Selon deux sondages dévoilés il y a quelques jours, le maire sortant achève son troisième mandat avec une popularité solide, bien que challengé par son rival Eric Ciotti. Les personnalités de la gauche locale apparaissent plus fragiles. De son côté, l'élu écologiste Jean-Christophe Picard plaide pour "un rassemblement sans ambiguïté".
Nice-Presse : Vous vous êtes opposé à la plupart des grands projets de Christian Estrosi, pourtant, 71% des sondés saluent l'action de son équipe. Cela vous étonne ?
Jean-Christophe Picard : Parmi les différents autres chiffres de ces études, je retiens surtout que 39% des Niçois en sont mécontents. Et ce, malgré l'armée de communicants qu'il paie avec l'argent public et son habitude d'inaugurer le moindre buisson planté dans cette ville. Les faits sont là, malgré le bourrage de crânes.
Retenez-vous un point positif du mandat en cours ?
Christian Estrosi devait jouer au bulldozer quand il était enfant parce qu'il a très bien démoli. Plus de TNN, plus de palais Acropolis… Mais il n'a pas su reconstruire. Nous avons donc perdu les méga congrès hors-saison, qui rapportent bien davantage que l'évènementiel sportif l'été.
La cote de votre groupe d'élus n'est pas très haute. Il n'y a que l'ex-conseiller municipal socialiste Patrick Allemand qui émerge. Une dynamique existe-t-elle vraiment autour la gauche niçoise ?
Oui, parce que les scores du nouveau Front populaire ont surpassé ceux des candidats soutenus par Christian Estrosi lors des législatives. Les élus qui sont en place depuis de nombreuses années sont forcément bien plus connus. Mais Patrick Allemand sait, avec les résultats de 2020 (il n'avait pas pu atteindre le second tour, NLDR), qu'un bon niveau de popularité ne se répercute pas forcément dans les urnes… Notre groupe d'opposition Nice Ecologique assume de ne pas être dans l'auto-promotion, et de bosser les dossiers, même quand les médias ne s'y intéressent pas.
Existe-t-il réellement des échanges entre les formations de la gauche pour réussir, cette fois, à présenter une liste de rassemblement ?
Les militants écologistes seront réunis à Nice le 12 décembre pour définir une feuille de route. C'est elle qui fixera le cadre de notre participation aux futures négociations : nous saurons sur quelles bases se bâtira l'union. Je plaide pour que la tête de liste soit un élu qui siège actuellement au conseil municipal, qui aura donc bien suivi l'ensemble des dossiers.
La radicalité et les dérapages d'une partie de la gauche ne vous inquiète pas ?
Il y a des ambiguïtés qui me mettent mal à l'aise. Je pense qu'une charte éthique sera rédigée est que chaque membre de la liste devra l'approuver. Si nous gagnons, il y aura un maire de gauche, des adjoints… Gouverner, c'est une responsabilité. Nos valeurs partagées seront claires dès le départ.
En 2020, la tête de liste des écologistes, Jean-Marc Governatori, était très controversée. Il n'est même plus présent dans votre groupe actuel. Serez-vous plus regardant au sujet de la prochaine ?
Il y a quatre ans, les négociations avec les autres formations avaient échoué, et je suis arrivé sur la liste une fois que le choix que vous évoquez avait été fait. Les choses sont très différentes aujourd'hui.
On dit que vous espérez une candidature d'Eric Ciotti, qui diviserait la droite. Dans le même temps, Benoit Kandel du RN vous adresse ses compliments…
Une candidature d'Eric Ciotti serait une chance pour la gauche. Mais c'est à nous de susciter l'adhésion : il vaut mieux être bons que d'attendre que les autres soient mauvais. Et je vous assure que je ne rejoindrai ni la liste de Ciotti, ni celle d'Estrosi.