Le dernier Plan Local de l’Habitat, bien que voté à la majorité, a donné lieu à des mises en cause et presque à des insultes entre les élus métropolitains, le 22 octobre. Ce sont bien les objectifs de logements sociaux, « pas au niveau » ou « démesurés », qui ont cristallisé les tensions…
Les débats se suivent et se ressemblent à la Métropole, avec des échanges usés jusqu’à la corde en cette fin de mandature. Avec le mérite de la constance, présidence et oppositions variées s’affrontent sur les dossiers clés avec à peu près toujours les mêmes arguments depuis six ans. Ce fut le cas des discussions autour du Plan Local de l’Habitat, les orientations prises par l’agglo en pleine crise du logement.
Que retenir du nouveau plan ?

Le 4e PLH prévoit la création d’environ 2800 logements par an, dont 40 % de la production neuve dédiée au libre (classique, sans conditions de ressources), 40 % aux HLM et à l’accession sociale (les dispositifs adaptés aux foyers modestes) et 20 % pour l’abordable (le marché dit intermédiaire, en-deçà les prix habituels).
Le Métropole fait valoir que le dispositif tentera de répondre aux défis locaux, tels que le vieillissement, la large pauvreté dans le Sud, au contexte plus général, comme le dérèglement climatique, mais avec des objectifs plus modestes que précédemment, « tenant compte du contexte de crise immobilière qui impacte très fortement la construction. » Et ne suivant pas, « c’est un choix assumé », la loi SRU imposant 25% de HLM dans les grandes communes.
Un tiers des logements mal isolés, 12.500 Airbnb…

Pour les bancs écologistes, Jean-Christophe Picard a dénoncé une situation générale « digne d’Halloween », avec « 17 % de résidences secondaires décomptées dans la Métropole, contre 10 % au niveau national. 12 % de logements vacants, ce qui représente 42.000 logements, dont 8.000 sont vacants depuis plus de deux ans. 29 % du parc privé a été classé en étiquette E, F et G. 3,1 % des résidences privées sont potentiellement indignes. 12.500 annonces pour des meublés touristiques de type Airbnb ont été recensées. » Dans le même temps, il manque plus de 30.000 appartements en HLM.
L’élu métropolitain EELV note que le précédent objectif de 1700 logements sociaux construits par an n’avait été rempli qu’à 70%, et que, désormais, les ambitions ont été ramenées à 1250 (« alors qu’il en faudrait 3492 pour respecter la règlementation »). Par ailleurs, ce qui est prévu pour encourager la mise sur le marché des biens vacants resterait « insuffisant ».
En réponse, le vice-président Anthony Borré (Horizons) a assuré être « plutôt fier » des réalisations du précédent PLH, « avec une conjoncture très dégradée ». Tout en mettant l’accent sur les actions menées contre l’habitat indigne, avec bientôt un « permis de louer », supposé écarter les marchands de sommeil. Sans oublier le plan d’investissement XXL déployé par le bailleur qu’il préside, Côte d’Azur Habitat (300 millions d’euros, décryptés par ici).
« Loi socialo-communiste »

C’est la réaction du maire de Cap d’Ail, Xavier Beck (UDR), qui a un brin électrisé la discussion. « La loi SRU est injuste, et on nous en a tant promis la réforme. Vos objectifs, fussent-ils modestes, sont inatteignables, je voterai donc contre » a lancé ce proche d’Éric Ciotti.
« Je paie des amendes alors qu’il n’y a pas de foncier chez nous, c’est mission impossible. Vous avez été ministre, député et vous avez de nombreux amis au gouvernement. Qu’avez vous fait les uns et les autres pour rendre les choses plus justes ? Rien !»
Le président Christian Estrosi (Horizons) a souligné que le Conseil départemental des Alpes-Maritimes (dont Xavier Beck est le numéro deux) n’aurait pas arrangé les choses « en supprimant ses subventions au logement ». Agacé d’avoir été mis en cause, ce sont des « propos de bistrot », juge-t-il, qu’il a pu dénoncer : « vous avez mangé à tous les râteliers et vous ne méritez que mépris. J’ai souvenir que vous avez été député, vous aussi, et je ne vois pas ce que vous avez fait à ce sujet ». Reste à préciser que Xavier Back a siégé pour la dernière fois au Palais Bourbon trois ans avant l’adoption de la fameuse loi SRU.
Enfin, l’élu d’extrême droite Philippe Vardon a conclu les échanges avec son discours très habituel : « on a toujours la même discussion. Je souhaitais pointer les contradictions de nos amis de gauche, chantres de l’immigration massive et incontrôlée (…) qui obstrue le logement social. Cette loi, impossible à respecter, est socialo-communiste ».



