La messe semblait dite dès lundi. La Métropole Nice Côte d'Azur ne devait pas être une nouvelle fois confinée au vu des indicateurs sanitaires, plutôt encourageants, et de l’accélération de la campagne vaccinale. En visite dans l'un des centres déployés, le président Christian Estrosi avait même espéré "plus de liberté pour les Niçois": "je n'envisage pas du tout un nouveau confinement". Plusieurs médias, dont RTL, annonçaient "une levée des mesures" mercredi, au plus tard jeudi.
Christian Estrosi : « plus de liberté pour les Niçois ce week-end »
Las, à la mi-journée ce 10 mars, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal annonçait un reconfinement partiel du littoral maralpin pour ce week-end : "il y a légitimement une demande de pouvoir assouplir, relayée entre autres par la maire de Nice. Ce que je peux dire, c’est que le taux d’incidence reste élevé, la saturation des réanimations reste élevée."
"Il a été décidé, et c'est une décision difficile, de prolonger le confinement pour ce week-end" Gabriel Attal, le 10 mars 2021
« Un point sera fait la semaine prochaine pour envisager de lever la mesure », a-t-il complété.
Covid-19 : un troisième week-end de confinement décidé dans les Alpes-Maritimes
Christian Estrosi y était tout à fait opposé. Les soignants et de très nombreux bénévoles se sont retroussés les manches tout ce week-end, à l'issue duquel 13.000 habitants de la Métropole Nice Côte d'Azur ont pu être vaccinés, une belle performance.
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Les hôpitaux sous pression
Dans le même temps, les indicateurs sanitaires ont tendance à s'améliorer, comme nous le rapportions dans ce décryptage, avec quelques précautions toutefois : le nombre de nouveaux cas baisse, mais les hôpitaux, et en particulier les services de réa, sont toujours sous tension -- le "léger mieux" y étant vécu en décalage.
"Les bonnes méthodes n’auront décidément pas duré, il n'y a plus de concertation" Députée Marine Brenier
Pour justifier sa décision, outre ce dernier point, M. Attal a défendu l'efficacité des restrictions, avec un taux d'incidence en baisse de 22% dans les Alpes-Maritimes. Sauf que "le dépistage a aussi significativement baissé. Moins on cherche (sic), moins on trouve, si bien que le taux de positivité est relativement stable depuis plusieurs semaines -- et élevé, autour de 10%" relève Guillaume Rozier de CovidTracker sur Twitter. "L'incidence diminue, mais la baisse a commencé le 24 février… soit trois jours avant la mise en place du confinement".
Au 9 mars, 719 personnes sont hospitalisées pour Covid-19 dans nos hôpitaux, 126 en réanimation. 12 évacuations sanitaires ont été effectuées ces deux dernières semaines, rappelle le préfet.
Opposition de la "quasi-totalité des élus locaux"
Après l'étonnante annonce, bon gré mal gré, Christian Estrosi a "pris acte" et annoncé le convocation du Conseil local de santé de notre Ville dès ce soir. Tout en réclamant au préfet une autorisation de sortie de trois heures au lieu d'une seule actuellement.
Je prends acte de la décision de prolonger le confinement weekend prise par @gouvernementFR même si ce n'était pas ma recommandation. Je réunis ce soir le conseil scientifique @VilledeNice pr recueillir son avis sur des mesures permettant de favoriser des activités d'oxygénation. https://t.co/5v3o4oVHNL
— Christian Estrosi (@cestrosi) March 10, 2021
"Absurdistan"
La députée LR des Alpes-Maritimes Marine Brenier n'a pas accueilli la nouvelle avec beaucoup d'enthousiasme, soulignant l'opposition de la "quasi-totalité des élus locaux". "Les bonnes méthodes n’auront décidément pas duré, il n'y a plus de concertation" tacle-t-elle encore.
La quasi-totalité des élus locaux y étaient opposés, mais nous apprenons par le porte-parole du @GouvernementFR que les Alpes-Maritimes seront reconfinées pour un week-end supplémentaire. Les bonnes méthodes n’auront décidément pas duré, il n'y a plus de concertation. https://t.co/CrSgDQNK1t
— Marine Brenier (@marinebrenier) March 10, 2021
Même franche circonspection du côté de de Charles Ange Ginésy, notre président du Conseil départemental : "je regrette cette décision prise en dépit des réalités territoriales et du constat que nous pouvons d’ores et déjà dresser : l’efficacité sanitaire du confinement partiel est encore à prouver et n’a montré jusqu’ici qu’un effet très limité".
Tout en ajoutant : "en lieu et place d’un confinement stérile, je demande au gouvernement de nouvelles livraisons massives (de doses). Si l’on prive une nouvelle fois les Maralpins de leur liberté, cela ne doit être qu’à un prix : vacciner massivement".
"Le Paris-Nice, cyclistes, peloton et caravane, arrive ce week-end dans une ville et une région où on interdit aux gens de sortir ?! C'est quoi la logique ? Absurdistan…" a relevé sur les réseaux sociaux le présentateur niçois de BFMTV Alain Marschall.
Un confinement local très critiqué
Impossible de déceler rapidement les éventuelles conséquences positives de la mise en place du confinement partiel : « Il faudra attendre au moins quinze jours pour le savoir » expliquait le professeur Carole Ichai du CHU de Nice le 3 mars, avant que le professeur Cohen évoque, lui, « trois ou quatre semaines au moins ».
Les autres élus azuréens, pourtant eux aussi confrontés à une situation très compliquée dans leurs propres hôpitaux, sont tombés à bras raccourcis sur Christian Estrosi, qui avait à l'origine demandé lui-même ce reconfinement au ministre de la Santé Olivier Véran, alors en visite à Nice. Dans nos colonnes, le maire de Villeneuve-Loubet Lionnel Luca avait même tempêté contre "des mesures de flicage absurdes, racoleuses et clientélistes".
Ce mercredi 10 mars, le maire de Grasse Jérôme Viaud a réaffirmé sa "position constante" sur France 3 Côte d'Azur : "la vraie solution est une immunité collective plus grande, une vaccination plus large et non ces bricolages de confinements partiels qui ne servent à rien et qui handicapent la vie et l’économie sans enrayer la propagation du virus."
Un commentaire
Un préfet non élu aux ordres d'un état composé
de fonctionnaires Parisiens qui décident, contre l'avis de tous nos élus locaux, le confinement pour le bord de mer niçois. M
ais évidemment pour Paris et sa banlieu pas de confinement.