❝ L'invité du dimanche -- Alors que notre cité est candidate pour devenir la capitale européenne de la culture en 2028 et que la saison commence, l'adjoint au maire Robert Roux a reçu Nice-Presse au Palais Lascaris pour un grand entretien.
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NICE-PRESSE. La page de la crise sanitaire tournée, la relance de notre territoire va-t-elle s'accomplir par la culture ?
Robert Roux : "Christian Estrosi en avait fait l'un des quatre points prioritaires de sa campagne, avant même que n'arrive le Covid. C'est une ambition très importante, notamment par rapport à l'histoire culturelle phénoménale de Nice : dans l'art moderne, le cinéma, le jazz… Le message principal, c'est que nous avons une activité artistique d'une vivacité étonnante, qui bénéficie d'un budget extraordinaire. Pas une ville en France ne lui donne autant.
Mais notre objectif n'est pas qu'intellectuel, il est aussi économique. Nous préférons attirer des gens qui viennent à Nice pour sa capacité culturelle unique. Ils nous faut donc des outils à la hauteur."
Comment le secteur a-t-il été soutenu ces derniers mois, alors que tout était à l'arrêt ?
"Nous avons mis sur pied un dispositif qui n'existe nulle part ailleurs dans le pays. Christian Estrosi a eu une idée folle mais géniale avec le premier 'Mon été à Nice' : nous avons permis aux artistes et aux intermittents de proposer des spectacles, financés ensuite par la Ville pour leur permettre de subsister.
"En dehors de ce besoin de culture, il y avait, et on l'oublie parfois, l'impératif de faire vivre la culture"
Robert Roux à propos de Mon été à Nice 2020
Le résultat en 2020 a été magnifique, avec toutes les activités, que ce soit les chorégraphie, le théâtre, la musique… Tous les domaines, répartis dans tous les quartiers de la ville.
Je l'ai ressenti comme une vraie opportunité pour la culture. C'était la première fois qu'elle allait à la rencontre des habitants, et non l'inverse. Toutes les institutions -- les musées, l'Opéra, le théâtre -- ont travaillé ensemble et sont sorties de leurs murs : je n'avais jamais vu ça.
J'ai été témoin de scènes bouleversantes. À Pasteur, voir une centaine de jeunes écouter Muriel Mayette-Holtz réciter un conte de Maupassant, les voir sidérés… C'est exactement ce que nous devions faire."
Cet été
À quoi faut-il s'attendre pour cette deuxième saison, cet été ?
"Nous avons reçu un peu plus de 600 projets pour 'Mon été à Nice', nous en avons sélectionné plus de 200. C'est 20% de plus que l'année dernière, cela représente 400 évènements.
"800 artistes vont, grâce à cette opération, avoir des revenus cet été qu'ils n'auraient pas eu autrement. C'est énorme"
Robert Roux à propos de Mon été Nice 2
Tout sera présenté en juin.
Les Niçois nous ont plébiscités, ils nous ont dit, l'an passé, 'Covid ou pas Covid, l'année prochaine, recommencez'. C'est ce qu'a décidé le maire, qui a voulu mettre de la culture partout dans la ville cette année encore."
La programmation culturelle présentée lundi a été taclée par la presse, certains l'ont considérée comme n'était "pas assez populaire, pas assez jeune". Que répondez-vous ?
"Je ne suis pas du tout, du tout d'accord avec cela.
L'article en question a été publié alors que les évènements de Mon été à Nice n'ont pas encore été dévoilés. On retrouve beaucoup de jeunes parmi eux.
Excusez-moi, mais quand je vois l'exposition 'les Amazones du Pop' actuellement au MAMAC, si ça ce n'est pas une expo tournée vers les jeunes, je ne m'y connais plus.
Notre programmation s'adresse à tous les publics. Notre théâtre est léger, varié, divers. Muriel Mayette-Holtz va continuer ses 'Contes de l'apéro', on reprend le coup de canon de midi de l'Opéra.… Si vous voulez, Mon été à Nice 2021 c'est Mon été à Nice 2020 en mieux."
Dans quelle configuration va revenir notre Nice Jazz Festival ?
"Les fantastiques équipes de la Ville ont réussi des performances l'année dernière. Une émission sur le Nice Jazz Festival est même passée en prime time (21 heures, NDLR) à la télévision. C'est le premier festival de jazz au monde, il ne baissera jamais les bras.
Il aura lieu du 12 au 17 juillet, avec une pause pour le 14-juillet. Nous aurons cinq soirées, avec, comme chaque année, une programmation nationale et internationale.
