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Chaque mercredi, le Secours Populaire assure des maraudes à Nice, de nuit. Une nécessité absolue, face au nombre grandissant de personnes jetées à la rue dans notre ville.
"La soupe est bien chaude ?","il est bientôt là le camion ?" Dans le local de la rue Vernier, les bénévoles s'activent. Comme tous les mercredis soirs, ils préparent les produits qu'ils vont ensuite pouvoir distribuer.

Sandwichs, yaourts, café, eau, kit d'hygiène, couvertures… Avant de partir, c'est le moment du tri. "On vient ici, on prépare tout, puis on charge le camion. En général, on décolle vers 21 h. On rentre vers une heure du matin" explique à Nice-Presse Rimah Dahmani, engagé dans cette cause depuis un an.
Une demande en hausse
Les produits distribués viennent des dons. La quantité varie en fonction des semaines. "Des fois, c'est frustrant de voir qu'il y a si peu… mais c'est déjà bien que certains donnent" confie Gérard Garro, bénévole, tout en remplissant les caisses.
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Des tournées dans les boulangeries sont également effectuées avant le début des maraudes, "mais on doit quand même préparer des plats à côté. Avec le Covid, la production a diminué. On a donc moins que ce que l'on pouvait avoir, par exemple, l'année dernière. On doit s'adapter à ce nouvel environnement" développe Janis Lopez, responsable.
La demande, elle, est bien en hausse. Et pas qu'un peu.
"Depuis la crise sanitaire, on voit beaucoup plus de personnes qui vivent dans la rue. Il y a 'les anciens' qui sont là depuis au moins deux-trois ans, puis 'les nouveaux', qui sont les victimes directes du Covid."
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Un besoin de partage
À bord du camion, les quatre volontaires sillonnent les rues de notre cité, au soir du 3 novembre.
"On tourne, on roule doucement et on cherche. Il y en a certains que l'on voit souvent au même endroit, donc on y va automatiquement" .

"Bonsoir, vous allez bien ? Vous voulez quoi ce soir ? Un sandwich, un café ? Et du saucisson, ça vous plaît, non ?" Ici, au-delà des dons, ce sont aussi de véritables moments de partage qui importent. "On ne sert pas juste des repas, on prend le temps de discuter. C'est important."
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Ces distributions sont une nécessité, surtout à l'approche de l'hiver. Une période particulièrement compliquée. "Ces personnes restent dans la rue, malgré le froid et la pluie… Des centres d'accueil sont ouverts, mais ça reste de l'urgence. Il n'y a surtout pas assez de places" rapporte encore Janis Lopez.
En France, 587 personnes vivant à la rue ou en structure d'hébergement provisoire sont décédées en 2020. Elles avaient en moyenne seulement 48 ans. Depuis le début de l'année, "une dizaine de SDF" sont morts à Nice.