Au moins deux bailleurs sociaux vont embaucher des vigiles privés qui veilleront aux abords des HLM de Nice-Ouest.
Coups de feu, descentes de police… Les mois se suivent et se ressemblent aux Moulins, une cité niçoise comme tant d'autres en France. On y a emmené le tramway, lancé des rénovations urbaines pour 310 millions d'euros. Pourtant les résidents crient leur ras-le-bol face au trafic de drogues.
Malgré la publication le 2 avril sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant des dealers armés de kalachnikovs y patrouiller en plein jour, le ministère de l'Intérieur n'a pas fait de nouvelles annonces pour juguler le crime organisé.
Vigiles et commissariat mutualisé
L'exécutif municipal présentait à l'assemblée communale du 14 avril son plan pour éviter "malgré le silence de l'Etat, une dérive à la marseillaise".
Comme Nice-Presse l'annonçait en avant-première le 8 décembre dernier, un poste de police mutualisé va s'organiser à Saint-Augustin "en septembre" : il regroupera les agents nationaux et municipaux pour qu'ils puissent agir ensemble contre les dealers.
Dans le même temps, la ville entend favoriser l'embauche par les bailleurs d'agents de sécurité, équipés d'armes de catégorie D (lacrymos, matraques électriques…). Lesquels seront chargés "d'assurer des rondes au cœur du quartier et de surveiller les parties communes". A terme, ils seront vingt-quatre, dont la moitié déjà sur le terrain en juillet.
Ces dernières semaines, la municipalité a proposé a l'Etat de provisoirement mobiliser l'un de ses immeubles pour y accueillir les clandestins en attente d'expulsion, puisque l'actuel centre de rétention administrative (CRA) niçois est débordé. Pour l'heure, le ministère n'a pas répondu. Pas plus, d'ailleurs, qu'à la demande de renforts de policiers formulée par Christian Estrosi.
Dealers mineurs
Depuis 2020, les statistiques de l’observatoire de la police municipale révèlent une moyenne annuelle de 300 personnes interpellées. Depuis le 1er janvier 2023, ce sont déjà 62 individus qui ont été appréhendés.
"Les suspects arrêtés pour trafic de stupéfiants sont pour une grande majorité en situation irrégulière, 40% sont mineurs".
"Un échec de votre politique"
Dans les rangs de l'opposition, le plan a inégalement convaincu. Le groupe de Philippe Vardon (Retrouver Nice) et la majorité ont rivalisé d'amabilités, se rejoignant pour dénoncer "l'inaction de l'Etat".
L'élu proche d'Eric Ciotti, Bernard Chaix, a regretté l'équipement léger des futurs vigiles, "de quoi douter des résultats qu'ils pourront obtenir contre les trafiquants".
Les écologistes ont été les plus vifs. "Votre délibération est un effet d'annonce. Tout cela ne va rien changer et acte une catastrophe : la police nationale n'a plus les moyens d'agir" a estimé Juliette Chesnel-Le Roux.
"Nous sommes impuissants face à un cancer qui se développe. La police a mis l'autre jour quarante-cinq minutes à se rendre aux Moulins, après l'appel d'une riveraine qui y dénonçait la présence d'hommes armés !"
Pour Nice Ecologique, le développement des trafics à Nice-Ouest serait "l'illustration des échecs de la politique de Christian Estrosi. Pire, elle a accéléré cette gangrène. La Ville, le Département et l'Etat qui se critiquent aujourd'hui ont abandonné les secteurs qui ne font pas partie de la façade touristique. Quelle déchéance".
Le CD06, grand absent ?
Du côté de la majorité, le premier adjoint Anthony Borré a profité des débats pour rappeler le conseil départemental des Alpes-Maritimes à ses responsabilités.
Sortant la calculatrice : "si on cumule sur cinq ans les subventions que le Département a pu retirer aux quartiers, on arrive à 100 millions d'euros de désengagement ! Alors que la crise est là, il a même divisé par deux son aide accordée à la restauration sociale…"
LIRE AUSSI Violences aux Moulins : à Nice, la gauche plaide pour un débat sur la légalisation du cannabis