Nice-Presse a suivi pendant une matinée l'adjointe de Christian Estrosi chargée du territoire Cœur de Nice, en pleine métamorphose grâce à un programme national de rénovation, de nombreuses initiatives locales et, bientôt, l'ouverture d'Iconic.
"Ça a vraiment l'air d'être 'l'apocalypse' ?" Sourire en coin, Isabelle Visentin montre une rue paisible du centre. Le matin même, ce 14 décembre, la patron de l'opposition RN au Conseil municipal a dénoncé, avec des mots très forts, l'état de l'avenue Jean-Médecin et de ses alentours.
On ne va pas se mentir, le quartier n'est pas dans une situation idyllique. La précarité, par endroits, s'y devine vite et la police y a souvent fort à faire. Au-dessus de la gare, le trafic de drogue pose encore problème.
"Mais ça bouge. Les prières de rue, c'est terminé. La French Tech et des startups s'installent par ici, des commerces sympas ouvrent…"
Isabelle Visentin, adjoint au maire de Nice
Isabelle Visentin, élue rodée par des années passées dans l'associatif, s'improvise guide pour "Nice-Presse" ce matin, défendant "tout un quartier qui renaît".
À deux pas, rue d'Angleterre, c'est la Direction du territoire. Depuis 2020, il y en a six. Entre juin et septembre, 1.500 dossiers y sont traités rien que pour le Coeur de Nice et ses 90.000 habitants.
360 ont été ouverts suite à des doléances directes, ces riverains qui décrochent leur téléphone ou envoient un email pour saisir les services municipaux. 548 sujets sont remontés des cinq référents de la Ville, qui arpentent les rues chaque jour.
"Tout le monde est content quand un grand projet de trame verte est annoncé, par exemple. Mais derrière, il faut faire de la pédagogie, accompagner" nous expliquent les agents de la Direction du territoire. "Évidemment, chacun pourra avoir des inquiétudes sur le chantier, sur le stationnement, voudra faire remonter quelques idées…"
Parfois très contradictoires : "il nous arrive de recevoir des pétitions pour retirer un banc de telle ou telle rue. Et une fois que c'est fait, une nouvelle est envoyée pour le ré-installer !"
"Notre boulot, c'est de faire tout ce que l'on peut, et d'expliquer ce qu'on ne peut pas faire."
"On le voit tous les jours, les gens attendent beaucoup de la mairie. Que les sujets soient de notre ressort, ou pas, d'ailleurs". Plus de 25% des saisines concernant ainsi la sécurité publique.
La déambulation continue. À quelques pas d'ici, boulevard Raimbaldi, Yoann Gambet a ouvert il y a quelques temps Planète Jeux. Un exemple des nouveaux commerces, attirés par le dynamisme retrouvé des abords de la Gare Thiers.
"Je cherchais un endroit très central" nous explique le patron. "Mais aussi un coin convivial, puisque chez moi on vient acheter des jeux, ou en tester certains sur place. Bientôt, j'espère pouvoir ouvrir une terrasse, participer à des animations de quartier…"
Sur le trottoir d'en-face, un parcours culturel dédié au peintre Marc Chagall a été inauguré en 2019, fruit d'un travail mené avec les habitants. Il y a quelques années, on disait encore que l'endroit craignait. Ça semble loin.
Juste à côté se dressera d'ici à la fin de l'année Iconic, bâtiment ultra-moderne comprenant un hôtel de luxe, des bureaux et une grande salle de spectacle. En juillet dernier, c'est un quatre étoiles, le Yelo, qui était inauguré au milieu de l'avenue Jean-Médecin.
Dix heures passées. Isabelle Visentin réunit autour d'un café plusieurs figures du coeur de ville. "Des personnes ressources" : présidents d'associations, commerçants, chefs d'entreprise, retraités… Ce matin, c'est à l'Alliance Française, rue de Paris, que l'échange s'installe. Le réseau a ouvert là 75 studios pour les jeunes, des salles de cours. Dans les prochains moins, il poussera les murs pour y installer une médiathèque.
Elisabeth Nicolaides, mémoire et force vive du quartier (dont elle préside le comité), est venue. David Vandevelde, de l'Alliance, aussi. Arrivé il y a six ans, il découvre encore du monde avec ce type de réunion. Grâce à celle d'aujourd'hui, il a l'idée de proposer des prix attractifs aux jeunes accueillis dans les commerces voisins, avec un partenariat.
Il mettra cela en place avec le gérant Nicolas Donati, lui qui se décrit comme "une assistante sociale pour commerçants". Ici, "c'est le poumon" de la ville avance-t-il, dans ce point de la capitale azuréenne qui "attire les jeunes, les actifs".
Mieux, pour l'associatif et entrepreneur Brahim Jelloun, avant 2014, le secteur, "c'était une catastrophe. Mais depuis dix ans, la transformation est incroyable".