Même le vice-président de la Métropole et adjoint au maire de Nice Richard Chemla ne cache pas ses réserves sur le projet. Interrogé sur France Bleu Azur la semaine dernière à propos de l'extension du terminal 2 de notre aéroport, le "monsieur climat" de la Ville a reconnu "en avoir souvent parlé avec Christian Estrosi et avoir un avis divergeant" (soulignant toutefois que le projet ne prévoit pas "d'augmenter le nombre d'avions, puisqu'il s'agit là de mieux accueillir les voyageurs", ce qui est contesté).
Nice : un conseil du climat pour une métropole plus verte
En février 2020, le Tribunal Administratif de Nice avait validé cette extension, en rejetant un recours déposé par un collectif d’associations. Mais l'opposition à ces travaux se trouve revigorée par l'actualité : la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a ainsi officialisé dernièrement l’abandon d’un quatrième terminal sur le site de Roissy-Charles De Gaulle… donnant de l'espoir aux sceptiques niçois.

Le projet, qui prévoit 25.000 m² supplémentaires — six nouvelles portes d’embarquement, un hall d’accueil, une zone d’enregistrement, le tri des bagages et le contrôle aux frontières — a été provisoirement suspendu, le temps de la crise sanitaire.
Même si le nôtre "s'en sort beaucoup mieux que les autres en province" d'après sa direction, le terminal 1 de notre aéroport est toujours fermé, sa fréquentation a logiquement très lourdement chuté, et le "retour à la normale" ne devrait pas intervenir "avant trois-quatre ans".
"Surtourisme"
Sur les réseaux sociaux, les lames sont affutées depuis un moment déjà. "C’est un véritable danger environnemental et sanitaire" estime le Collectif citoyen 06, parmi les plus mobilisés. Cette idée digne "du monde d’avant" serait un symbole "du surtourisme, du toujours plus. La question qui se pose est plus fondamentale : est-ce le monde que l’on veut pour nos enfants?"
"Cette pandémie nous confirme que s'enfoncer dans une mono-activité touristique à Nice avec l'extension de l'aéroport alors qu'il faut diversifier notre économie est une lourde erreur" condamne sur Twitter David Nakache, militant humaniste et candidat sur une liste de gauche aux dernières municipales. "La communication parle de huit millions de nouveaux passagers en six ans avec zéro gaz à effet de serre. On nous prend vraiment pour des billes?"
"Conception durable"
La Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de Nice, actionnaire à 25% de la société Aéroports de la Côte d’Azur, est, elle, au rang des défenseurs du projet, un "équipement structurant pour le département des Alpes Maritimes et son attractivité touristique", vantant dans 20 minutes sa "conception durable et ses normes environnementales".
L’aéroport niçois a vu défiler en 2019 plus de 14 millions de passagers (+4,6% par rapport à 2018) date à laquelle ses infrastructures "ont atteint leur capacité d’accueil maximale" d'après la Société des Aéroports de la Côte d’Azur (SACA).
En novembre 2019, au cours de l'enquête publique, Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’État chargé des Transports, estimait qu’il fallait "avoir conscience que la nombreuse population azuréenne est “décentrée” par rapport au reste de la métropole, et que l’activité touristique très importante de cette région a un besoin impératif de l’avion. Ne pas développer la capacité d’accueil aéroportuaire serait donner un coup de frein au développement de Nice et de sa région" avait-il indiqué. Il n'a toutefois pas redonné son point de vue depuis la crise sanitaire.