"Ils font Nice" : chaque semaine, nos figures locales mises en vedette dans Nice-Presse.
Le musicien Steve Villa-Massone joue quotidiennement au cœur de notre cité avec son mythique piano rouge. La place Masséna, la Promenade, ou encore le Cours Saleya… Connues de tous, ses mélodies imprègnent les passants des lieux emblématiques niçois.
Nice-Presse : Comment s’est passée votre enfance à Nice ?
Steve Villa-Massone : "Elle était superbe. Nous étions quatre enfants, il y avait beaucoup de vie chez moi. Directement, j'ai baigné dans la musique. Depuis mon plus jeune âge, c'est mon univers.
Mon père est peintre, mais il aurait voulu faire du piano. Il nous y a donc mis, mon frère et moi. De mes cinq ans jusqu'à mes dix ans, j'ai été autodidacte. Ensuite, j'ai pris des cours en commençant à l'Académie de Musique, puis je me suis rendu à l'école Franz Liszt (maintenant fermée, NDLR). Pour finir, j'ai été au Conservatoire de Nice.
Je me souviens qu'une fois mes parents m'ont emmené aux Arènes de Cimiez. Un musicien venait en camion avec son piano dedans. Je devais avoir douze ans à ce moment-là. J'avais une valse de Chopin entre les mains et je rêvais de pouvoir la jouer. Il a accepté.
Il y avait du public, je me suis alors installé et j'ai commencé. Ce moment m'a marqué à vie. Il m'a même offert une petite statue de Beethoven. C'était super."

Vous jouez dans différents espaces de notre cité. Quel sentiment cela vous procure-t-il ?
"C'est un vrai bonheur. On est dans une région qui permet vraiment de jouer dans la rue grâce au beau temps qu'il y a la majeure partie de l'année. J'ai été en Angleterre, en Suisse, ou à Paris : ce n'est pas du tout la même chose.
Ici, on est vraiment gâtés. La population a toujours été très réceptive."
Quels sont vos meilleurs souvenirs ici ?
"J'en ai beaucoup. Il m'est arrivé de croiser des musiciens vraiment incroyables. J'ai même prêté mon piano, ils offraient des prestations superbes.
En fait, jouer dans la rue c'est tous les jours différent, c'est exceptionnel. Il se passe toujours quelque chose. Par exemple, il y a pas longtemps, une dame est venue me voir et elle m'a demandé si je voulais un café. J'ai dit "pourquoi pas".
Elle est partie puis elle est revenue avec un petit sucrier, une tasse et un thermos spécialement pour moi. C'était une attention superbe, j'ai adoré."
"Je resterai éternellement à Nice. Ça ne serait pas malin de quitter le paradis non ?"
Que pensez-vous de votre ville ?
"Honnêtement, elle me donne de nombreuses opportunités depuis plusieurs années. J'ai pu me produire sur pas mal d'événements. J'en suis très content.
Il se passe beaucoup de choses au niveau artistique : de la danse, de la sculpture, ou de la peinture… C'est varié. Par contre, je pense que la Ville pourrait encore insister un peu plus sur le plan musical.
Mais on a quand même de la chance, par exemple à la Fête de la musique, il y a de très bons artistes qui sont proposés. On ne peut pas dire que nous sommes en reste."

Quelles sont vos adresses favorites ?
"Il y avait le lieu associatif les Diables Bleus, c'était super ! Mais malheureusement, c'est fini.
J'adore notre marché de la Libération, je trouve qu'il y a vraiment quelque chose d'atypique qui a été conservé. La Promenade des Anglais aussi dans son ensemble, même si je ne suis pas vraiment fan des galets… J'adore m'y balader !
Mon quartier préféré, c'est le port. J'ai grandi là-bas, j'y ai passé presque vingt années de ma vie."
Où vous voyez-vous dans le futur ?
"Éternellement à Nice. Ça ne serait pas malin de quitter le paradis non ?
"Honnêtement, tout ce que j'ai pu construire dans ma carrière de pianiste, je le dois au soutien de gens d'ici"
Je suis très redevable de tout ce qui m'arrive. Il y a une très grande partie des Niçois qui, même avec des petits gestes, ont participé à ce que les choses fonctionnent pour moi.
Je suis parti jouer quelques années à Paris. Quand je suis rentré à Nice, j'ai réalisé que c'était là ma place. Mon personnage n'a de raison d'être qu'ici. Je pense que même si un jour je devenais mondialement connu, je serais encore là, à jouer à Masséna dans la rue."
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