La pandémie a mis en lumière les violences commises à l'encontre du personnel soignant. Si elles existaient déjà avant l'apparition du Covid-19, elles deviennent aujourd'hui "infernales" pour Cyril Colombani, président de l'Union des syndicats de pharmaciens des Alpes-Maritimes.
Invectives, menaces de mort, dégradations… La vaccination n'apporte pas que du positif. Depuis son apparition, une partie des "antivax" se radicalise fortement et n'hésite pas à s'en prendre au personnel soignant.
C'est ce qu'il s'est passé récemment à Marseille. Le samedi 4 septembre, des individus se sont rendus au domicile de François Crémieux, le directeur général des Hôpitaux Universitaires de Marseille. Insultes et tags de rigueur.
Des "comportements que la peur ne peut justifier" dénoncés dans un communiqué de l'Agence Régionale de Santé (ARS) paru ce mardi 7 septembre. L'institution en appelle à "la responsabilité et la solidarité générale".
Mais ils sont nombreux être visés. Cyril Colombani, pharmacien et président de l'Union des syndicats de pharmaciens des Alpes-Maritimes, dénonce : "Combien de fois on m'a dit qu'on allait me crever ?".
À Nice-Presse, il fait part de son inquiétude face à cette violence grandissante : "J'ai déjà reçu, et je ne suis pas le seul, des appels anonymes ou même des lettres".
Des risques importants
Depuis le début de la crise sanitaire, la situation ne fait "qu'empirer" selon le pharmacien, mais le phénomène reste "difficilement quantifiable par des chiffres" puisqu'il "s'agit d'une affaire de ressenti". L'arrivée des manifestations contre le "pass sanitaire" et la vaccination a fait naître d'autres inquiétudes.
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"Porter la parole pro-vaccination aujourd'hui c'est devenu compliqué auprès d'une certaine partie de la population"
Cyril Colombani, Union des syndicats de pharmaciens 06
En prévision de ces rassemblements, le préfet a été sollicité pour accorder aux pharmacies de Nice, où la mobilisation est la plus forte, une protection. Une opération "qui n'a pas été renouvelée sur les dernières manifestations vu la décrue du nombre de participants".
Tous les soignants visés
La crise sanitaire a mis en lumière un problème déjà présent au sein du domaine médical. Les invectives, Cyril Colombani les voit depuis longtemps : "Aujourd'hui les gens ne supportent pas qu'on leur dise non. Cette frustration les conduit à être désagréables, voire un peu plus".
"Un traitement qui n'est pas encore arrivé, et on nous traite d'incompétents…" rapporte le pharmacien.
Mais il le précise, "nous ne sont pas les seuls concernés, l'ensemble des soignants est visé".
Il travaille avec un laboratoire d'analyses médiales : "même les secrétaires sont parfois victimes d'insultes, certains collègues aux urgences ou des médecins généralistes sont dans le même cas".
Ce que dit la loi : L'agression verbale d'un professionnel de santé est aujourd'hui punie de 7 500€ d'amende. Cette peine peut monter jusqu'à 75 000€ d'amende et 5 ans de prison en cas de menace de mort. L'atteinte physique, elle, est punie de 3 ans de prison et 45 000€ d'amende.