Avec le grand lancement de la campagne de vaccination contre le nouveau coronavirus et les fêtes de fin d’année, ça devait être le retour des jours (un peu plus) heureux à Nice. Le ciel s’est pourtant obscurci depuis quelques temps, avec une dégradation des principaux indicateurs sanitaires dans le 06.
Nouveaux cas qui grimpent en flèche, plus de 500 hospitalisations… C’est le ministre de la Santé qui a enfoncé le clou, dimanche 27 décembre dans le JDD. Chez nos confrères, Olivier Véran égrène ainsi la liste des territoires qui concentrent le plus d’inquiétudes. On y retrouve “les Alpes-Maritimes, à commencer par Nice”.
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Comme nous l’avons relevé dans cet article de décryptage, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette flambée épidémique dans notre métropole. Toujours est-il que l’heure est à l’action, et aux mesures drastiques. Christian Estrosi a convoqué en urgence son Conseil local de santé, ce lundi 28 décembre à 10 heures (après avoir échangé avec M. Véran au téléphone hier soir, nous a-t-on rapporté).
Réunis autour du maire, que pourraient présenter les professionnels du secteur pour éviter que la situation ne continue d’empirer ? On fait le point sur les scenarii possibles.
Un reconfinement à la niçoise
Christian Estrosi, qui s’est voulu tout au long de la crise le “maire-modèle”, à la tête d’une ville où on tente tout sur le front de la guerre contre la Covid-19, ne laissera pas plus longtemps Nice être l’exemple d’un territoire où la pandémie reprend. Nul doute que des décisions fortes seront prises, qu’elles soient tout à fait dans ses compétences… ou non.
Lire > Flambée du coronavirus : l’alerte rouge à Nice, des décisions prises dans les prochaines heures
Fin octobre, alors que le nombre de nouveaux cas repartait à la hausse, l’édile avait déjà avancé l’idée d’un “confinement économique” de la ville, décidé par la mairie et non pas par le gouvernement.
“Si dans huit jours nous ne repassions pas en dessous des 150 (cas) pour 100.000 habitants, je serai amené à prendre de nouvelles mesures restrictives très fermes : je mettrai en œuvre un confinement économique la semaine, et total pour le week-end” expliquait-il le 26 octobre (nous expliquions cette mesure dans un article détaillé ici).
“Je demanderai au préfet de fermer certains commerces non indispensables à la vie quotidienne, tous les établissements sportifs et culturels de la ville de Nice et ceux qui ne dépendent pas de la municipalité”, a-t-il ajouté.
En clair, le premier magistrat de la ville, face à l’urgence, pourrait ne pas attendre plus longtemps que le gouvernement tranche, en appliquant un “confinement de situation” à la ville, avec une fermeture ou un encadrement ultra-strict de tous les établissements qui sont plus ou moins en rapport avec la mairie. La vie économique pourrait ainsi être réduite au plus nécessaire et l’essentiel des déplacements découragés.
Les festivités du Nouvel an devraient être dans le viseur. “Le meilleur moyen de célébrer la nouvelle année est de ne pas la fêter” a déjà posé le ministre de la Santé ce week-end.
Des zones surveillées
Difficile, avec les pouvoirs limités du maire, d’encadrer sévèrement les flux de personnes et d’imposer une vraie politique de dépistage drastique dans les espaces qui brassent le plus de populations, les gares et l’aéroport en premier chef. D’autres zones fréquentées pourraient par contre connaître de nouvelles restrictions.
Un très sévère encadrement des visites dans les EHPAD serait possible, le taux d’incidence chez les plus âgés atteignant des sommets, faisant craindre une hausse rapide des hospitalisations, et de nombreux clusters étant en cours.
“Je regarderai comment encadrer les marchés alimentaires” avait déjà promis le maire fin octobre. Ça a été le cas à la Libé pendant la deuxième vague, avec l’installation de barrages par la police municipale, pour appliquer une jauge même en plein air. Ce système, quand ce n’est pas déjà le cas, pourrait être étendu partout où la mairie peut avoir la main.
Resterait à trouver un moyen aussi efficace pour les grandes surfaces/centres commerciaux, où la présence de foules compactes pendant les courses de Noël a particulièrement inquiété.
D’une manière générale, tous les espaces propres à accueillir des rassemblements jugés dangereux pourraient être encadrés, comme ce fut le cas avec le retrait temporaire des chaises bleues sur la Promenade des Anglais ces dernières semaines (elles sont depuis revenues, mais pour combien de temps?)
Une hausse des contrôles
Dans les faits, ils ont déjà été renforcés, a annoncé la Ville hier. Nombreux sont les Niçois qui ont fait remonter leur étonnement sur les réseaux sociaux concernant un manque de présence policière pour faire respecter les gestes barrières et le couvre-feu en ville ces derniers jours.
M. Estrosi a déjà dénoncé hier le “relâchement” et le “laisser-aller” de certains de ses administrés.
Les agents de la police municipale ont constaté une “nette hausse des verbalisations”: sur la seule journée du 23 décembre, “+50% pour déplacement interdit et sans justificatif” mais aussi “19 verbalisations pour non port du masque sur l’espace public (…) contre 7 par jour en moyenne la semaine précédente”.
Une brigade dédiée à la sensibilisation aux gestes barrières avait déjà été créée cet été.
Tester et isoler
Une grande campagne de dépistage gratuite pourrait être mise en place, alors que le nombre de tests a déjà fortement augmenté à l’approche de Noël. La stratégie tester-isoler, avec la mise à disposition, une nouvelle fois, des chambres d’hôtel à Nice, est envisageable.
D’autres domaines ne sont pas dans les prérogatives du maire, mais il pourrait demander au gouvernement d’agir. Dès le mois de novembre, M. Estrosi dénonçait “des frontières pas assez hermétiques” par exemple, recommandant “de suspendre les accords de Schengen”.