Principale chance de victoire du Rassemblement national dans les Alpes-Maritimes, la nouvelle femme forte du RN 06 s'est confiée pour Nice-Presse à l'approche du premier tour des élections législatives.
On dit que vous êtes l'une des rares candidates du RN à avoir des chances de gagner par ici. C'est votre sentiment ?
Les chiffres le disent. En 2017, le RN a fait cinq ou six points de moins qu'au niveau national sur la circonscription. Cette fois, on est plus haut. Mécaniquement, nous sommes mieux placés. On a une vraie chance.
Quelle campagne menez-vous ?
Un peu comme la présidentielle. Mon adversaire principale est la parlementaire sortante, qui est macroniste. Je fais du terrain, de la proximité, avec les gens. Comme on l'a fait avec Marine Le Pen, en portant des thématiques fortes : le pouvoir d'achat, les déserts médicaux, la sécurité, l'immigration…
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous n'avez pas d'implantation locale à Menton ?
Je leur dis qu'ils sont de mauvaise foi et qu'il faut ouvrir les yeux. Je pense que tout le monde se pense connu, ce qui n'est pas toujours le cas !
"Damien Rieu ? Je ne vois pas comment il pourrait se maintenir au second tour. J'espère qu'il appellera à voter intelligemment"
Pour Menton, j'y ai beaucoup travaillé, pendant les régionales, la municipale partielle..
Quel regard portez-vous sur la candidature et la campagne du zemmouriste Damien Rieu, face à vous ?
On n'a pas eu d'accord au niveau national. Il y a quelques circonscriptions dans lesquelles il y a une division… mais je considère plus que ce sont des cousins, plutôt que des diviseurs.
Je le connais bien. Jusqu'en décembre, il était salarié sur la campagne de Marine Le Pen.
Il a fait le choix de cette circonscription parce qu'elle est à la frontière avec l'Italie, une zone où il y a beaucoup de problèmes d'immigration et vous savez qu'il est spécialiste sur ces questions-là. Il dit aussi qu'il a une grand-mère mentonnaise…
Mais je ne vois pas trop comment il pourrait se maintenir au deuxième tour. J'espère donc qu'il appellera à voter intelligemment pour le candidat patriote.
Et sur la sortante, Alexandra Valetta-Ardisson ?
Elle n'est pas du tout implantée. Les électeurs ont besoin d'élus de terrain.
Vous ne retenez rien de son bilan ?
Pas grand chose… Elle a, semble-t-il, beaucoup reçu au moment de la tempête Alex dans la Roya. Elle aurait épaulé émotionnellement les élus locaux…
Pour ce qui est des projets territoriaux, vous pourriez pousser certains dossiers ?
Il y a énormément de projets que l'on aidera, notamment dans la vallée des Paillons.
Mais même si Marine Brenier (candidate Horizons dans la 5e circo, ndlr) dit qu'elle inaugure des places de villages… c'est en dehors de ses compétences. Elle n'inaugure rien du tout.
Arrêtons de raconter des bêtises aux électeurs, les députés n'ont pas de pouvoir de décision sur les projets locaux. Ceux qui disent l'inverse mentent.
Il y a également ces rumeurs sur un rattachement de la CARF à la Métropole niçoise (démenties par Christian Estrosi). Qu'en pensez-vous ?
Je m'opposerai lourdement à ce qu'il y ait une fusion entre le Métropole et la Riviera Française, mais aussi à une disparition du Conseil départemental. C'est une structure majeure.
"Arrêtons de raconter des bêtises aux électeurs, nous n'avons pas de pouvoir de décision sur les projets locaux"
Pour le rattachement de Menton, il n'y a pas de logique territoriale forte. Quand on se préoccupe de ce territoire, on se rend vraiment compte qu'entre Villefranche-sur-Mer et Monaco, il y a un rattachement culturel à la Métropole.
Quand on va de l'autre côté, qu'on passe Cap d'Ail ou Roquebrune, il y a une volonté de rester autonome.
C'est pour ça que Madame Valetta, qui n'a pas d'ancrage local, semble assez déconnectée.
Comment aborderez-vous vos futures relations avec la ville de Menton si vous êtes élue ? On dit que le maire Yves Juhel est proche de Christian Estrosi.
Je rappelle que Monsieur Juhel a été élu lors de la première municipale avec les voix du Rassemblement national. D'ailleurs, on avait fait un accord qu'il avait dans un premier temps respecté.
Quand le préfet a annulé l'élection pour demander un nouveau scrutin, Monsieur Estrosi a mis la main sur lui, en expliquant qu'ils devaient faire cause commune, sinon il ne l'aiderait pas.
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L'autre liste était tenu pas Monsieur Ciotti. On s'est donc retrouvés dans un conflit Estrosi-Ciotti dont les Mentonnais n'avaient pas forcément envie. Aujourd'hui, j'ai de très bons rapports avec Yves Juhel, même si on n'est pas d'accord sur le fond.
Ce territoire de la CARF, de l'Est maralpin n'est pas endormi d'après-vous ?
Regardez les élus qui sont en place. Quand vous voyez la moyenne d'âge…Il faut avoir un vrai projet, construit.
"Avec Éric Ciotti, nous avons un socle commun à 90%"
Quand Monsieur Guibal a été élu, dans son premier mandat, puis lors des trois autres, il a beaucoup fait pour Menton.
Mais on fait moins parce qu'on s'endort sur ses lauriers et que l'on ne prend pas des gens suffisamment ambitieux pour la commune dans son équipe.
Vous seriez dans un groupe RN et Reconquête ?
Pour qu'il y ait un groupe RN-Reconquête!, il faudrait des parlementaires Reconquête!, pour commencer. Cela me paraît compliqué pour l'instant.
Vous pourriez travailler avec Éric Ciotti ?
Oui. Je pense qu'il n'y aura pas de grosse difficulté. Nous avons un socle commun à 90%.
Quel sentiment général avez-vous sur la campagne du RN dans les Alpes-Maritimes ?
Je pense qu'on a des bons candidats dans beaucoup de circonscriptions, avec plus ou moins de chance de l'emporter. Ça se passera bien pour le RN dans la troisième, malgré ce qu'il s'est passé (notamment avec Philippe Vardon, candidat ex-RN soutenu désormais par Reconquête, ndlr).
On a des militants qui sont très légitimistes dans les partis politiques et particulièrement au Rassemblement national.
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