Pourquoi le dérèglement climatique inquiète plus en Provence-​Alpes-​Côte d'Azur qu'ailleurs

Dans son rapport "La France face au changement clima­tique", Réseau action climat développe les percep­tives pour l'avenir du pays. En Provence-​Alpes-​Côte d'Azur, on peut notamment s'attendre à une impor­tante hausse des températures.

Publié le jeudi 19 septembre, ce dossier de 49 pages dresse un bilan sans concession sur ce que pourrait être la suite du XXIe siècle dans l'Hexagone. L'étude réalisée par le collectif Réseau action climat s'intitule "La France face au changement clima­tique". Comme son nom le laisse deviner, elle présente un panorama des consé­quences du boule­ver­sement clima­tique, région par région. 

S'intéressant à toutes les collec­ti­vités françaises, le rapport a donc développé plus parti­cu­liè­rement la situation en Provence-​Alpes-​Côte d'Azur. Il donne également un aperçu possible des impacts dans le temps. On y retrouve des simili­tudes avec le reste du pays, mais aussi quelques points spéci­fiques. Une généralité peut néanmoins être relevée : aucun terri­toire n'est épargné.

Toutefois, aucun autre ne connaîtra une hausse des tempé­ra­tures comme celle attendue dans le Sud-​Est. Déjà plus forte que la moyenne nationale par rapport à l'ère préin­dus­trielle (+2,2 degrés contre +1,9), l'augmentation ne va pas faiblir d'ici à 2050. Selon les scénarios, la progression attendue en compa­raison à la fin du XXe siècle varie entre +1,6 à +2,2 degrés.

Les 7 dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées

D'après le rapport, "d'ici à 2100, seule une réduction drastique de nos émissions de gaz à effet de serre pourrait contenir cette majoration en dessous des 2 degrés". Mais pour l'instant, nous n'en prenons a priori par le chemin, puisque "les années excep­tion­nel­lement chaudes ne cessent de se succéder". La période entre 2017 et 2023 est la plus brûlante jamais enregistrée.

Bien évidemment, l'été est parti­cu­liè­rement concerné. On peut redouter lors des saisons estivales de la fin du siècle un "réchauf­fement moyen de +7 degrés." Tout cela joue aussi sur les fameuses nuits tropi­cales dont nous nous faisons réguliè­rement écho.

Ces soirées durant lesquelles le thermo­mètre ne descendra pas en dessous des 20 degrés ne feront que se multi­plier. À Nice, 104 nuits tropi­cales ont été enregis­trées en 2022, dont 60 consé­cu­tives. Un véritable problème pour la santé puisque cela joue sur notre sommeil.

En même temps que les journées froides et jours de gel sont en recul, les vagues de chaleur et de séche­resse gagnent en intensité. Les épisodes méditer­ra­néens par exemple, les violents orages durant lesquels tombe l’équivalent de plusieurs mois en quelques jours, sont plus fréquents (2,7 fois plus qu’en milieu de siècle dernier). 

La problématique de la gestion de l'eau

Autre vulné­ra­bilité de la région Sud, la séche­resse. Un phénomène qui, associé à une baisse du cumul des préci­pi­ta­tions, amène à une fragi­li­sation de la ressource en eau. Une ressource dont les problèmes liés à son utili­sation vont de plus en plus se poser entre le domes­tique, l'industrie, l'énergie et l'agriculture.

Parmi les autres consé­quences évoquées, citons le dépéris­sement des forêts, qui repré­sentent 1,6 million d’hectares (deuxième région la plus boisée de France). Les plus exposés sont le sapin, le pin sylvestre, le chêne pubescent ou encore le pin d’Alep. La mer aussi est touchée, de même que les montagnes. La Méditerranée monte ainsi de 4,4 milli­mètres par an, sachant que d'ici à 2100, nous pourrions passer à un total allant de 40 centi­mètres à 1 mètre. Quant à l'enneigement, il a diminué de 20% depuis 1960. Cela engendre dans ces zones des consé­quences sur les habita­tions, les construc­tions et le tourisme.

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D'autres chiffres sont à retenir, comme le risque de feux extrêmes en hausse de 42 à 90% d'ici à la fin du siècle ou encore les deux milliards d'euros de dégâts causés par le gel tardif en 2021. Ajoutons que depuis 2000, on a recensé trois fois plus de vagues de chaleur. Des percep­tives peu réjouis­santes si les habitudes ne changent pas radicalement.