Interview
Les vacances de la Toussaint s'achèvent et le bilan a été plutôt bon, d'après le premier ressenti des professionnels du secteur. La saison estivale a également enregistré de beaux résultats.
La cité azuréenne a encore charmé les touristes, alors que la Métropole passe la seconde dans sa politique environnementale.
L'idée, ces dernières années, est également d'attirer du "tourisme de qualité", centré sur la culture et les congrès… au détriment des classes moyennes ? C'est ce que l'opposition craint.
Pour Denis Zanon, directeur de l'office du tourisme métropolitain (OTM), activités touristiques et développement durable ne sont pas incompatibles, même si des collectifs écolos sont vent debout contre la politique menée en la matière.

1- La Métropole met en place une large politique environnementale pour notre quotidien et les entreprises, qu'en est-il pour le tourisme ?
D'une manière générale, il n'est jamais assez vert, on peut toujours améliorer les choses.
On travaille notamment sur une cartographie du parcours des clients. C'est-à-dire qu'on imagine ce qu'un touriste pourrait faire à Nice, et on vérifie ce qui est mis en place par les entreprises.
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Ça concerne aussi bien les hôtels et les restaurants, avec des "écolabels", que les transports. Les travaux opérés par la Métropole pour des déplacements plus vertueux entrent aussi en compte.
On espère publier les résultats obtenus au premier semestre 2022, pour rendre visible notre engagement.
2 - Le maire de Nice Christian Estrosi veut tourner le dos au tourisme de masse, il s'y emploierait depuis 2008. C'est en bonne voie ?
Nous n'en sommes pas sortis tout simplement car nous n'y sommes jamais entrés !
On favorise une politique centrée sur les individus, et non sur quelque chose de "massif". C'est particulièrement le cas depuis l'élection de Christian Estrosi.
Quand vous regardez la ville, on a une topographie qui ne favorise pas l'accès à de grands tours-opérateurs, avec des bus… Et on est loin de ce qu'a pu faire l'Espagne pour encourager la venue de la clientèle sur son littoral.
Pour nous, il ne faut pas réduire les flux, mais davantage les "linéariser", en les répartissant tout au long de l'année.
On travaille beaucoup sur la promotion d'activités au printemps ou en automne, et plus seulement pour la période estivale. Le but, c'est d'éviter un effet de masse sur une seule période.
3 - Comment attirer dans l'arrière-pays les visiteurs ?
Notre littoral n'est pas saturé, puisque, comme dit précédemment, le tourisme de masse n'est pas présent.
La particularité de l'arrière-pays, c'est que nous avons des saisonnalités très marquées. Typiquement, l'hiver, les stations de ski sont bien mises en avant.
Nous devons donc être plus vigilants sur la saturation dans les terres, puisque c'est sur une période réduite, par rapport à la fréquentation urbaine.
Mais on essaie de promouvoir au maximum les activités et visites possibles là-bas. La clientèle littorale peut voir ce que nous mettons en place grâce à des publicités. Par ricochet, ça l'incite à quitter le bord de mer.
4 - On voit bien tout ce qui est mis en place pour développer le tourisme d'affaires, de grands congrès… mais il n'est pas si écolo que ça, si ?
Le tourisme dit d'affaires englobe les congrès associatifs, où des personnes viennent individuellement, mais aussi les regroupements d'entreprises.
Il faut aussi prendre en compte les événements culturels. Les tournages de films ou les concerts, ça en fait aussi partie.
Nous sommes soumis à des règles éthiques. Les labels écologiques sont des points clés. Les sociétés qui viennent sont généralement soumises à ces mêmes règles.
La Métropole favorise la mobilité douce sur son territoire, l'aéroport progresse sur la limitation de ses émissions de CO2… Donc oui, ce tourisme est vert, et il progresse en ce sens.
5- Agir pour un tourisme "plus quali" va-t-il faire de Nice une "destination pour riches" ?
Pas du tout. La force de Nice et de son territoire, c'est de proposer une offre variée pour tous les budgets.
Le tourisme de luxe est bien évidemment mis en avant, ça correspond à l'image de carte postale de la Côte d'Azur avec les hôtels 5 étoiles, les palaces… Mais on dispose aussi d'établissements plus accessibles et d'auberges de jeunesse.
La mise en place des améliorations environnementales doit toujours prendre en compte le rapport qualité/prix. Ça doit être favorable à tous, aux plus aisés comme aux classes plus populaires.
C'est un challenge de proposer un service qualitatif pour un prix toujours juste, mais les professionnels font leur possible pour y parvenir. Nous sommes là pour les accompagner.