Face aux difficultés rencontrées pour respecter la loi sur les logements sociaux, les élus de la Métropole dénoncent un "racket de l'Etat". Nice va contester les pénalités infligées.
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Cela fait plusieurs années maintenant qu'au sujet des HLM notre territoire est en proie à de profondes difficultés. Les communes doivent répondre aux exigences de la loi SRU, Solidarité renouvellement urbain, à savoir proposer entre 20% et 25% de logements sociaux.
Une conférence de presse XXL était réunie le 9 février, et pour cause : cette année, la pénalité majorée serait de près de 10 millions d’euros pour notre ville et au total de 16 millions dans toutes celles de la Métropole*. Nice "a déposé un recours gracieux" pour 2020-22, une période "covidée".
Peu de terrains disponibles, des coûts de construction plus élevés…
Les maires présents l'ont dit et redit : le foncier est rare et cher, en particulier sur la Côte d’Azur. Autres problèmes rencontrés : l’inflation, l’augmentation des taux d’emprunt, la hausse du prix des matériaux, les dotations de l'Etat en forte baisse depuis dix ans…
Avec des exemples concrets : les localités en zones inondables ou protégées qui manquent d'espace quand ce n'est pas le relief (tel le Baou à Saint-Jeannet) qui empêche tout projet, chantiers qui parfois s'enlisent pendant dix ans, comme par exemple à La Gaude.
Les édiles pointent ainsi une loi "obsolète" ne tenant pas "compte des réalités locales". Mettant en avant des budgets de plus en plus serrés, ils se disent vent debout contre le principe des sanctions infligées en cas de non-respect du taux.
"Cette amende, c’est un racket de l’État qui ne règle rien au problème de fond : le logement. Au contraire, c’est de l’argent en moins", a pesté Christian Estrosi, président de la Métropole.
"La loi SRU applique les mêmes règles pour tous, sans se soucier de la démographie, du contexte économique. Elle fait des Maires des adversaires, pas des partenaires. Pourtant, nous sommes en première ligne"
Christian Estrosi, président de Nice-Côte d'Azur
Un taux "impossible à tenir"
Si le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre pointait du doigt les exécutifs locaux faisant preuve de "mauvaise volonté", le vice-président du parti Horizons, lui, veut défendre un certain bilan : "Entre 2008 et 2022, 6.500 logements sociaux supplémentaires ont été créés à Nice, soit un taux qui est passé de 11 à 14%, et pour la Métropole de 10,41% en 2008 à 13,30% en 2022".
Mais cela reste insuffisant pour ne pas se faire taper sur les doigts. Or, selon Christian Estrosi, "il faudrait produire pendant 17 ans" des habitations à loyer modéré pour atteindre les 25% imposés. "Impossible", poursuit-il, exposant le besoin de créer à côté de cela des écoles et des "kilomètres" de réseaux d’assainissement pour répondre à la demande.
"L'État doit mobiliser plus d'aides"
Les édiles du Pays du Nice voient plutôt d’un bon œil les récentes déclarations du Premier ministre Gabriel Attal. Celui-ci aurait en tête de modifier la loi pour inclure dans le calcul SRU une part des biens dits "intermédiaires", dont le loyer est également réglementé. Ils serait donc plus aisé d'atteindre les fameux 25%.
Par ailleurs, ils réclament que les objectifs soient enfin définis localement "par le couple Maire-Préfet", et que les aides du gouvernement en la matière "soient renforcées".
En conclusion, Christian Estrosi a aussi fait un point sur la règlementation des meublés touristiques, dont l'explosion a déréglé le marché sur la Riviera. Une interdiction "de fait" est envisagée pour la ville-capitale, tel que nous le développons dans cet article.
"Poudre aux yeux"
L'opposition municipale n'a pas goûté ces prises de parole.
"Il n’y a aucune injustice de la part de l'État envers Nice. Il y a simplement un préfet qui fait respecter la loi. Les victimes, ce sont les Niçois qui ne peuvent plus vivre là où ils sont nés. Un studio à Nice coûte 800 euros. Si vous êtes instituteur, policier ou aide-soignant, vous ne pouvez plus trouver un logement abordable. C'est inacceptable !" a noté dans un communiqué de presse Juliette Chesnel-Le Roux, la présidente du groupe écologiste.
"Comparer la situation de Nice à celle des petites communes est pathétique. C’est de la poudre aux yeux pour essayer de maquiller le manque de volonté de Christian Estrosi. A Nice, il y a 30.000 logements vacants (3 fois moins si on ne s'intéresse qu'à la vacance de longue durée, NDLR), 14.000 AirBnB (12.600, NDLR) et des projets immobiliers à la pelle".
* : Beaulieu-sur-Mer, Cagnes-sur-Mer, Drap, Cap d’Ail, Carros, Gattières, La Gaude, La Trinité, Levens, Nice, Saint-André-de-la-Roche, Saint-Jeannet, Saint-Laurent-du-Var, Tourrette-Levens, Vence, Villefranche-sur-Mer. 10 sont carencées.