La crise sanitaire a aggravé la précarité partout en France. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, la détresse s'est encore accentuée.
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Le collectif Alerte PACA tire la sonnette d'alarme à propos de l'"ultra précarité".
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Basé sur les analyses de plusieurs associations - Action contre la Faim, Emmaüs, Médecins du Monde, les Petits Frères des Pauvres, le Secours Catholique et Uriopss - l'organisme dresse un bilan glaçant dans notre région.
La perte d'emplois comme cause majeure
Premier constat : la situation s'est dégradée avec la crise sanitaire notamment "par la perte d'emplois". De nombreuses personnes se sont ainsi retrouvées, logiquement, en grave difficulté financière.
Une situation qui impacte le premier poste de dépense : le logement et la possibilité de régler son loyer.
C'est le cas de Pascale, une mère de quatre enfants ayant perdu son travail à cause du Covid-19. Interrogée par Alerte PACA, elle doit faire face à 3.000 euros de loyers impayés à régler avec pour seul revenu le RSA (108 €) et le chômage (300 €).
Une situation qui n'est pas anodine et qui touche "toutes les couches de la société" selon le collectif. Chefs d'entreprises, salariés, indépendants, étudiants, ouvriers, commerçants… 24.000 emplois n'ont pas tenu face à la pandémie, dont 15.000 rien que dans le secteur tertiaire - celui des services.
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La crise n'a épargné personne sur un territoire où le taux de pauvreté est de 17,3%, contre 14% à l'échelle nationale selon les chiffres de la préfecture. Le département des Alpes-Maritimes, lui, atteint 19,6% d'après l'INSEE.
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La crise sociale déjà présente avant le Covid-19 a engendré une hausse des demandeurs de RSA entre décembre 2019 et janvier 2020 : +11,8% dans la région, +21,1% dans le 06, contre +7,5% sur l'ensemble de la France.
Un manque de logements sociaux
Après 5 ans d'attente, Pascale a pu être relogée dans un appartement à loyer modéré : 300 euros par mois. Mais cette solution n'est pas accessible à tous.
Dans une région comptant 850.000 personnes pauvres, un manque de logements sociaux se fait ressentir.
Au total le territoire n'en compte que 12% comme nous vous l'expliquions dans cet article, contre 15% au niveau national. Les Alpes-Maritimes n'en ont que 9%. Conséquence de cette pénurie : des délais d'attente sont extrêmement longs.
Pour ceux qui ne peuvent accéder à un HLM, les dépenses se réduisent alors sur d'autres secteurs.
Jean Stellittano, secrétaire général du Secours populaire dans le 06, le développe : "ils n'arrivent plus à vivre et réduisent le chauffage, renoncent parfois à se chauffer" a-t-il expliqué au micro de France Bleu.
Une demande alimentaire en hausse
Les loisirs et activités sont abandonnés au profit des achats essentiels auxquels il n'est pas toujours possible d'accéder correctement. L'alimentation est un poste de dépense compliqué et beaucoup ne peuvent manger à leur faim.
"Se procurer des légumes, des fruits pour bon nombre de ménages, il faut y renoncer" alerte Jean Stellittano avant d'ajouter : "C'est aussi un problème de santé publique, à terme."
Dans notre département, le Secours Populaire comptait 5.000 bénéficiaires en 2019. Il y en a aujourd'hui… 13.000.
Arriver à des actions concrètes
Pour "connaître, comprendre, analyser les pauvretés au niveau local", le collectif Alerte PACA réclame la création d'un "Observatoire des grandes pauvretés".
Une telle institution pourrait permettre "une meilleure compréhension de (ces) phénomènes" pour "aboutir à des propositions concrètes".
Pour le secrétaire général du Secours Populaire 06, le problème vient d'ailleurs : "Je pense qu'il n'y a pas de prise de conscience au plus haut niveau de la réalité de terrain". Il réclame une hausse des subventions et des aides.
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Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par Internet du 5 au 11 octobre 2021. Échantillon de 3.010 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.