❝ L'invité de Nice-Presse & Nice-Capitale - Robert Roux est l'adjoint au maire de Nice Christian Estrosi, chargé de la Culture.
NICE-PRESSE : Quel bilan tirez-vous de l'opération Mon été à Nice ?
Robert Roux : "Christian Estrosi a eu cette excellente idée, l'année dernière, de faire appel à toutes les associations culturelles, de spectacle, d'art vivant, les musiciens, les institutions, pour proposer des choses à l'extérieur, dans l'espace public.
En 2020, nous avons été hyper surpris du succès de cette initiative, à plus d'un titre : on a pu faire travailler 750 intermittents du spectacle qui auraient peut-être été au chômage sans ça.
Succès auprès de la population, qui a été ravie de voir que dans les quartiers, dans les jardins, c'est la culture qui venait les voir.
Succès aussi pour les artistes qui étaient ravis de présenter leur travail à des gens qu'ils n'auraient peut-être pas pu rencontrer autrement.
"Mon été à Nice a été un booster culturel"
Robert Roux, adjoint à la Culture
Le coup de canon de midi a fait découvrir l'Opéra à une multitude de gens. Ça a été pareil pour Muriel Mayette-Holtz (directrice du Théâtre national et marraine de notre journal, NDLR) qui est partie raconter des contes de Maupassant à Pasteur. Je me suis dit 'elle est gonflée, il va falloir que ça passe'. Et (les habitants) étaient ébahis, tout le monde découvrait ça. Mon été à Nice a été un booster culturel."
Quels changements cette année ?
"On a monté en dose. On a fait travailler 800 artistes et intermittents dans à peu près 40 lieux. On a pu refaire le Festival du jazz, avec une très belle programmation : c'était plein tous les soirs."
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Comment se portent nos musées ?
"On a eu un très bel été, avec une fréquentation en hausse de 15% par rapport à l'été 2019 (mois d'août 2019 : -12%, mois d'août 2021 : +23%) Je tire mon chapeau à nos conservateurs, puisqu'ils nous ont proposé partout des expositions extraordinaires. Je pense aux Amazones du Pop au MAMAC, à Sosno au Musée d'archéologie, Salgado au Musée de la photo, à l'expo Matisse…"
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On a vu ces expos passer dans les grands médias prescripteurs en la matière : Le Monde, Libé… C'est le retour des bonnes critiques, alors qu'elles ont longtemps boudé Nice ?
"Oui, c'est aussi le retour de la qualité de nos expositions. Les journalistes me disent de plus en plus que Nice apparaît comme une ville de culture, ce qui n'a pas toujours été le cas.
Il y a des cités de culture, comme Arles, Avignon… Nous, on était connotés "Côte d'Azur", on nous mélangeait un peu avec Cannes et Monaco. Je n'ai rien contre ces villes, mais bon, ce n'est pas pareil. On n'a surtout pas la même histoire ! La validation de l'UNESCO le prouve.
On a un maire, Christian Estrosi, qui dit des choses que l'on n'entend pas ailleurs : "on met 100 millions d'euros sur la table pour rénover nos musées, l'opéra, nos théâtres…" C'est rarissime.
Deuxième chose : Nice 100% culture à l'école. C'est une mesure qui pèse lourd et qui va bien plus loin que toutes celles dont on peut entendre parler sur l'intégration sociale. C'est le moment d'être avec eux à cet âge-là. Plus âgés, les enfants sont déjà "Cyril Hanouna -nisés", c'est difficile de faire des choses avec eux…"
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Beaucoup de Niçois n'ont pas conscience de la richesse de notre vie artistique. Mon été à Nice a peut-être fait évoluer les choses, mais que prévoir à l'année pour que cela perdure ?
"C'est vrai. Mais ils viennent : 80% des visiteurs de nos musées (51.200) sont issus de la Métropole Nice Côte d'Azur. On a eu très, très peu de touristes. Les médias et la presse nous aident d'ailleurs dans ce domaine."
Assez ?
"Non. Parlons sérieusement : j'ai connu une époque où il y avait une page culture dans Nice-Matin chaque semaine. On aimerait avoir deux pages culturelles sur ce qu'il se passe ici. On a de belles manifestations dans notre ville que l'on ne voit pas dans notre quotidien, ça m'ennuie. (Sinon, Nice-Capitale est un journal intégralement consacré à la culture azuréenne depuis le 20 juillet dernier… NDLR).
Mais il faut surtout parler de l'alignement de planètes que nous avons au niveau artistique ici. Avec des projets formidables menés par Muriel Mayette, le travail époustouflant de Bertrand Rossi à l'Opéra, la transformation de la Villa Arson qui a longtemps été le refuge d'une élite enfermée…"
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Avez-vous des projets pour que les Niçois se tournent davantage vers nos évènements culturels ?
"Mon idée, c'est de continuer. Il faut que la culture se diffuse partout dans la ville."
Le maire pense à un Mon hiver à Nice, paraît-il…
"Oui ! Il veut le faire, c'est dans la même philosophie. La culture doit aller à la rencontre des gens.
Je préfère voir des personnes curieuses qui sortent du boulot et qui vont à l'Opéra, plutôt que celles qui viennent surtout montrer leur robe ou leur dernière tenue dans la salle d'attente… C'est une manière de voir l'Opéra. J'en connais, et pas très loin. C'est une façon de concevoir la culture. Le nôtre, à Nice, est celle d'un Opéra vivant et populaire. Il n'est pas réservé à une élite intellectuelle, pas plus que nos musées.
Les progrès de Nice en matière de culture ces dernières années sont vraiment forts, il faut savoir se le dire."
Quelles sont les grandes dates attendues de la rentrée culturelle ?
"Dès fin septembre, nous aurons Yann Arthus-Bertrand qui sera à l'honneur au Musée de la photographie mais également dans plusieurs lieux de la ville, comme par exemple le Cours Jacques Chirac. C'est un nouveau lieu que nous allons exploiter. Il est très important pour nous, puisque c'est une personnalité majeure de la protection de l'environnement : il y aura donc des expos, des films projetés, des conférences… Lui-même sera parmi nous.
En 2022, il y aura la biennale, sans doute sur le thème des fleurs. Nous allons aussi fêter les 40 ans du musée d'Art Naïf. Celui des Beaux-Arts devrait également signer un partenariat avec le Louvre."
Noémie Meffre avec Clément Avarguès