Ils font l'actualité cet été même s'ils n'ont rien de nouveau : les squats et "campements" illégaux installés à divers endroit de Nice font parler en ce mois d'août. On fait le point sur ce qu'il faut savoir.
Les "points chauds"

Ce spot n'a rien de très neuf. L'élu ex-RN Philippe Vardon note ainsi sur les réseaux sociaux qu'il appelle à une intervention "depuis trois ans." Dans nos colonnes en juillet, des riverains faisaient état de nuisances répétées. La municipalité explique avoir constitué un dossier "depuis avril 2021".

Un autre "campement illicite" est installé à Nice, au niveau de l'autopont du centre administratif (Cadam), boulevard du Mercantour. À son sujet, la justice n'a pas rendu sa décision. La police municipale ne peut être mobilisée, ni pour une évacuation, "ni pour une saisie de matériel". La collectivité constate pour autant une "urgence caractérisée par des installations précaires, une sécurité mise en péril."
Ici comme ailleurs, "les individus en question, des Roms et des Bulgares, occupent le domaine public sans justifier d'aucun titre." Mais là-bas, il y a des enfants, dans une situation évidente de danger au vu de l'hygiène épouvantable des lieux et de la proximité immédiate d'une voie de grand passage.
La police municipale niçoise assure faire une descente "chaque matin"… mais constate "le retour des populations systématiquement deux heures plus tard". On retrouve sous le pont les expulsés du campement de la ferme Agnel, fermé l'an passé.
D'autres installations illicites sont regrettées sur le boulevard Luciano (Sainte-Marguerite) et des squats au niveau de la Madeleine. Le problème se pose également dans des bâtiments privés.
Pourquoi ça traîne ?
Le Pôle action squat créé en 2009 intervient essentiellement sur l'occupation des espaces privés. Et au-delà de 48 heures d'installation des individus, sa marge de manoeuvre se réduit. De même pour la police municipale. La Ville explique que les caméras de vidéo-protection sont utilisées pour repérer le moindre campement, puisque là-encore, au-delà de deux jours, la situation se complique.
Il faut alors, pour la collectivité, monter un dossier devant le Tribunal administratif. La décision prend plusieurs mois. Si l'issue est favorable, alors la préfecture des Alpes-Maritimes peut-être saisie. Dans l'intervalle, les agents municipaux ne peuvent pas faire grand-chose.
Dans la cadre de la réforme de la législation en matière d'immigration, annoncée pour la rentrée, Christian Estrosi a formulé 5 propositions évoquées dans cet article. Objectif : donner davantage de prérogatives aux maires.
Pourquoi ces évacuations font polémique chez nous ?
Ces opérations posent question sur plusieurs points.
La mairie admet qu'un camp évacué va généralement s'installer à proximité presque immédiatement. Elle ne s'estime "pas compétente en matière de relogement, à part pour ce qui est de son devoir humanitaire. Qui ne s'applique pas à toutes les situations."
Au Port, les migrants d'Afrique noire soulevaient le sujet mardi. "Pourquoi nous ne sommes pas traités comme les Ukrainiens (5.000 ont été pris en charge provisoirement cette année chez nous, NDLR), avec un accueil digne et des offres d'emploi?" ont demandé certains d'entre eux — même si tous ne viennent pas d'un pays en guerre. Dans tous les cas, une fois virés manu militari de leurs tentes, la plupart des migrants n'ont nulle part où aller.
David Nakache de l'association "Tous Citoyens!" note par ailleurs que "tous les centres d'accueil sont pleins, ce qui ne semble pas préoccuper grand monde."
Le squat de l'autopont est également un sujet de discorde entre la mairie de Nice et le Conseil départemental des Alpes-Maritimes depuis des mois, l'un assurant que l'autre ne remplit pas ses responsabilités. Point culminant de cette brouille cette semaine : un adjoint de Christian Estrosi a estimé dans Nice-Presse le 2 août que, « au vu de ce qui est risqué par les enfants, des maladies ou un accident, (on assiste à) un comportement criminel, une action fautive de la part du Conseil départemental ». Lequel n'a pas souhaité échanger avec nous sur ce dossier.