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Les expulsions demandées à la justice par Côte d'Azur Habitat sur la base du nouveau règlement applicable aux locataires depuis 2020 font débat.
Le bailleur social faisait savoir cette semaine qu'une nouvelle expulsion allait avoir lieu dans l'un des ses HLM. Une décision prise contre un résident à l'origine d'un trafic de stupéfiants et d'incivilités.
Une première opération de ce genre avait été annoncée à l'été 2021. Côte d'Azur Habitat avait saisi la justice pour demander le renvoi d'un locataire impliqué dans un trafic de drogue. Demande accordée, sur le papier, par le tribunal.
Un tour de vis permis par l'adoption d'un nouveau règlement ainsi que par la signature d'une convention entre le bailleur, le préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez et le procureur de la République Xavier Bonhomme.
D'abord contrainte à payer une amende, la mère du jeune de 19 ans avait été sommée de plier bagages. Une décision incomprise par son fils.
"Que je paie c'est normal, mais elle non" avait témoigné le mis en cause dans l'émission Touche pas à mon poste. Tout en reconnaissant que l'exemple serait sans doute dissuasif pour les jeunes dealers.
Contrairement à ce qui était noté dans une première version de cet article, la mère de famille n'a pas encore expulsée, "pour cause de trêve hivernale". Mais "la demande a été relancée" par le bailleur.
Des associations sont montées au créneau face à cette "politique de fermeté". Anthony Borré, président de Côte d'Azur Habitat, avait notamment promis d'être "intraitable face aux locataires qui commettraient des délits et des incivilités".
"On ne peut pas mettre à la rue les familles pour prétendre combattre le trafic de drogue" estime la Défenseure des Droits, Claire Hédon qui pointe un caractère "répressif" de ces "sanctions sociales collectives".
À gauche aussi, l'indignation s'est faite ressentir. "Cette décision très politique masque l’ensemble des carences de Christian Estrosi dans les cités de Nice" lançait Patrick Allemand, ancien vice-président PS de la Région Sud.
Grâce à une convention scélérate le permettant, désormais à Nice quand les enfants dealent, les parents sont jetés à la rue. #Nice06 #logementsocial
— Patrick Allemand (@patrickallemand) May 18, 2022
Même opinion du côté de David Nakache, militant humaniste : "En expulsant une mère dont le fils a été condamné par la justice, CAH crée une double peine."
Anthony Borré y avait répondu dans Nice-Presse : "Nous sommes des élus qui ont envie de comprendre et de dialoguer. Sur chaque dossier, je sais qu’il y a des hommes et des femmes dans des situations familiales diverses. Il est plus difficile d’être élevé dans un quartier classé politique de la ville, qu’ailleurs."
Actuellement, 132 autres demandes de ce type seraient en cours. En février 2022, un autre locataire a été invité à partir, cette fois à cause de faits de violence.
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