Le nouveau projet autour du Port Lympia et la volonté de la Métropole de Nice de réduire massivement les émissions de CO2 menaceraient plus que jamais les liaisons entre Nice et la Corse.
Parmi les nombreuses activités qui cohabitent au sein du port de Nice (plaisance, services côtiers, yachting, marchandises, pêcheurs…) les liaisons entre la cité azuréenne et la Corse occupent une place importante dans le coeur des Niçois.
Pourtant, il se pourrait que les traversés se raréfient avec le temps, voire disparaissent complètement.
En cause ? La réglementation des émissions des navires mis en place par la Métropole de Nice, imposant 0,1% de soufre dans les carburants contre 0,5% pour la norme internationale.
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D'ici à 2024, les normes imposées évolueront encore, avec des émissions nulles, grâce à l'électrification des quais.
Une volonté affichée par Christian Estrosi, qui a confié dans les colonnes du Point que "les croisiéristes qui ne respecteront pas cette nouvelle réglementation ne pourront plus accoster chez nous."
Même si des efforts ont été déployés ces dernières années, les navires de la compagnie privée franco-italienne, Corsica Ferries, sont dans le viseur du maire de Nice.
Surtout que l'annonce de la mise en place d’une taxe carbone de 60 euros pour les véhicules embarquant sur les ferries l'année dernière est déjà un signal négatif pour l'avenir des liaisons. Une pétition avait d'ailleurs été lancée dans la foulée. L'idée est depuis "en stand-by"…
De quoi inquiéter Gilles Chiorri, expert pour l'agence Yacht Consulting. "Est-ce le trafic vers la Corse subsiste, est-il réduit, est-ce qu'il sera au même niveau ou est-ce qu'on le verra disparaître?"
"La communauté corse n'est pas du tout prête à aller prendre le bateau à Toulon ou à Savone"
Tant d'interrogations qui demeurent pour l'instant sans réponse. Mais pour Thierry Voisin, président de l’European Committee for Professional Yachting (ECPY) et vice-président de l’union maritime 06, la disparition de la ligne Nice-Corse n'est tout simplement pas possible.
"La communauté corse n'est pas du tout prête à aller prendre le bateau à Toulon ou à Savone, assure-t-il.
Et si nous parlons d'écologie, il est important de rappeler que nous sommes à Nice le point le plus proche pour se rendre en Corse. Nous pouvons faire deux allers-retours par jour, alors que depuis Toulon et Marseille, les traversés ne s'effectuent que de nuit."
Le spectre d'un deuxième port à l'ouest
Alors que faire ? Thierry Voisin ressort un vieux serpent de mer : celui de la création d'un deuxième port à l'ouest de Nice. Une idée définitivement écartée par Christian Estrosi depuis des années. Plusieurs élus reçus par Olivier Bettati dans le cadre de la "Mission Port" assurent pourtant que l'idée a été mise sur la table.
"C'est un débat que l'on a depuis près de cinquante ans, mais nous sommes persuadés que nous avons besoin d'un port qui pourrait désengorger le Port Lympia en accueillant les cargaisons et les croisières. Il existe aujourd'hui des ports flottants, notamment en Guyane, que l'on ne savait pas faire à l'époque."
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Pour financer ce vaste projet, Thierry Voisin avance "des fonds d'Etat", "des fonds européens" ou encore "des financements privés."
En attendant, il est encore possible de se rendre en Corse depuis le Port Lympia. Mais jusqu'à quand ?