Newsletter gratuite
Commentaire — Dans le Sud-Est, face à un Rassemblement national au plus haut dans les sondages, la droite s'enlise, depuis plusieurs semaines, dans une guerre fratricide incompréhensible pour les électeurs.
Stratégiquement, ils se baladent. Depuis le début du mois de mai, bien malin l'électeur qui aura tout compris à ces histoires d'attributions et de retraits d'investiture.
Le président sortant Renaud Muselier (LR), est sans surprise candidat à sa réélection pour les régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le 2 mai, le Premier ministre Jean Castex annonce le soutien de La République en Marche à la liste de droite. Le même jour, Les Républicains retirent son investiture à Renaud Muselier. Avant de lui ré-accorder deux jours plus tard.
Lire aussi Renaud Muselier en déplacement à Nice "au pire moment de sa campagne"
Le cirque était-il terminé ? Il faut croire que non. Lundi 17 mai, la fédération Les Républicains des Alpes-Maritimes — la plus importante de France — menée par le député Éric Ciotti décide de faire sécession en retirant, une nouvelle fois, son investiture à Renaud Muselier.
À Paris, le parti maintient la sienne.
"Éric Ciotti poursuit son œuvre de démolition de notre famille politique et sera le seul responsable en cas de défaite"
Pierre-Paul Leonelli, vice-président LR du Conseil régional Paca
Dans le 06, Christian Estrosi sera tête de liste LR… après avoir démissionné du parti le 6 mai dernier. Fidèle à sa ligne politique, le maire de Nice s'oppose à la dérive vers l'extrême-droite de son ancienne formation, menée, d'après lui, par son adversaire Éric Ciotti. Comme il y a quelques années, les gros élus azuréens se retrouvent écartelés entre les deux hommes les plus influents du département. Et si le parti sautait avant même l'élection ?
Tu t’égares @ECiotti et cela fait le jeu de @ThierryMARIANI. Tu dénonces une liste de rassemblement dans le même esprit de celle que tu as soutenu aux municipales à #nice06. Il reste 1 mois pour se ressaisir et éviter le pire… https://t.co/ooa3lKXINC
— Anthony Borré (@anthony_borre) May 17, 2021
Incapable de faire plier la #CNI de @lesRepublicains dont il est président, #Ciotti prend donc en otage sa fédération pour faire campagne contre @RenaudMuselier. Il fait quand même tout pour être désigné meilleur militant de la victoire de #Mariani dans le Sud. pic.twitter.com/hdLs3pKmOS
— Anthony Dugrain (@ADugrain) May 17, 2021
Il faut croire que cette dynamique de défaite ne profite pas à l'exécutif sortant. Dans cette comédie de boulevard à base de portes qui claquent et de retournements, Renaud Muselier ne parvient pas à rendre la défense de son bilan, plutôt salué, réellement audible. Et alors que les questions de sécurité semblent être celles qui préoccupent le plus les électeurs, son plan "Région Sûre" voté en toute fin de mandature ne s'impose pas face aux propositions coup de poing de la liste RN. Plusieurs sondages accordent déjà une victoire à la formation lépiniste dans toutes les configurations testées.
Lire aussi En Paca, la délinquance et l’immigration préoccupent les électeurs (sondage)
La balkanisation des Républicains dans le Sud-Est ne bénéficie en définitive qu'à elle. À sa tête, Thierry Mariani fait son petit bonhomme de chemin, sans aucune opposition. Ancien ministre, compagnon de route des barons de la droite locale avant de passer au RN, qui pourrait sérieusement le faire passer pour le "grand méchant facho" de la campagne ? Certains candidats ont déjà tenté cette "stratégie de la peur"… sans grand succès.
Dans le même temps, la posture de Renaud Muselier n'est pas de la plus grande clarté. Pas vraiment capable de citer une quelconque différence entre LR et LREM, ayant ouvert sa liste à un certain nombre de Marcheurs (15 selon lui, plutôt 37 d'après le décompte du RN), le président-candidat refuse pourtant le terme d' "alliance" avec le parti présidentiel. Alimentant le mécontentement à droite, la frustration au centre et le doute chez les électeurs. Il ne lui reste plus qu'un mois pour inverser la vapeur, en prenant garde aux balles qui sifflent… surtout dans son dos.