé mais j'espère qu'il sera livré d'ici à la fin du mandat, avant 2026. Ce n'est pas un énorme chantier. Pour ce qui est de l'église, c'est la procédure, il y a plusieurs mois d'études. Les travaux seront lancés l'an prochain. Ils dureront environ deux ans.
Des commerçants regrettent que l'arrivé de centaines d'étudiants n'ait, au final, pas apporté grand chose à l'activité du quartier.
Je dis deux choses. Déjà, qu'un projet d'extension est prévu, avec un campus santé porté par l'Université Côte d'Azur, qui attirera 4.000 nouveaux jeunes. Ensuite, que c'est aux commerçants de saisir les opportunités. Ils n'ont qu'à proposer davantage d'offres dédiées aux étudiants et ils verront la différence. D'ici 2-3 ans, nous verrons tout ce que le campus apporte. Cela prend du temps.
Certains s'inquiètent d'une multiplication de commerces dits communautaires, vous aussi ?
Non. Il n'y en a pas tellement et ils sont contrôlés comme le sont toutes les activités. On parle d'enseignes privées. La critique est facile. Je dis aux gens du quartier : vous n'avez qu'à proposer des choses. Des locaux vides, on en trouve. Alors lancez-vous !
Tout le monde nous parle d'une probable extension du centre de rétention des étrangers en attente d'expulsion, le CRA. La caserne Auvare passerait de 40 à une centaine de places d'ici 2027. Que dites-vous aux très nombreux habitants qui s'y opposent ?
Je dis que la mairie de Nice n'a, à date, aucune information selon laquelle le ministère de l'Intérieur compte réellement faire ça à Saint-Roch. Je partage les inquiétudes. Personnellement, j'y suis opposé. La logique serait d'ouvrir un CRA tout près de l'aéroport.