En meeting devant un parterre de soutiens ce 20 janvier, Christian Estrosi a promis de serrer la vis "contre le surtourisme". En plus de souhaiter diviser par deux le nombre d'annonces Airbnb dans le centre historique, il lance la bataille contre les croisiéristes. En tous les cas, contre certains.
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Quelques mots sur 12 pages de discours et d'improvisations. "Moi, les croisières qui polluent, qui déversent leur clientèle low cost qui ne consomme rien, mais laissent leurs déchets derrière eux, eh bien je le dis : elles n’ont pas leur place chez nous. On a empêché le béton d’étouffer Nice. Ce n’est pas pour laisser le surtourisme l’étouffer à son tour."
Puis une confirmation de Christian Estrosi, claire et nette, auprès de Nice-Presse. "Je veux que nous agissions pour que nous soyons débarrassés des bateaux de croisières dès le 1er juillet 2025, sans avoir à attendre le 1er janvier 2026" a posé le président de la Métropole. "Nous travaillons à annuler toutes les croisières qui peuvent encore l'être et nous rédigerons un arrêté d'interdiction" qui s'appliquera aux différentes communes littorales.
Voilà, ce lundi 20 janvier, Nice-Côte d'Azur a promis la fin d'une activité qui figurait peut-être, pour certains étrangers, comme l'un des symboles de la Riviera. Un symbole qui ne collait plus à la transition écologique réclamée par une part des habitants.
La Métropole promet d'aller vite, Cannes pointe l'État
Christian Estrosi évoque, comme exemples, les décisions de Venise et d'Amsterdam, qui interdisent à ces énormes navires l'accès à son port. Des pays où les compétences territoriales ne sont pas les mêmes.
L'agglo niçoise pourra-t-elle réellement tirer une croix si vite sur ces acteurs économiques là ? Sollicité, le préfet des Alpes-Maritimes n'avait pas encore répondu lors de la publication de cet article. "Nous avons la compétences des ports et nous agirons rapidement" souligne encore le président de la Métropole. Qui doit être ravi d'envoyer un signal si fort alors que sa ville recevra, cet été, le Sommet des Nations unies pour l'Océan.
À Villefranche-sur-Mer, la commune avait déjà pris des restrictions contre les croisiéristes, avec un nombre de visites décroissant au fil du temps. En avril de l'an passé, le maire de Cannes David Lisnard était sur la même ligne, mais s'estimait empêché par la règlementation et réclamait "une évolution du droit".
"Les énormes paquebots qui enlaidissent notre baie ne sont pas « à Cannes » mais, dans le domaine maritime, du ressort exclusif de l'Etat", écrivait-il sur les réseaux sociaux. "Ils peuvent apporter des retombées économiques, mais leur nombre et leur dimension constituent un réel problème".
"Une incroyable victoire"
Toujours est-il que même l'opposition s'emballe. "C'est une incroyable victoire pour notre territoire. Les élus écologistes ont longtemps prêché dans le désert. Le combat a fini par être entendu" s'est réjouit dans nos colonnes Juliette Chesnel Le Roux, le cheffe de file des Verts à la Ville comme sur les rangs de la Métropole. Ces dernières années, elle appelait à prendre une telle mesure. En étant souvent rabrouée par la majorité estrosiste…
"Ce sont les habitants du littoral qui vont gagner en qualité de l'air, et la Méditerranée qui va mieux se porter. Nous enjoignons maintenant le président de la Région PACA, Renaud Muselier, à rejoindre cet élan".
Son de cloche tout à fait différent avec l'ancien vice-président socialiste de Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Niçois Patrick Allemand.
"Ces quelques croisières annulées ou interdites ne doivent pas faire oublier que le même Christian Estrosi soutient activement le projet d'extension de l'aéroport, aérogare 2 qui drainera 80 vols supplémentaires chaque jour sur Nice. Il ne faut plus chercher une quelconque cohérence dans les décisions prises…"
Une décision du Maire de Nice encore une fois prise sans concertation, sur un coup de tête comme pour raser Acropolis et sans se préoccuper des conséquences pour les professionnels du tourisme ! https://t.co/QVyJuonyt6
— Laurent Merengone (@LMerengone) January 21, 2025
Agacement, aussi, pour le conseiller régional Laurent Merengone (Rassemblement national) : "une décision encore une fois prise sans concertation, sur un coup de tête comme pour raser Acropolis et sans se préoccuper des conséquences subies par les professionnels du tourisme !"
Rappelons pour finir que la capitale du département inaugurera près de son phare en avril prochain "un nouveau yacht club", prêt à "accueillir les navires du Club Med et les croisières du Ponant", une compagnie de luxe avec une flotte présentée comme beaucoup plus responsable que les monstres des mers, promettait en octobre dernier Olivier Bettati, le représentant de la collectivité auprès des riverains.
Ces dernières années, c'est une autre activité traditionnelle du Port Lympia, mais jugée bien trop polluante, qui "a pu être diminuée par dix": les trajets opérés par la Corsica Ferries, réduits à leur portion congrue.
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