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INTERVIEW - Succès populaire pour la commission de concertation sur l'avenir du port Lympia. La mission pilotée par Olivier Bettati a récolté plus de 500 participations citoyennes en quelques semaines.
Ce chantier à plus de 40 millions d'euros doit permettre de "reconquérir" l'espace, comme l'indiquait Christian Estrosi lors de la présentation du projet en septembre dernier.
En attendant que l'édile tranche, plusieurs questions restent en suspens, comme l'éventuelle disparition des ferries pour la Corse. Une évolution qui pourrait permettre de développer le yachting.
"Cela nous pose problème. On peut avoir un port de petits bateaux, de pêche et de navires pour aller en Corse" plaidaient dans Nice-Presse en février les conseillers municipaux du groupe Nice Ecologique.
"Il ne faut pas faire un port de luxe dédié qu'aux super-yachts"
Gilles Chiorri, expert maritime
Selon Gilles Chiorri, expert maritime pour l'agence Yachts Consulting, "Nice a un vrai potentiel pour développer la plaisance". Entretien.
1. Quelle est l'importance du yachting à Nice aujourd'hui ?
Elle est grandissante. Mais il faut garder à l'esprit que Nice est d'abord le seul port de commerce sur notre littoral, que ce soit en terme de passagers ou de fret.
Avec un réaménagement, le port Lympia pourrait accueillir davantage d'unités de plaisance.
Il faut faire attention à ne pas trop rogner sur une partie de l'économie en chassant l'activité commerciale qui englobe les ferries.
2. Nice pourrait-elle offrir un bon cadre pour le yachting ?
Totalement. On a un port au cœur de la ville. A proximité vous avez les Ponchettes, la place Garibaldi, Rauba Capeu, la vieille ville… C'est une valeur ajoutée pour les équipages et les propriétaires.
On peut aussi imaginer, comme à Antibes, le développement de commerces liés à cette activité, avec des artisans qui assurent la maintenance et le ravitaillement des yachts amarrés.
"Il faudrait arriver à un mix entre les grands yachts et les petits bateaux, comme à Antibes"
Gilles Chiorri, expert maritime
Attention tout de même à ne pas accueillir que de gros yachts. Il faut aussi penser au petit yachting, à la voile ou aux gens qui ont des petites embarcations et naviguent avec.
3. Quels sont les équipements manquants pour accueillir les yachts ?
L'enceinte actuelle est une bonne base, bien orientée, bien conçue.
Il faut principalement réaliser des aménagements portuaires : hauteur de quai, nouveaux appontements, mouillages supplémentaires… Le tout pour faciliter au maximum l'amarrage, surtout pour les grands navires.

4. Le fait que les ports de Monaco soient pleins peut nous permettre de tirer notre épingle du jeu ?
Aujourd'hui on ne peut quasiment plus construire de ports sur la Côte d'Azur. On fait des aménagements mais au final la capacité d'accueil arrive à son maximum.
"Il faudra s'aligner sur les tarifs du marché pour attirer davantage"
Gilles Chiorri, expert maritime
Il y a aussi une demande plus forte que l'offre.
Monaco a bien aménagé (une annexe portuaire, ndlr) à Cala Del Forte, à Vintimille en Italie (photo ci-haut). Mais l'équipement se retrouve un peu au milieu de nulle part.
C'est sans commune mesure avec le Port de Nice, au coeur de la capitale de la Côte d'Azur.
5. Quelles pourraient être les limites au développement de cette activité ?
Il n'y en a pas vraiment. Il faut juste faire l'analyse objective de ce qu'on gagne d'un côté et ce qu'on perd de l'autre avec le développement de la plaisance et une réduction du commerce.
Sur les navires, à l'inverse d'un ferry ou d'un cargo, un yacht ne fait pas tourner ses groupes électrogènes puisqu'il se branche directement à quai, en vitesse lente il reste aussi plus silencieux. Ça occasionne moins de nuisances, par exemple.