« Ils font Nice » : chaque semaine, nos figures locales mises en vedette dans Nice-Presse.
Depuis plus de 75 ans, les habitués du marché du Cours Saleya n’auraient pas idée de faire leurs courses sans s’arrêter devant le stand des Chilini. Cette famille tient depuis trois générations un étal de fruits et légumes, face au Palais Sarde. Cela fait près de trente ans que Nathalie Travia a repris le flambeau.
Cette joyeuse quinquagénaire a connu toutes les transformations du Cours Saleya et y a fait ses plus belles rencontres.
Véritable figure emblématique du Vieux-Nice, elle partage avec nous une petite tranche de vie.
Comment s’est passée votre enfance à Nice ?
"Elle a été magnifique. Petite, j’étais déjà plongée dans le marché. La plupart du temps, je me levais en même temps que mes parents, les accompagnais au travail et souvent je m’endormais sous le banc, sur un carton. J’adorais ça.
Ça m’a aussi éveillée. À 7 ans, je savais déjà me servir des balances Roberval qu’il y avait à l’époque. J’ai appris très jeune, et j’ai découvert une passion presque innée. Mon père m’a transmis son savoir sur les fruits et légumes et ma mère celui des langues étrangères et du contact avec les clients."
Vos meilleurs souvenirs ?
"Ce sont les rencontres que j’ai pu faire au marché !
"Le cours Saleya a une particularité : dans la même heure, vous croisez le chemin d'une multitudes de personnalités très différentes. C’est un endroit multiculturel, vraiment très enrichissant"
Nathalie Travia
J’ai des clients qui viennent du monde entier : Russie, Chine, États-Unis. Je suis en contact avec certains sur Facebook. Tania, une amie d’Australie, revient chaque année pour nous voir. Nancy, une Américaine, m’a offert un très beau bracelet pour mon anniversaire, le 18 juillet dernier.
"Ce métier m’a permis de créer et de nouer de vrais liens avec des personnes que je n’aurais jamais connu autrement"
Nathalie Travia
Beaucoup de films sont tournés ici. J’ai vu pleins d’artistes, sans être impressionnée car ils savaient rester très simples. Jean-Paul Belmondo, Claude Brasseur, Aldo Maccione venaient même acheter sur notre stand.
"J’aime tellement les gens que ce travail est pour moi une évidence"
Nathalie Travia

Quelles sont vos adresses favorites ?
"Je suis née dans le Vieux-Nice, j'y ai passé toute ma vie. Mes rares sorties se font souvent dans le quartier.
Le dimanche après le travail, quand j’ai fini ma semaine, j’aime bien aller manger au Safari. Le matin, je bois mon café au Pôp-ô-thym, juste en face de mon stand.
De l’autre côté, il y a La Cambuse, où je vais fréquemment. Et ma socca, je la prends toujours Chez Thérésa.
"Pour toutes les occasions, j’ai mes petites adresses dans le Vieux-Nice"
Nathalie Travia
Que pensez vous de votre ville ?
"J’adore ma ville. Je la trouve belle, dans son entièreté. En plus, je suis privilégiée car je travaille dans l’un des plus beaux endroits. Je suis à deux mètres de la mer, la vue est magnifique et l’ambiance qui règne au Cours Saleya n’existe nulle part ailleurs !
Ce que j’aime le plus ici, c’est de pouvoir finir une journée de travail par un bain de mer."
Où vous voyez-vous dans quelques années ?
"Dans une dizaine d’années, je serai toujours au marché. Ensuite je ne sais pas.
Ma fille Angélique, la plus jeune, dit toujours qu’elle ne veut pas reprendre le banc et fait des études de commerce. Mais elle a ce truc. Elle voit la qualité des fruits et reconnaît leurs variétés, elle s’y intéresse vraiment. Et je me dis, j’espère, que dans quelques années, elle finira par se lancer et peut-être travailler avec moi, comme je le fais aujourd’hui avec ma maman.
"Ce qui est sûr, c’est que dans l’immédiat je ne me vois pas partir. J’ai travaillé toute ma vie à Nice. Je serai fidèle à ma ville jusqu’à la fin de mes jours. (Rires)"
Nathalie Travia