ÉDITORIAL — On ne va pas faire durer le suspens plus longtemps : les élus de Nice Écologique ont refusé de répondre à nos questions pour faire un bilan de leurs six premiers mois au conseil municipal. Un entretien de fond d'une bonne heure leur était pourtant proposé, exactement autant que le temps d'expression accordé au maire Christian Estrosi ou à l'opposition RN représentée par Philippe Vardon.
Ces semaines d'action publique valaient-elles plus un interview qu'un best-of du pire ? Parce qu'il faut dire qu'après une campagne municipale un brin chaotique (Jean-Marc Governatori, tête de liste, a été accusé par Nice-Matin d'être un marchand de sommeil menaçant une famille précaire, avant qu'il ne qualifie plusieurs fois le coronavirus de "sorte de grippe sans gravité"), Nice Écologique a entamé son mandat en fanfare.
À la rentrée de septembre, la conseillère municipale Sylvie Bonaldi a pris la défense d'un jeune homme ayant incendié une antenne 5G à Contes : “Je ne condamne pas (…) Oui, j’approuve ce qu’il a fait (…) il défend l’intérêt général" affirmait-elle sans rire.
Mme. Bonaldi n’est pas à son coup d’essai au rayon des sorties inquiétantes. “Un instrument de soumission”, fait pour “manipuler” le peuple. C’est ainsi qu’elle qualifiait cet été le port du masque sur les réseaux sociaux. “Il ne sert à rien et empêche une bonne oxygénation du cerveau” affirmait-elle encore sérieusement (?). La direction de Nice Écologique s’était désolidarisée dans le foulée, rappelant la nécessité de cette protection. Un rapide saut sur la Facebook (depuis nettoyé) de l’élue permettait de découvrir d’autres posts complotistes et hostiles aux vaccins.
Du même niveau, c'est sur Twitter, dans une sortie (depuis discrètement supprimée) que M. Governatori affirmait faussement en novembre que "la communauté scientifique doute de l'efficacité des vaccins".
Un sens plutôt alternatif de la réalité existerait-il chez Nice Écologique ? Avec une dignité très personnelle, c'est cette fois l'élue écolo Hélène Granouillac qui affirmait le même mois qu'une note officielle avertissait très clairement que les églises étaient menacées de façon imminente par une attaque, quelques jours avant l'attentat de Notre-Dame. Un document qui n'a jamais existé, dénoncent aussi bien le préfet des Alpes-Maritimes que la Ville de Nice.
Cette accumulation d'exemples vous semble longue ? Il y en a pourtant d'autres. Pour ce qui est de compiler les prises de position constructives du deuxième parti d'opposition au conseil, les choses sont bien moins évidentes.
Le groupe a bien de la chance d'avoir dans ses rangs Jean-Christophe Picard, un acteur respecté de la lutte pour l'éthique dans l'action publique. Parce qu'il n'y a pas grand chose d'autre à mettre au crédit de cette formation politique, alors que l'accession d'un groupe écolo au conseil était un mini-évènement local l'année dernière.
Non, tout cela ne valait sans doute pas un entretien d'une heure, finalement.
— Clément Avarguès, directeur de la rédaction (@ClementAvargues)
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