❝ Cette année, la police municipale de Nice souffle ses soixante bougies. Son directeur Richard Gianotti est notre invité du dimanche.
À ce sujet… Du centre de commandement aux brigades de nuit, immersion avec la police municipale de Nice
Quel rôle la police municipale de Nice occupe-t-elle pour ses 60 ans ?
Historiquement, elle est l'une des premières qui a pu être armée. C'est aussi la première à défiler sur les Champs-Elysées. Nous sommes devenus l'exemple à suivre, l'étendard.
D'une manière générale, elle assume pleinement son rôle de première police municipale de France, et pas uniquement sur le plan numérique. Beaucoup de choses partent de Nice, et les collègues suivent la voie ouverte.
Cette semaine, il y a eu un incident à la basilique Notre-Dame, pour lequel les municipaux ont, une nouvelle fois, été primo-intervenants. Des élus ont pris cet exemple dans les médias pour regretter qu'on vous en demande toujours plus, voire trop. Vous partagez ce sentiment ?
D'une manière générale, dans une collectivité, c'est plus facile de se tourner vers celui qui travaille et de charger la mule. Qu'il râle ou qu'il ne râle pas, la mission sera accomplie.
Aujourd'hui, nous sommes dans cette position là pour deux raisons. Il y a beaucoup d'attente de la mairie au niveau de la sécurité, c'est normal. Dans le même temps, nous devons nous substituer aux carences de l'État. C'est la rançon de la gloire.
Vous être directeur depuis quatre ans, quel virage avez-vous pu constater ?
Le premier virage a été pris en 2008, avec l'arrivée de Christian Estrosi. Il y a eu un réel effort sur les recrutements. En plus des 550 agents que nous avons, 80 nous aurons bientôt rejoints, à raison de 20 embauches chaque année.
Il y a une attention constante sur le matériel : les véhicules, les armes et les équipements des brigades spéciales (équestre, nautique…). L'investissement est également conséquent en matière de vidéoprotection puisque nous avons aujourd'hui environ 3.800 caméras à Nice.
Lire aussi… Police municipale : Nice au top du palmarès français
Et bientôt l'Hôtel des polices Saint-Roch. Christian Estrosi a raison sur ce point : il y a une nécessité en 2021 de travailler avec les outils de 2021.
On a la chance d'avoir un maire visionnaire.
Lire aussi… EXCLUSIF. Nice : l'impressionnant futur Hôtel des polices Saint-Roch se dévoile en vidéo et en images
Vous n'avez pas encore obtenu l'extension des compétences que vous demandiez. En quoi cela impacte-t-il concrètement votre travail ?
L'idée est d'acquérir une plus grande autonomie, grâce à l'extension de nos prérogatives, pour être plus rapides, plus efficaces. Par corrélation, ça soulagerait aussi la police nationale. Loin de nous l'idée de devenir des enquêteurs, ce n'est pas le sujet.
Lire aussi… INTERVIEW. Marine Brenier : "La police municipale de Nice est devenue un exemple d'efficacité"
Exemple concret : si nous intervenons sur un cas de vente à la sauvette (vente sauvage et irrégulière sur la voie publique, ndlr), sans cette loi, nous n'avons pas le droit de saisir les objets en question. Il faut attendre l'officier de police judiciaire !
Même chose si nous intervenons sur du tapage nocturne : sans OPJ, nous n'avons pas le droit de saisir l'enceinte qui fait du bruit. Si on arrête quelqu'un qui conduit sa voiture en étant ivre, sans la police nationale, on ne peut pas faire de dépistage.
Comment expliquer que l'on avance si peu sur ce sujet ?
Nous sommes confrontés à du dogmatisme, c'est clair. C'est la même chose que le débat sur les caméras, alors qu'aujourd'hui on ne peut plus s'en passer. On ne se demande pas, pourtant, si les nationaux pourraient travailler sans les empreintes digitales, l'ADN ou les nouveaux outils informatiques.
Quand vous êtes quelqu'un d'honnête, les caméras ne vous gênent pas, les contrôles d'identité non plus.
En quoi cela nuirait-il à nos libertés individuelles ? Je n'ai pas une seule seconde l'impression de vivre dans un pays liberticide.
Vous pensez que vous payez encore des a priori négatifs qui existent ça et là sur les polices municipales ?
Elles ont pourtant largement fait leurs preuves ces dernières années. Je ne sais pas si on nous prend de haut, ou s'il y a de la part des municipaux encore un peu de syndrome d'infériorité.
Bilan estival donné par la Ville : forte hausse, une nouvelle fois, du nombre d'interpellations, beaucoup de faits de délinquance… Observez-vous depuis quelques années une montée de la violence ?
À ce sujet… Délinquance : à Nice, un été marqué par une forte hausse des interpellations
Pas forcément. Il n'y a pas d'explosion de la criminalité. À Nice, il n'y en a pas plus qu'ailleurs. Seulement, les forces de l'ordre s'organisent de mieux en mieux, ce qui permet évidemment d'interpeller davantage, puisque nous sommes bien plus sur le terrain.
Notre coeur de métier, c'est la proximité.
D'après un nouveau sondage, la PM obtient 77% d'opinions favorables auprès des Niçois, alors que les policiers n'ont jamais été autant critiqués que ces derniers mois. Comment l'interpréter ?
On essaie d'être présents sur toutes les missions, toutes les sollicitations. Nous répondons aux 80.000 appels passés sur le numéro d'urgence, aux courriers et aux mails, nous allons voir les comités de quartier… Tout cela, avec l'envie d'être les plus réactifs et les plus efficaces possibles.
Après, il ne faut pas oublier que l'opinion publique est versatile. On applaudissait les soignants aux fenêtres pendant le confinement. Regardez comment ils sont traités aujourd'hui. Après un attentat, tout le monde va se réunir autour des policiers. Et quand il y a une bavure malheureuse, on va condamner les agents avant même qu'il y ait eu une enquête.