Ce sujet a été publié dans le dossier de la rédaction "Vieux-Nice : c'était vraiment mieux avant?" Lire les autres articles
C'est un peu le "quartier vedette" de notre ville. Au fil des années, le Vieux-Nice a attiré de plus en plus de touristes. Bien trop, pour certains de ses habitués.
Restaurants, boutiques de souvenirs, marché, bars, glaciers… La vieille-ville est un coin emblématique pour la capitale de la Côte d'Azur. De janvier à décembre, elle attire de nombreux visiteurs, conquis par ses ruelles colorées et son animation si typique du Sud.

Il ne faut toutefois pas oublier que cette allure de carte postale n'a pas toujours été de mise. Franck Viano y a grandi : "dans les années 1960-70, c'était un lieu très malfamé. À l'époque, la drogue courait les rues."
Une période de rénovation a suivi, dans les années 80. "On peut dire que le Vieux a été en quelque sorte nettoyé. On a récupéré un maximum de commerces et de logements. À la suite de cela, c'est devenu un point central de tourisme."
"Un truc touristique"
Une évolution qui pourrait paraître bénéfique pour les commerçants. Pourtant, tous n'en sont pas ravis.
C'est le cas de Claire Heritier, gérante de la papeterie Rontani. "Si on parle des années 70, tout a évolué favorablement. En revanche, si on regarde les années 2010, ça l'est moins."
La cause ? "C'est devenu un truc pour touristes. On a perdu cette âme de village familial".
"Les petits commerces ferment et ça laisse place à des choses pour les visiteurs uniquement. On ne retrouve plus que des Airbnb et des valises à roulettes…"
Claire Heritier, papeterie Rontani

Pour Michelle Rossi, gérante de la boutique Couquetto depuis 38 ans, le constat est le même : "au niveau architectural, je trouve que ça n'a heureusement pas beaucoup changé."
"En revanche, au niveau des commerçants ce n'est plus pareil. Avant, il y avait des bouchers de partout, des charcutiers, de l'alimentaire. Maintenant, j'ai l'impression que c'est essentiellement tourné vers le tourisme. Ce n'est plus ce que c'était…"
Circulation compliquée
Certains locaux tourneraient aussi le dos, désormais, au Vieux. Notamment à cause d'une circulation jugée trop complexe.
"La Coulée Verte, qui emmène un peu de monde, a été un point positif" reconnaît Éric Fiol, responsable de la jardinerie familiale.
"Mais il y a tout de même des problèmes : les parkings qui sont pris d'assaut et les voies de circulation qui ont été modifiées. Ça nous oblige à faire des détours… Mais surtout ça nous sépare de cette clientèle locale qui, elle, ne vient plus."

Un point de vue partagé par Sonia Lefèvre, boulangère pour la Capeline depuis 16 ans : "les parkings sont trop chers. La gare routière n'existe plus : tous ceux qui descendaient de l'arrière-pays pour faire des achats dans le Vieux-Nice ne viennent plus." Depuis une dizaine d'année, elle a été remplacée par la Promenade du Paillon.
À cela s'ajoutent les conditions de livraison qui seraient, elles aussi, loin d'être évidentes.
Julien Tarlet, des Caves Caprioglio, le souligne : "On achète en gros volume donc ce n'est pas des livreurs en vélos qui pourront le faire mais des camions.…"

"Ils ont de plus en plus de mal à entrer ici. Parfois, on a un peu l'impression que tous ces changements visent à transformer ce lieu en une ville-musée. On craint que les vrais commerces de proximité disparaissent complètement."
Lire aussi : Vous avez jugé l’évolution du Vieux-Nice : « trop de touristes, peu sûr » mais toujours dans les coeurs
Et sur le sujet : Vieux-Nice : l’élu de territoire répond aux critiques