"Nouvelle chose que nous n'avions pas pu faire en 2020 : la remise en place de la grande scène à Masséna"
Robert Roux à "Nice-Presse"
L'endroit nous permettra, avec la jauge actuelle, d'avoir 1.672 places assises. Nous pourrons monter à 2.600 places en fonction des annonces gouvernementales.
Cette scène nous servira pour le festival, le 14-juillet, l'opéra va également pouvoir venir, entre autres utilisations, pour mutualiser nos investissements."
Quelle visibilité avons-nous sur les grands rassemblements populaires en extérieur ?
"Il y a une grande réserve à avoir. On voit les exagérations du déconfinement sur certaines terrasses. Nous ne devons pas en causer de nouvelles en créant un évènement qui, à l'évidence, serait de nature à en provoquer. Le concert de The Avener (l'an passé, NDLR), c'est une leçon que nous avons retenue : c'est impossible à contrôler, nous ne le ferons plus."
Les chantiers du mandat
Vous oeuvrez à la transformation du 109, les anciens abattoirs, en "tiers lieu". À quoi va servir ce nouveau projet ?
"C'est une idée fantastique. La belle était assoupie depuis quelques années. Il n'y a pas eu de projets, il ne s'y passait plus grand-chose. Depuis deux ou trois ans, le 109 est devenu quelque chose d'hyperactif.
Beaucoup de monde au 109 pour l’exposition de BEN « La vie est un film » ✨ Bravo @VilledeNice #ILoveNice #Nice06 #CotedazurFrance #ExploreNiceCotedAzur #France @VilledeNice @Nice_Tourisme @VisitCotedazur @F3cotedazur @francebleuazur pic.twitter.com/9eUFs9HHyt
— Olivier ARLET (@OlivMcar) June 14, 2019
L'expo de Ben a réuni plus de 100.000 visiteurs. Toute la jeune création artistique niçoise a pu s'exposer et montrer ce qu'elle savait faire. Il y a des ateliers, divers activités, qui vont être rejointes par le CIRM, le Centre International de Création Musicale, la Villa Arson, les Ateliers des Gobelins, le street-art et l'art urbain… On a une concentration d'énergies dans des domaines complètement différents.
"Nous allons atteindre notre objectif : en faire un lieu de fertilisation croisée de la culture"
Robert Roux sur le 109
Le 109 va devenir un tiers-lieu, ce qui va principalement nous permettre d'y accueillir des investisseurs privés, aux côtés de la DRAC, de la Région, de l'État.
Il va y avoir des nouveaux moyens considérables."
Le maire avait proposé pendant les dernières municipales de créer un "kiosque culturel niçois", où en sommes-nous ?
"Il est toujours en cours. Nous avons le lieu, il sera au bas de la Coulée verte. Les Niçois pourront réserver des billets pour tous les évènements proposés en ville."
L'ouverture des musées en nocturne une fois par mois ?
"Ce sera possible très rapidement, dès la rentrée. Quelques galeries se sont déjà organisées pour le faire, notamment sur le Port.
Cela concernera tous les musées. Le MAMAC, la Villa Masséna seront des lieux phares, comme le Palais Lascaris. Ils sont encore plus magiques la nuit."
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Le festival des musiques actuelles proposé par The Avener ?
"Je n'ai pas de date exacte, mais les plus grands producteurs de musique actuelle, dont je ne peux pas encore dire les noms, nous rejoignent eux aussi au 109. C'est très important, ils nous permettront de monter des projets pérennes."
Nice capitale européenne de la culture
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Qu'avons-nous de plus que les autres villes pour remporter la course ?
"Le message principal, c'est que notre candidature n'est pas basée sur notre Histoire ou notre passé culturel, mais sur notre présent, sur nos actions. Ce que nous allons faire avec Nice 100% culture à l'école est fondateur. Pas une ville en France n'a lancé un tel programme, c'est quelque chose de très fort. Notre culture vit au 109, dans nos établissements, à la Victorine…
100 millions d'euros d'investissement ont été annoncés, à quoi vont-ils servir ?
"Vingt millions sont affectés à la rénovation de nos musées, et ça a déjà commencé. Celle du musée Chéret, le déménagement du théâtre national… tout est en route.
Il y a également les investissements pour les studios de la Victorine, dans la rénovation de l'Opéra, du Palais des Expositions qui va accueillir la grande salle du TNN, ainsi qu'un mini-Bercy qui pourra proposer plein de beaux évènements."
-- Propos recueillis par Clément Avarguès le 21 mai 2021
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