L’expérimentation, dans les Alpes-Maritimes, du dépistage gratuit du VIH sans ordonnance sera étendue à la France entière, a-t-on appris ce 1er octobre. Le dispositif a fait ses preuves dans le Sud-Est comme à Paris, depuis deux ans.
C'est à l’occasion du 22e congrès de la Société française de lutte contre le sida (SFLS) que le ministre de la Santé Olivier Véran a fait son annonce : l'opération "Au labo sans ordo", déjà testée à Paris et en Paca, va être étendue à la France entière, dans le cadre du Projet de loi de financement de la sécurité sociale 2022.
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Depuis le lundi 1er juillet 2019, il est possible de faire un test de dépistage du VIH sans ordonnance, pris en charge à 100% sans avance de frais, sur simple demande et sans rendez-vous, dans tous les laboratoires d’analyses médicales de la capitale et du 06. L’expérimentation devait, initialement, prendre fin en décembre dans les 158 laboratoires à Paris et 106 concernés dans les Alpes-Maritimes.

Le projet avait été présenté fin 2018 sous l'appellation officielle "VIHTEST", grâce à un partenariat entre l’Assurance maladie et les Agences régionales de Santé (ARS). L'objectif est de simplifier "le réflexe du dépistage du VIH dans la population, et en particulier chez les populations exposées".
Les évaluations à 6 mois avaient pu montrer que le dispositf avait contribué à une augmentation nette du dépistage en labo dans les Alpes-Maritimes, avec 2.000 tests (+3,7%).
"C’est une grande nouvelle et la reconnaissance du travail du Corevih (Coordination régionale de la lutte contre l’infection due au VIH, ndlr) PACA-Est - Objectif Sida Zéro" a noté sur les réseaux sociaux Erwann Le Hô, vice-président de la cellule et président du centre LGBT+ Côte d'Azur (lesbiennes, gays, bis, trans…). "(VIHTEST) banalise le geste du dépistage. Il s’agit d’un outil efficace de plus."
"Je salue le travail remarquable du Président du COREVIH PACA-Est Pascal Pugliese avec qui nous avons porté ce projet, désormais étendu et reconnu nationalement, (…) l'Assurance Maladie, la Ville de Nice et le Département des Alpes-Maritimes" a encore noté M. Le Hô.
"Cette reconnaissance le démontre : seule l’humilité d’un travail collectif, concerté, pragmatique et de terrain permet de trouver les solutions en santé publique les plus adaptées"
Erwann Le Hô
En 2019, Santé Publique France classait les Alpes-Maritimes comme le deuxième département le plus touché par l'épidémie, après une flambée des cas enregistrée en 2016. Cette année-là, 23% des patients niçois demandaient un traitement alors qu’ils étaient déjà à un stade relativement avancé de l’infection, d'où l'importance d'un dépistage effectué le plus rapidement possible. Plus tôt elle est diagnostiquée et soignée, plus les traitements sont efficaces et bien supportés par le patient.
Il n'y pas de reprise épidémique dans les Alpes-Maritimes depuis 5 ans, notait le docteur Pascal Pugliese dans nos colonnes le 24 août dernier. Mais gare : la pandémie de Covid-19 aurait dissuadé beaucoup de populations particulièrement concernées à se rendre dans les structures adaptées (spots, labos, hôpitaux…), entraînant potentiellement des retards de diagnostic.
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Le patron du COREVIH le souligne, "tout doit être mis en œuvre pour relancer et remettre en place les stratégies de prévention qui marchaient bien, et ceci pour atteindre l’objectif de zéro nouvelle contamination d’ici 2030."
Plus de 3.520 personnes vivent actuellement avec le VIH en région Paca.
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