Crise sanitaire, organisation des futurs grands évènements sur la Côte d'Azur, dispositif de sécurité prévu pour le le 31 décembre… Juste avant les vacances de fin d'année, Benoît Huber, directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes, est l'invité de Nice-Presse.
Covid-19
Bientôt deux ans de crise sanitaire, on nous parle de 6ème vague… C'est un peu un jour sans fin, les Français tirent la langue. Quel message les autorités souhaitent-elles passer en cette fin d'année ?
Celui de l'espoir : c'est très clair, on va s'en sortir, grâce à la vaccination. C'est cela qui va éviter les formes graves. Plus de 92% des patients actuellement en réanimation chez nous sont des individus non-vaccinés.
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Les gens adhèrent à la campagne vaccinale, d'ailleurs. Nous sommes à un niveau de couverture inespéré, il faut que cela continue.
Avec les fêtes, nous entrons dans une période à fort risque. Le virus circule beaucoup plus facilement. Et plus en Paca et dans les Alpes-Maritimes qu'ailleurs. Chaque jour, il y a plus de 1.200 nouveaux cas testés.
Respecter les gestes barrières est donc capital : évitez d'embrasser votre grand-mère, portez votre masque, gardez vos distances et aérez les pièces.
Certains élus ont pointé un risque de pénurie de Pfizer, le vaccin des jeunes. Où en est-on ?
Il n'y a aucun risque de pénurie. C'est une certitude, tous les moins de 30 ans auront bien une dose de Pfizer, conformément aux recommandations des autorités de santé. Nous avons des stocks. Si les gens y tiennent, ils pourront recevoir ce vaccin là auprès de leur médecin de ville ou chez les pharmaciens.
Au-dessus de cet âge, nous proposons du Moderna, qui est également un très bon vaccin, avec une efficacité reconnue et pas d'incidents significatifs. Actuellement dans les Alpes-Maritimes, nous sommes sur du 55% Moderna, 45% Pfizer.

Avec cette 5ème vague, doit-on s'attendre à des restrictions d'ordre sanitaire pour les différentes festivités et marchés de Noël à Cannes, Menton, Nice…?
Il n'y a pas de raison, actuellement, de prendre localement des mesures plus contraignantes qu'ailleurs en France. Il pourrait y avoir de nouvelles annonces avec le Conseil de défense, qui concerneront sans doute plutôt les frontières. Mais évidemment, tout cela dépend de l'évolution de l'épidémie.
Des décisions de prudence ont déjà été prises, comme par exemple le "pass sanitaire". Il y a d'ailleurs une fraude importante : nous avons démantelé dans le 06 deux filières qui produisaient des faux.
Doit-on harmoniser les restrictions pour qu'elles soient plus lisibles ? Il n'y a pas de "pass sanitaire" pour entrer dans le village de Noël à Cannes, mais à Nice, si. Pas évident de suivre…
C'est au maire de Cannes d'y répondre, pas à l'État, c'est son choix. La règle minimale est tout de même suivie puisque les établissements de restauration sont concentrés dans une zone précise, soumise, elle, au "pass sanitaire".

Les grands évènements de la Côte d'Azur vont vite arriver : la Fête des Citrons de Menton, le Carnaval de Nice… Sont-ils menacés par la flambée épidémique ?
Nous y travaillons depuis un moment. À Nice, en ne comptant que les spectateurs payants, ce sont des journées qui concentrent 30.000 personnes au même endroit. Sans compter les équipes d'organisation, les autres visiteurs… Il est clair que la situation d'aujourd'hui ne sera pas forcément celle de février 2022.
Nous avons demandé aux organisateurs de nous présenter des protocoles sanitaires extrêmement stricts et précis. Les jauges, par exemple, seront plus basses que d'habitude.
Il y aura un arbitrage au début du mois de janvier : à la fois sur la tenue de ces évènements, rien n'est exclu, et si ils se tiennent, avec quelles modalités précises. Ce qui est évident, c'est que nous ne pouvons plus penser ces rendez-vous comme nous le faisions avant le Covid.

Le port du masque obligatoire dans certaines zones de l'espace public a été prolongé. Cet été, il n'était pas vraiment appliqué à Nice, par exemple. À quoi sert-il ?
En montagne, il n'y a pas de sujet, vous n'avez pas un grand risque de contamination. Un samedi après-midi dans la vieille-ville de Nice avec une forte densité de population, là, il y a un sujet.
Tout le monde en a ras-le-bol et aimerait respirer. Mais c'est surtout un message de responsabilité que nous passons à tous. Parce qu'évidemment, il n'y aura jamais assez de policiers pour verbaliser.
Ce n'est pas parce qu'il y a 800 ou 900 personnes dans les rues le samedi qu'il faut croire que la majorité de gens sont contre tout cela. On constate l'inverse. 90% des Maralpins sont vaccinés, ils ont tous compris les efforts collectifs que nous devons faire.
Sécurité
Le Village de Noël niçois a vu sa sécurité renforcée il y a dix jours, pour quelle raison ?
C'est faux, c'est une erreur des médias qui part de Nice-Matin. Nous avons demandé un correctif : il n'y a pas de menace terroriste spécifique qui pèserait sur le Village de Noël à Nice, ce n'est pas une cible. La menace concerne l'ensemble du territoire, les grandes agglomérations, mais pas Nice en particulier, pas les Alpes-Maritimes non plus.
C'est bientôt le Nouvel An. Nous avons vu l'année dernière des scènes décrites comme relevant de la "guérilla urbaine", avec des voitures brûlées dans les grandes villes du département. Est-ce inéluctable ?
Le bilan de l'année dernière était inférieur à celui de la précédente sur le nombre de voitures brûlées. J'avais passé la nuit avec le préfet là où il se passait des choses, principalement à l'Ariane : tout cela est le fait de vingt ou trente individus qui voulaient en découdre. Les affrontements ont été très limités.
Nice n'est pas Chicago. Nous sommes dans une ville sûre. Par rapport à la taille de l'agglomération, nous avons un niveau de délinquance dite de voie publique qui est largement inférieur à ce que nous constatons ailleurs. Le vaste système de vidéoprotection, inégalé en France, n'y est pas pour rien.
Quel dispositif avez-vous prévu ?
Il sera à peu près de même nature que l'an passé, même si nous n'allons pas le détailler, évidemment. Il y aura des médiateurs dans toutes les communes qui en ont besoin, et une présence en amont pour dissuader les rassemblements hostiles.
Les moyens nécessaires seront déployés. Je ne peux pas vous dire qu'il n'y aura pas des choses graves, mais nous n'identifions pas un niveau de menace élevé cette année.