Au Conseil départemental, les représentants niçois proches de Christian Estrosi accusent la collectivité de négliger les collèges dont elle a pourtant la charge, soumettant par endroits les enfants, disent-ils, à des risques pour leur sécurité et à des conditions d’études « peu saines ».
« Éducation : des missions concrètes, des actions qui comptent ». À la rentrée, le Conseil départemental des Alpes-Maritimes avait choisi de vanter son bilan, notamment au grand renfort d’une campagne de communication en or massif achetée dans Nice-Matin (encarts publicitaires XXL dans le journal, le site, l’application…). Un satisfecit pour cette dernière partie de mandat que l’opposition « estrosiste » ne goûte pas du tout. Au cours d’une conférence de presse donnée ce vendredi, les élus du groupe Rassemblement Républicain (la droite et le centre) ont dévoilé leur propre audit de la gestion des collèges. Accablant à tout point de vue, selon eux.
« Risques graves pour la sécurité des enfants » ?
L’une des accusations les plus marquantes concerne la sécurisation des établissements. L’élu niçois et ancien commandant des pompiers David Clarès développe : « sans jamais obtenir de réponse, j’ai saisi à plusieurs reprises le Département sur de nombreuses défaillances. Les systèmes incendie sont obsolètes, et font courir un danger évident aux collégiens. Tout comme les installations électriques. De même, contre les intrusions et attentats, ce qui est fait n’est pas au niveau ».
Selon l’opposition, seuls 20% des bâtiments maralpins sont équipés de tourniquets (ce que confirme le site web du CD06), pour protéger les entrées. « Les bornes SOS et le développement de la vidéoprotection ne sont que des slogans. Les annonces en la matière ne se sont pas concrétisées » pointe-t-il encore.

Tout en avançant le chiffre clé de cet échange avec les journalistes locaux : « en réalité, un quart seulement des dépenses annoncées pour le Plan Collèges a réellement été affecté. Le Conseil départemental évoque des travaux, des initiatives… Mais c’est du vent ».
Pour appuyer leur constat, les élus du groupe de droite disent relayer ce qui est dit dans les conseils pédagogiques, les alertes des professeurs et parents d’élèves pour les différents collèges de Nice.
« Les programmes n’existent pas »
Son collègue Franck Martin abonde. Élu et spécialiste des questions immobilières, c’est l’état du bâti qu’il dénonce. Dans son intervention, le président Charles Ange Ginésy n’existe presque pas, c’est l’action du patron de la commission des finances Eric Ciotti qui est pointée du doigt. « Pour ce qui est des budgets, c’est lui qui décide et personne d’autre. Ce que l’on voit, c’est que de grands programmes sont annoncés, mais n’existent pas dans la réalité ».
Et d’égréner : « depuis quinze ans, aucune opération d’importance n’a été menée dans les collèges de Nice. Éric Ciotti défend la climatisation au niveau national : les établissements niçois dont il a la charge n’en ont jamais vu la couleur. L’été, les jeunes souffrent de la chaleur, parce que les immeubles sont vétustes. Sans parler du défaut général d’équipements sportifs et des sur-effectifs dans des classes trop petites pour accueillir tout le monde ».
« Responsabilité directe »
L’avocate Martine Ouaknine souligne « la responsabilité directe du Conseil départemental dans ce sous-investissement chronique, qui dégrade les conditions d’études des jeunes, quand il ne les expose pas à des risques. Nous nous sommes abstenus sur plusieurs budgets, nous avons voté contre le dernier, puisque ce qui nous est dit sur le terrain est trop alarmant pour être cautionné ».
À quelques jours du futur débat sur les orientations départementales 2026, la charge des élus de droite n’est pas sans rapport non plus avec les élections municipales. L’un des arguments de la campagne d’Éric Ciotti étant de promettre aux Niçois une Mairie gérée comme l’est le Département. D’où l’intérêt, pour le camp Estrosi, d’examiner cette gestion au scalpel.
Le Département laisse souvent lettre morte les questions (ici, ici, ou encore là) liées aux mises en cause du Rassemblement Républicain. S’il répondait cette fois-ci à la proposition de commentaire formulée par Nice-Presse, son retour serait ajouté au présent article.
Collèges : ce que dit Charles Ange Ginésy
Le président des Alpes-Maritimes revenait sur son « Plan collèges » dans Nice-Presse juste avant l’été, le 13 mai dernier. Voici ce qu’il assurait dans nos colonnes, pour rappel : « Nous en avons quatre nouveaux en projet : Levens (400 élèves), Gattières (700 élèves), Drap (400 élèves) et Saint-Isidore (700 élèves). Nous avons bien identifié, avec la Métropole, un terrain crédible pour celui de la Plaine du Var. Nous en sommes à la discussion entre services. Celui des Campelières, à Mougins, sera totalement reconstruit. Les effectifs scolaires baissent, nous devons donc construire de manière raisonnée. Concernant le collège Jean Giono à Saint-Roch, une extension est à l’étude, mais pas encore programmée. J’évoque ici mon « Plan collèges 2021-2028 », puisque vous le savez, pour construire un établissement, il faut dix ans. »
Écoles : l’autre polémique niçoise
Tout au long du mandat, les élus écologistes menés par Juliette Chesnel Le Roux ont multiplié les rapports, les conférences de presse et les prises de parole en séances plénières pour accuser la Mairie de négliger, elle, ses écoles, avec des arguments similaires. La commune avait répondu point par point, défendant des budgets en hausse.



