En vigueur depuis le 9 juin, le « pass sanitaire » a été renforcé ces deux dernières semaines. Une mesure visant à limiter le risque de diffusion épidémique qui impacte toute l’activité du secteur touristique et culturel des Alpes-Maritimes.
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Deux mois après la réouverture des lieux de culture et de tourisme, et un mois après la fin du déconfinement progressif, la relance économique du monde culturel et touristique français est freinée.
En cause : la mise en œuvre le 21 juillet d’un « pass sanitaire » dans les salles de spectacles, les parcs d’attractions, les salles de concert, les festivals, les cinémas et salles de sport, et l’extension de cette mesure aux cafés, restaurants, centres commerciaux, institutions de santé et transports en commun depuis le 1er août.
Des cinémas dans la panade
Pour Colin Arteaga, directeur du cinéma Olympia à Cannes, l'inquiétude est de mise :
« On est tout juste rentables. […] On vit au jour le jour ; on est un peu inquiets pour la suite. On ne peut pas se projeter »
Parmi les premiers concernés, il témoigne d’un phénomène récurrent ces temps-ci : l'annulation des sorties en groupe, notamment chez les jeunes, pas vaccinés pour beaucoup, réfractaires au dépistage régulier pour d'autres.
Le constat du directeur de cinéma est sans appel : la fréquentation des salles enregistrée est loin des prévisions qu’il avait pu faire. « Là, ce n’est pas comme l’année dernière : nous avons des films à l’affiche, mais il y a en a même trop, et les gens ne viennent pas assez… »
Pour tenter de remédier à cette situation, Colin Arteaga a pris la décision d’appliquer la jauge de 49 personnes dans son cinéma, afin de faire revenir le public ne disposant pas encore du certificat. C’est pour lui la décision qui s’impose… même si elle lui coûte !
« Hier nous avons projeté le nouvel opus d’OSS 117 en avant-première ; nous avons atteint la jauge mais la salle était loin d’être pleine. On aurait pu avoir plus de monde »
Les entrées enregistrées pour les films très attendus sont en-deçà de ce qu'elles auraient pu être sans les restrictions : pour le film Kaamelott par exemple, il estime que le million et demi d’entrées enregistrées aurait été largement dépassé si le « pass » n’était pas entré en vigueur la semaine de sa sortie en salle.
Décision "ni utile, ni pertinente"
Sonia Duchatel, médiatrice culturelle du Musée de la Photographie Charles Nègre à Nice, fait un constat similaire : « Nous avons enregistré une baisse de la fréquentation de l’ordre de 10 à 15% ».
Selon elle, le public habituel se prive de venir précisément à cause du « pass sanitaire ». Les férus de culture répondent tout de même présents : « Vous voyez, les gens continuent quand même à venir » dit-elle en balayant d’un geste la galerie de photographie.
Le bilan reste toutefois négatif : « Ce n’est pas positif pour nous. […] Ce n’est ni utile, ni pertinent, puisque le public d’un musée est un public respectueux, et il n’y a pas de bousculades. C’est un endroit où l’on peut circuler. » Le musée, qui organise des évènements en nocturne, déplore l’instauration de restrictions sanitaires qui imposent une jauge et la présence de barrières, ce qui, selon la médiatrice culturelle, faire fuir une partie du public.
Elle reste cependant satisfaite de l’initiative qu’a prise la mairie de réduire le tarif des entrées de tous les musées niçois à cinq euros, ce qui constitue selon elle « une bonne chose ».
« Win-win » ?
Lueur d’espoir toutefois du côté de la restauration : pour Céline Fallet, directice du restaurant Café Paulette sur la Place du Pin à Nice, tout cela, c’est du « win-win » (gagnant-gagnant, NDLR).
Avec 70% de son personnel complètement vacciné à ce jour, la gérante respecte et "met en avant l’intelligence" du « pass », qu’elle espère être "une réponse efficace et définitive à la crise sanitaire que nous traversons".
Elle n'est pas encore soumise à l’obligation de vérifier les documents de ses clients, mais ce devrait être le cas dès la semaine prochaine.
Il faudra de toute façon, pour les pros, prendre leur mal en patience. La levée du « pass sanitaire » n'est pas prévue, pour l’instant, avant la fin de la saison estivale, capitale pour l’ensemble du secteur.