L’ancien premier adjoint au maire de Nice, longtemps haut gradé de la gendarmerie depuis reconverti dans le privé va mener une liste de droite indépendante aux élections régionales de juin prochain en région Sud-Paca. Dans son viseur ? “Estrosi, Muselier, Falco et tous les Macron-compatibles” des Républicains
NICE-PRESSE. Vous avez été le premier candidat à vous déclarer, en pleine crise sanitaire. Pourquoi se lancer si tôt et dans ces circonstances ?
Benoît Kandel : Ma liste part de loin, nous avons un évident déficit de notoriété à combler, raison pour laquelle nous allons à la rencontre des électeurs grâce aux réseaux sociaux dès maintenant. C’est une question de respect élémentaire : les défis auxquels nous sommes actuellement confrontés méritent un réel débat politique.
N-P. Par quels partis est soutenue votre liste “La droite et les républicains ensemble”?
B.K. : Certains élus Les Républicains (LR) sont déjà parmi nous. Il y a également des personnalités de VIA, le nouveau nom du Parti chrétien-démocrate, et du Centre national des indépendants et paysans, le CNIP. Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, nous a apporté son soutien. Il y aura aussi bientôt de belles surprises issues de la société civile.
N-P. Vous dites vouloir incarner la vraie droite, qu’entendez-vous par là ?
B.K. : Les électeurs méritent de la clarté, pas des discours de droite pour une politique macroniste. Renaud Muselier à la Région, Hubert Falco à la mairie de Toulon et Christian Estrosi à Nice sont dans cette posture.
Nous, nous voulons incarner la droite qui défend l’identité française. On peut me qualifier de conservateur, n’ayons pas peur de le dire. Je suis pour le progrès, évidemment, mais contre le progressisme qui prône la dilution de l’idée-même de Nation.
“Le RN n’est pas mon adversaire : les Macron-compatibles le sont”
N-P. Pendant les municipales à Nice, certains pensaient vous voir fusionner avec la liste du Rassemblement national au second tour. Ça n’a pas été le cas, vous vous y étiez engagé. Vous ne comptez pas le faire non plus pour les régionales ?
B.K. : Effectivement, je ne l’ai pas fait. Quand je promets quelque chose, je tiens parole, contrairement à d’autres. Notre objectif est de faire plus de 10% au premier tour, en toute indépendance.
Le Rassemblement national n’est pas mon adversaire, J’ai des divergences économiques, notamment, avec le RN. Ce sont les Macron-compatibles mes adversaires, ils trahissent les électeurs de droite. Je vais les forcer à sortir du bois. Certains ont des positions incompréhensibles : je suis par exemple bien curieux de savoir si Éric Ciotti va soutenir la liste LR-macroniste sur la base de petits arrangements politiciens. J’espère que d’autres, avec qui je partage beaucoup de valeurs, vont nous rejoindre. Je pense à Lionnel Luca, par exemple.
N-P. Vous avez une image de sobriété et de droiture, cautionnez-vous la rhétorique souvent populiste voire extrémiste de Nicolas Dupont-Aignan et de Debout la France ?
B.K. : Je partage un certain nombre de choses avec DLF, mais j’ai aussi, parfois, des désaccords. Cela étant dit, nous allons faire des additions dans cette campagne. L’objectif est de rassembler, de fédérer les énergies.
“Il faudra négocier le très artificiel plan de relance régional”
N-P. Pendant les municipales niçoises, vous avez également relayé des infos pas toujours exactes et lancé des arguments parfois d’une grande violence contre le maire Christian Estrosi, de qui vous avez pourtant été le premier adjoint il y a dix ans…
B.K. : Si c’est cela qui a été retenu, je le regrette, puisque dans cette campagne je me suis exprimé sur une grande variété de thématiques, notamment sur le niveau de la dette, l’économie locale ou l’éthique.
Effectivement, nous avons été fâchés avec Christian Estrosi il y a de cela des années. On m’a fait des misères parfois graves, mais il paraît que c’est ça, la politique. Si je suis attaqué, je rendrai les coups, comme je l’ai toujours fait dans ma vie. Mais je n’ai aucun ennemi dans cette élection, que des adversaires. Les électeurs méritent un vrai débat d’idées.
N-P. Venons-en au programme. Le vôtre s’articule notamment autour de ces deux axes : un plan de soutien aux entreprises locales, notamment les plus petites, et “un renforcement de la qualité des trains régionaux, toujours minés par les retards et l’insécurité”. L’exécutif sortant a pourtant bien avancé sur ces dossiers, non ?
B.K. : Je ne vais pas vous dire que Renaud Muselier a été mauvais sur tous les sujets, ce serait excessif, mais il faut vraiment intensifier ces efforts. Le plan de relance est réellement artificiel par exemple, il faudra le renégocier. Dans cette région sinistrée par la crise, nous devrons en faire plus pour les TPE/PME ainsi que pour le secteur touristique et culturel. De même, et ce n’est pas le cas, il faudra mettre le paquet pour les jeunes et la formation professionnelle.
“Nous devons rendre les trains plus sûrs”
N-P. Sur les trains, double question très pratique : comment faire pour qu’ils soient enfin à l’heure, ce qui est un problème récurrent en PACA, et les rendre “plus sûrs”, puisque la sécurité n’est pas une compétence régionale ?
B.K. : Pour les retards, il faut mettre la pression, exiger des résultats aux opérateurs. Ils le doivent aux clients des TER.
Au niveau de la sécurité, la Région peut agir. Renaud Muselier et Christian Estrosi ont essentiellement fait de la communication, avec notamment l’installation puis le retrait de portiques dans les gares qui n’ont servi à rien mais qui nous ont coûté des millions.
Nous proposons de remettre de l’humain dans les trains, avec davantage de contrôleurs notamment. La Région peut agir sur ces sujets : vous savez, la sécurité, c’est mon métier depuis plus de vingt-cinq ans.
“Ma grande différence avec Estrosi ? Moi, je connais la vie réelle”
N-P. Vous proposez également de “remettre de l’éthique et de la transparence dans la gestion de la Région”. Que voulez-vous dire ?
B.K. : Un récent rapport de la Chambre régionale des comptes a déjà pu épingler certaines pratiques. Mon engagement en la matière ne date pas d’hier. Pendant les municipales, j’ai signé la Charte éthique d’Anticor. Je m’y engage aussi pour les régionales.
N-P. Vous êtes arrivé tardivement si l’on peut dire dans le monde politique, après une longue carrière dans la gendarmerie. En quoi cela ferait-il de vous un candidat différent des autres ?
B.K. : J’ai une triple dimension, une grande expérience, que bien d’autres n’ont pas. J’ai pu servir l’État en tant que colonel de gendarmerie, j’ai une expérience dans une grande collectivité en ayant eu en charge la sécurité de la Ville de Nice puis en étant premier adjoint, et je suis également passé par le secteur privé avec ma société.
Cela me différencie d’ailleurs de Christian Estrosi : moi, je connais la vie réelle. Je ne suis pas un professionnel de la politique qui doit à tout prix gagner pour garder ma place. Je me présente par engagement, et si je perdais, je reprendrais mon travail.
N-P. Le mouvement dont vous prenez la tête est tout neuf, comment comptez-vous assurer un maillage efficace des territoires pour faire une vraie campagne de terrain ? Surtout en période de pandémie ?
B.K. : Nous allons nous adapter ! Les réseaux sociaux nous aident, mais dès que nous le pourrons, nous irons voir les électeurs sur les marchés, dans les rues, avec toutes les précautions qui s’imposent. J’ai avec moi dans les différents départements une équipe très motivée par cette campagne !